L’Autorité bancaire européenne (EBA) et la BCE vont annoncer aujourd’hui le résultat du troisième test de résistance des 48 plus importantes banques européennes. Afin de répondre aux critiques, elles assurent que le scénario de crise étudié est cette fois-ci plus sévère que celui du régulateur américain. C’est se rassurer de peu.
Certes, les banques sont mieux capitalisées pour faire face à un nouvel épisode de crise aiguë, mais cet examen laisse de côté d’autres pans du système financier, notamment le niveau très élevé d’endettement des entreprises. Janet Yellen, l’ancienne présidente de la Fed, vient de s’en inquiéter aux États-Unis et le Financial Times en a fait l’un de ses derniers éditoriaux. Elle pointe du doigt une « énorme détérioration » des standards de prêts et prédit une vague de faillites d’entreprises au cas où la croissance flancherait.
Ce n’est plus le marché immobilier hypothécaire qui est cette fois-ci en cause, mais celui des prêts aux entreprises. Ceux-ci ont presque retrouvé leur niveau d’il y a dix ans et représentent 46% du produit intérieur brut, mais ce n’est pas tant leur volume qui pose le principal problème. Il s’avère qu’ils sont faiblement garantis pour les quatre-cinquième d’entre eux en raison du lourd endettement des entreprises. Le danger qu’ils représentent est rampant et n’est pas propre aux États-Unis, la Banque d’Angleterre a récemment mis en garde à ce même sujet.
Le marché de la dette à taux fixe a fortement évolué et n’est plus dominé par les compagnies d’assurance et les fonds de pension qui détenaient les titres jusqu’à maturité. Un volume de plus en plus grand de la dette des entreprises est détenu sous forme d’exchange-traded funds (ETF), ces instruments qui connaissent un fulgurant essor, à horizon moins lointain et détenus pour une large part par des investisseurs non professionnels qui n’ont pas les épaules très solides et peuvent vendre leurs titres dans la précipitation. Une proportion importante des autres détenteurs ont des procédures de vente automatique lorsque la notation par les agences des ETF qu’ils détiennent descend sous un certain seuil. L’ensemble représente un indéniable danger potentiel.
Nous savons désormais que les crises financières ont tendance à ne pas se produire là où elles sont attendues. L’accent mis sur le renforcement des banques n’est donc pas en soi rassurant, car on peut toujours se demander s’il sera suffisant. Les crises se produisent dans des coins innovants du marché, moins connus et surveillés. Et les ETF sont souvent donnés gagnant à ce jeu par ceux qui scrutent les marchés.
Dernière remarque : en jouant avec leurs outils monétaires, les banques centrales sont à l’origine de l’accroissement de la dette des entreprises. En jouant sur un effet de levier positif, tant que tout se passe bien, elles améliorent leurs résultats. Mais dans le cas contraire…
Aïe aïe aïe ouille !
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