Les négociations commerciales américano-chinoises vont-elles reprendre, que peut-on en attendre ? Les deux parties se sont données jusqu’au 1er mars prochain pour parvenir à un accord, faute de quoi les augmentations de 25% des taxes douanières portant sur 200 milliards de marchandises chinoises importées qui ont été suspendues seront appliquées. Mais le délai imparti est bien court si l’on considère les exigences formulées par Donald Trump.
Celui-ci a déjà énoncé les étapes qui, si nécessaire de son point de vue, pourraient être atteintes en cas d’échec. Il a menacé de taxer 267 milliards de dollars supplémentaires d’importations chinoises. Ce qui, additionné aux 50 milliards déjà taxés à 25%, reviendrait à taxer la totalité des importations chinoises avec pour but d’étouffer sa croissance économique. La guerre commerciale porte bien son nom.
De part et d’autre, des signaux témoignant de la volonté d’avancer ont été lancés. Le président américain a choisi comme négociateur en chef le représentant au Commerce Robert Lighthizer, qui est reconnu comme ayant mené à bien des négociations difficiles dans le domaine des relations commerciales. Les dirigeants chinois ont de leur côté suspendu les surtaxes douanières imposées aux voitures et pièces automobiles importées des États-Unis et repris leurs achats massifs de soja américain, un sujet très sensible étant donné son impact électoral particulier.
Donald Trump s’est donné l’objectif de réduire le déficit commercial avec les chinois de 200 milliards de dollars annuels. Mais la transition chinoise engagée dans le but d’appuyer la croissance sur le développement du marché intérieur rencontre de sérieux obstacles et ne peut pas absorber une telle réduction des exportations, en tout cas au rythme voulu par le président américain. Le Parti-État est soucieux de son coût social et du maintien de la stabilité politique au prix du lourd endettement des collectivités et des entreprises. Il tente en même temps de maitriser les débordements du shadow banking dont il a besoin pour financer les nouvelles activités.
Et encore il ne s’agit pas que de cela ! Donald Trump a d’autres visées que le simple rééquilibrage des relations commerciales, déjà ardu. Il entend obtenir l’arrêt des transferts forcés de technologies et du non-respect des brevets qu’il qualifie de vol de la propriété intellectuelle. La Chine a déjà acquis par de tels moyens la capacité de produire des équipements hautement sophistiqués, notamment dans les domaines aéronautique et spatial, cela doit avoir une fin.
Le plan stratégique de Xi Jinping intitulé « Fabriqué en Chine 2025 » est en cause, qui est en quelque sorte le pendant du slogan « America First » de la campagne électorale du président américain. Les deux symbolisent une vision de leur développement reposant prioritairement sur eux-mêmes.
Ce programme de développement industriel lancé en 2015 succède à l’ambition dépassée d’être « l’usine du monde », alors que les salaires chinois progressent, rendant d’autres pays plus attrayants de ce point de vue. Et le modèle n’est plus de fabriquer des clones et des copies pirates mais de développer une production propre aux standards internationaux.
Xi Jinping a de nouvelles ambitions pour la Chine, avec comme objectif de réduire la dépendance aux composants achetés à l’étranger pour se hisser à la première place dans les domaines vedettes de la voiture électrique, des robots et d’une manière générale des nouvelles technologies. Pour les États-Unis, qui ne veulent y voir que la poursuite des bonnes vieilles méthodes et sous-estiment le potentiel chinois en matière de développement, de telles intentions sont inacceptables.
La bataille promet d’être longue, une nouvelle Longue marche est engagée en Chine. Mais, en ces temps difficiles, le modèle chinois semble être le plus solide.