Carlos Ghosn, le patron de l’alliance Nissan-Renault-Mitsubishi qui revendique le titre de premier ensemble automobile mondial, avec 10,6 millions de voitures vendues l’an dernier, a été arrêté à Tokyo et placé en détention, selon le quotidien japonais Yomiuri Shinbun. À la Bourse de Paris, le titre du groupe Renault a immédiatement dévissé de plus de 10% ce matin, sa capitalisation boursière durement affectée, la Bourse de Tokyo fermée.
Suite à des informations du quotidien Asahi Shinbun, les rumeurs circulaient selon lesquelles le PDG aurait depuis de nombreuses années dissimulé une partie de ses revenus au fisc. En juin 2017, l’agence Reuters révélait que l’alliance réfléchissait à un système de bonus cachés pour ses dirigeants, via une société installée aux Pays-Bas, et Carlos Ghosn avait démenti.
Sans attendre, le groupe Nissan – qui a procédé à une enquête interne lancée à la suite d’un lanceur d’alerte – a informé qu’il aurait également procédé à de nombreuses malversations, dont il donne des détails, et utilisé des biens de l’entreprise à des fins personnelles. Et qu’il allait proposer de démettre Carlos Ghosn très rapidement de ses fonctions de président non exécutif.
En 2017, le cumul de ses rémunérations chez Nissan et Renault – salaire fixe, variable et stocks options additionnés – atteignait officiellement 13 millions d’euros, plus d’un million par mois. En février 2018, Carlos. Ghosn a accepté de baisser sa rémunération de 30%, une condition imposée par l’État afin que ses administrateurs votent sa reconduction pour quatre nouvelles années. L’année précédente, les administrateurs de l’État avaient refusé de la voter, une grande première, ce qui n’empêcha pas son adoption par l’assemblée générale des actionnaires, mais à une majorité réduite.
Deux mondes bien distincts se séparent irrésistiblement, mais parfois un accident de parcours survient quand la démesure est trop ostentatoire. Le marché ayant accordé toutes ses faveurs à celui qui avait su redresser Nissan, personnifiait son alliance avec Renault et préparait une intégration encore plus poussée au sein de l’Alliance qui emploie 470.000 salariés, mais Carlos Ghosn qui savait en bénéficier a été victime de ses propres attentions à son égard. Les lois internes du capitalisme oligarchique ne sont pas figées et les dirigeants politiques, en première lignent en son sein, sont très exposés quand ils ne savent pas, comme Donald Trump, chevaucher le rejet des électeurs pour assoir leur pouvoir. Un modèle qui fait secrètement rêver. Les grands managers, pour leur part, ne doivent pas risquer de faire chuter leurs protecteurs en les plaçant à porte-à-faux.
« Les lois internes du capitalisme oligarchique ne sont pas figées »
Effectivement ! Carlos Ghosn n’a jamais réussi (voulu ?) à s’intégrer dans l’oligarchie française, trop consanguine et étriquée aux yeux de ce franco-libano-brésilien. La conséquence la plus visible étant l’épisode rappelé dans le papier, lorsqu’en 2017 les représentants de l’État au CA de l’Alliance avaient refusé de voter sa rémunération.
Dans le contexte très politique du tycoon franco-japonais, et du poids conséquent qu’il représente dans l’industrie mondiale, il parait difficile d’imaginer que Ghosn n’a pas été « lâché » par les autorités françaises, ouvrant ainsi la voie à un remplacement que beaucoup – en France et au Japon – souhaitaient ardemment.
La rapidité avec laquelle Nissan a réagi (en enfonçant son ex-PDG) pourrait conforter cette thèse. Si tel est bien le cas, il y a fort à parier que tout cela pourrait faire partie d’un plan élaboré bien en amont de la justice japonaise par les gouvernements français et japonais.
Sinon, pour les sans-dents de base, il y a là la énième confirmation que tous les CICE et cadeaux fiscaux du monde ne suffiront jamais à satisfaire l’appétit de ces.., hem ! gens : un euro d’impôt restera toujours un euro de trop !
Comme on dit, si les faits sont avérés….mais n’étant pas un adepte du « en même temps », si tel est le cas, très déçu de cette personne, car j’avais toujours apprécié personnellement ses commentaires acérés et qui tranchaient avec une certaine médiocrité ambiante du céraille, tout en ayant fait ses preuves…A part la démesure de sa rémunération et sa défense des « talents » inestimables et uniques, il faut bien reconnaître qu’il avait les idées claires….Ainsi chute une célébrité, mais comme on dit, cela rappelle que nul est irremplaçable, et que l’argent corrompt.
Oui, si avoir les idées claires c’est sabrer, couper le plus de têtes possibles pour être le first de la mondialisation et tenir les autres au plus bas sous sa coupe… oui, bien sûr.
La guerre économique bat son plein !
Carlos Goshn évincé… qui a organisé cela ? Qui en profite ? L’homme agace peut-être, se sert sur la bête de façon totalement indécente avec la bonne conscience du leader salvateur, de là à le faire tomber comme Al Capone pour raison fiscale, c’est trop cousu de fil blanc ! Make America & Japan & Germany great again ? GM ou WW ? 🤔 Parce qu’au Japon, la fraude fiscale n’existe pas, c’est bien connu… Et les dirigeants japonais, dont le souverainiste et le protectionnisme se réveillent, voient-ils d’un si bon œil la main-mise surpuissante d’un « gaijin » sur un de leurs fleurons, qui plus est faisant la nique à l’Oncle Sam via un président par trop arrogant ? La reprise en main de Nissan et Mitsubishi par l’empire du soleil levant est-elle si dramatique que cela pour les japonais ? Que restera-t-il de Renault une fois les cendres retombées ?
Alstom, et avant cela BNP et qq autres banques, sans compter Airbus et quelques uns de nos fleurons high-tech ou recherche santé , puis maintenant Renault, faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, tout de même. Et notre Lou Ravi jupitérien qui constate que son rêve de toute puissance prend l’eau, qui dit regarder tout ça de près ! Et naïf en plus! Rions « jaune » un peu !
Est-ce qu’on pourrait inviter rapidement un de nos intervenants préférés en intelligence économique ou guerre économique sur ce blog ? Président Leclerc, une idée ?
La raison ?
Un reste de décence poussée par un vent qui tourne peut-être (sous la pression d’un monde qui « popululle »).