Comment la Commission et la coalition italienne vont elles se sortir de leur face à face ? Elles voudraient éviter un affrontement et la sagesse leur commande de négocier un compromis introuvable, car comment respecter et bafouer les règles tout à la fois ? Et ceux qui souhaitent voir les marchés faire le travail, mais sans aller jusqu’à renverser la table, craignent un dérapage conduisant à une nouvelle crise européenne aiguë. Une nouvelle fois, le système bancaire serait l’instrument de sa propagation.
De ce côté-là, les nouvelles ne sont pas bonnes. Il était jusqu’alors cru qu’en son sein coexistaient des banques zombies, localisées pour l’essentiel dans les pays de l’Europe du sud, et des grandes banques désormais solides. Mais les derniers tests de l’EBA ont détruit cette vision, épinglant les plus grands établissements pour les mettre sous surveillance renforcée. Toujours en raison de cet effet de levier qui donne du fil à retorde.
À l’occasion de deux petites émissions obligataires italiennes, le marché a manifesté son mécontentement. Le spread entre les titres allemand et italien à dix ans, qui fait référence, a connu un sursaut, et les fonds recueillis ont été maigrichons. Est-ce le commencement de la fin ?
La question restant sans réponse, une autre la remplace : que ferait alors la BCE qui détient le pouvoir de calmer le jeu et qui pour l’instant se tait ? Son intervention sous la forme de l’activation de son programme OMT serait conditionnelle, aboutissant à la même impasse. Elle impliquerait que le gouvernement italien se déjuge et accepte ce à quoi il se refuse obstinément aujourd’hui. Il en est de même si le Mécanisme européen de stabilité devait intervenir.
La BCE est certes seule juge de ses actes et peut déroger à ses propres principes, en toute indépendance. Mais on ne peut ignorer qu’elle est de facto sous le contrôle sourcilleux des autorités allemandes, qui ne l’entendent pas ainsi, et qui fait de l’observation des règles, comme d’autres de la chasteté en d’anciens temps, le credo de sa pensée économique.
Et l’on observe qu’Emmanuel Macron, pour obtenir un petit quelque chose en fin de compte de Berlin, admet désormais que le budget de la zone euro – dont il semble aux dernières nouvelles pouvoir espérer la création, sans que son enveloppe soit fixée – aura pour objet sa consolidation et non pas son développement. Il faudra pour y accéder monter patte blanche, c’est à dire engager les sacro-saintes réformes structurelles dont il contribuera au financement.
Rien à faire, tout est verrouillé…
Vu un article de Moscovici dans l’écho, qui explique doctement ce que le gouvernement doit faire en matière budgétaire, « dans l’intérêt du peuple italien »…Son raisonnement tourne autour de la dette et de la réduction du déficit public. Le souci est d’où parle-il, car un commissaire européen est un fonctionnaire sans légitimité politique…la discussion reste enfermée dans un cadre, sans arbitrage possible, puisque sans débat et sans alternative….Le truc n’est pas durable….