L’Aquarius désormais hors-jeu, les ONG maintiennent vaille que vaille leur mission au large des côtes libyennes. Leur décision a une portée qui n’est pas uniquement symbolique, elle est l’expression d’une détermination qui ne faiblit pas. Avec comme enjeu de sauver des vies alors que plus de deux mille morts ont été dénombrés depuis le début de l’année par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Et pourtant, tous les obstacles continuent d’être dressés afin de rendre leur mission impossible.
Les capitaines des navires qui se risquent à recueillir des réfugiés sont placés dans des situations invraisemblables comme de celui de ce bateau de pêche espagnol. Pendant plusieurs jours, il s’est retrouvé condamné à faire des ronds dans l’eau, avec une mauvaise mer et des approvisionnements déficients, avec 12 réfugiés à bord et comme seule issue de les débarquer en Libye, au risque de déclencher la mutinerie de ceux-ci. Ce qu’il se refusait à faire de toute façon, n’ignorant pas ce qui les attendait.
Pour sa part, le navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, qui transporte plus de 310 réfugiés fait actuellement route vers l’Espagne, qui l’a autorisé à les débarquer. Comme à l’accoutumée, les autorités italiennes et maltaises avaient refusé l’accès à leurs ports et, d’après les autorités espagnoles, ni les françaises, ni les tunisiennes n’auraient répondu aux demandes réitérées du capitaine. Une navigation de cinq à six jours l’attendant pour rejoindre Algésiras en Espagne, le bateau de l’ONG Austral est parti à sa rencontre avec des approvisionnements depuis la côte catalane, après que Malte ait refusé de procéder à un ravitaillement d’après le capitaine d’Open Arms.
Matteo Salvini est délicatement intervenu lors cet épisode en envoyant sur son compte twitter une photo de son déjeuner, des saucisses avec des tortellini, assortie du commentaire « espérer ne pas offenser un journaliste ou un professeur de gauche ». Ce à quoi lui a répondu Òscar Camps, le fondateur d’Open Arms : « votre rhétorique et vos messages auront une fin, comme tout dans la vie. Mais vous devez savoir que dans plusieurs décennies, vos descendants auront honte de ce que vous faites et dites ».
Les navires de deux ONG allemandes, Sea-Eye et Sea-Watch ont également repris la mer, la seconde ayant annoncé avoir recueilli à son bord 33 réfugiés et attendant à son tour une réponse à ses demandes de débarquement…