L’affaire est devenue d’une si grande banalité que l’on en hésite à en parler. La Deutsche Bank, hier mégabanque reconnue, est à nouveau rattrapée pour avoir commis des malversations grand format, qui sont après tout à son échelle. À se demander si elle ne les a pas toutes commises en trempant dans toutes les combines. Ou, pour extrapoler mais si peu, s’il n’est pas dans la nature des banques d’être déviantes, possédées par le démon de l’argent. On connait de grands industriels internationaux, aux revenus dépassant l’entendement, qui tentent encore de les accroître en échappant à l’impôt…
Des milliers de procédures judiciaires sont entamées contre la Deutsche, comme elle était familièrement appelée du temps de sa splendeur, et de multiples enquêtes se poursuivent. Depuis dix ans, la banque n’arrête pas de dégringoler dans la hiérarchie des banques mondiales, abandonne des marchés par pans entiers et connait de nombreuses restructurations. Mais l’idée ne viendrait à personne de suggérer qu’elle ferme boutique.
Coup sur coup, elle est impliquée dans les opérations de lessivage à grande échelle des capitaux d’origine russe menées par la banque danoise Danske Bank, ainsi que par les suites attendues mais tardives de la révélation des « Panama Papers » datant de 2016. Le Parquet allemand est à l’initiative, menant des perquisitions tous azimuts dans de nombreux établissements. Donnant comme exemple de ses investigations, le traitement de 900 clients de la banque par une de ses succursales des Îles Vierges britanniques. On est là devant une activité menée à grande échelle et organisée selon des critères industriels. L’industrie financière, puisqu’elle se dénomme elle-même ainsi, fabrique des produits d’un genre particulier sur ses chaînes de production. Les fuites provenant du cabinet panaméen Mossack Fonseca ont détaillé l’activité et l’actionnariat de plus de 240.000 sociétés offshore, cela donne une idée des dimensions de cette production.
En Allemagne, les perquisitions sont engagées à une large échelle, en France elles n’avaient touché que le siège de la Société Générale, dont la renommée en matière de services destinés aux clients fortunés n’est plus à faire, et qui s’était contentée de faire le ménage afin de poursuivre ses petits arrangements.
Quelle réponse apporter aux perplexes quand ils se demandent si les banques sont toutes coupables ? qu’il faut les classer en deux catégories, celles qui se font prendre et les autres (avec dedans une subdivision: celles que l’on ne veut pas prendre)…
Il est pourtant de notoriété publique qu’une banque honnête est une banque en faillite.
Conseillons donc à nos amis allemands de prendre exemple sur la start-up nation qui avec sa loi sur le secret des affaires est maintenant en mesure d’envoyer les lanceurs d’alerte et les journalistes en prison, plutôt que les malfaiteurs.
http://www.ozap.com/actu/loi-sur-le-secret-des-affaires-le-monde-attaque-les-autorites-pour-manque-de-transparence/571362
Q’une banque honnête soit une banque en faillite est le résultat inéluctable de la concurrence entre les banques. À partir du moment où ceux qui fixent les règles ne se donnent pas les moyens de contrôler qu’elles sont appliquées et les moyens de sanctionner leur non respect de manière efficace l’honnêteté est tout simplement exclue.
Cette règle s’applique d’ailleurs à toutes les autres activités « soumises aux lois de la concurrence ». Par exemple à partir du moment où on sait que Volkswagen trafique ses moteurs diesel il devient certain que les marques concurrentes le font aussi.