Entre Bruxelles et Rome le spectacle continue avec le bénéfice d’un nouvel entrant, Paris. En creusant le déficit budgétaire 2019, à un niveau qui fait encore l’objet de tous les calculs, Emmanuel Macron a donné un grand coup de main involontaire à ses homologues italiens.
Toute prudente, la Commission ne peut laisser s’installer l’idée qu’elle couvrirait une inégalité de traitement entre les Français et les Italiens qui serait du pain béni pour ces derniers. Comment adresser une infraction pour déficit excessif à l’un et pas à l’autre ? Comment le pacte budgétaire y résisterait-il à ce stade ? Les tractations, déjà bien engagées avec le président du Conseil italien, devraient donc finir par aboutir, une fois passée une période de décence pour ne pas apparaitre comme trop liées à la nouveauté française. Toutefois, il ne faudra pas être trop regardant sur la conclusion des négociations avec Giuseppe Conte, en particulier sur les prévisions de croissance sur la base desquelles le déficit budgétaire est calculé.
De son côté le gouvernement français, qui s’est ressaisi, fait tous ses efforts afin de limiter le dépassement, promettant que le déficit reviendra à 2,5% en 2020. Il s’y emploie déjà dans le cadre fixé par Emmanuel Macron : pas de détricotage des mesures déjà sur leurs rails, pas question de se déjuger, le cap doit être maintenu. Et il va tenter de noyer la révolte dans le flot des paroles d’un grand débat national.
Au milieu de tout cela, Pierre Moscovici appelle à contenir le dépassement français et à améliorer la proposition italienne d’un déficit de 2,04%, assuré de rencontrer de part et d’autre le degré de compréhension nécessaire pour que tout finisse pour le mieux dans un monde imparfait.
En se taisant, le gouvernement allemand y contribue, dans l’attente des réactions qui seront recueillies lors du sommet européen qui débute ce soir. Aucun casus belli n’est cependant à attendre, car le Conseil va entériner le rejet de la quasi-totalité des propositions de relance européenne d’Emmanuel Macron, et c’est l’essentiel. S’il en était besoin, le dérapage budgétaire français viendrait désormais le justifier.
Selon Reuters, le communiqué final ne fera mention que du vague projet « de travailler à la conception, aux conditions, à la mise en œuvre et au calendrier d’un instrument budgétaire pour la convergence et la compétitivité » et non à des fins de relance. Et le système de garantie commune des dépôts bancaires en zone euro ne sera même pas mentionné, ce dernier pilier d’une union bancaire destinée à rester bancale tant que le système bancaire européen sera miné par la masse des « prêts non performants » qu’il détient.
L’heure est aux accommodements politiques qui ne résolvent rien, chacun restant dans son trou.
Et moi qui redoutais que les capitalistes – barbares et prédateurs – finiraient par se montrer intelligents et par sauver leur système… Je peux encore espérer dans la chute prochaine du capitalisme.
Ben oui, entre la séquence du Brexit, la fronde italienne, l’insurrection française, la division allemande….et j’en passe pour les autres pays…..il reigne une drôle d’ambiance dans la Maison Europe. Je serais curieux de connaître l’ambiance à Bruxelles….Et dire que dans quelques mois va commencer la campagne pour les européennes…..