Standard & Poor’s n’a pas dégradé la note italienne à la suite de Moody’s, se limitant à lui adjoindre une perspective négative pour la prochaine fois. Côté gouvernement italien, un autre signal se voulant apaisant a été donné : des amendements budgétaires devraient être présentés demain au Parlement, permettant au gouvernement de proposer ultérieurement un calendrier de mise en œuvre du revenu citoyen et d’abaissement de la date de la retraite, les deux inscrits au budget pour 15,7 milliards d’euros en année pleine. La Commission saisira-t-elle la balle au bond ?
La décision de Standard & Poor’s a un impact positif pour les banques dans l’immédiat. Elle conforte l’utilisation de la dette italienne, dont elles regorgent, pour se financer auprès de la BCE. Ce qui leur évitera également de devoir se recapitaliser afin de respecter les ratios réglementaires, lorsque la hausse des taux sur le marché obligataire entrainera la baisse de leur valeur.
La situation de l’Italie reste très fragile. Le gouvernement prévoit de lever 250 milliards d’euros l’année prochaine. Et l’accroissement du spread avec les titres allemands, sur lequel tous les yeux sont fixés, aurait un impact budgétaire très négatif. Giovanni Tria, le ministre de l’Économie et des Finances, a fixé son niveau insoutenable à 400 points, or il a déjà atteint une pointe à 328 pts.
Le scénario est écrit : devant un fort accroissement de ses taux obligataires sur le marché, le gouvernement italien n’aura d’autre issue que d’instaurer un contrôle de la sortie des capitaux afin d’obliger les investisseurs italiens à garder leurs liquidités dans le pays. Puis de se lancer dans l’aventure d’un moyen de paiement parallèle, les mini-BoT (mini bons du trésor), une sorte de reconnaissance de dette émise par l’État, sans être porteuse d’intérêts, ni avoir d’échéance et cours légal.
Le gouvernement table sur une croissance de 1,5% en 2019, contre 1% pour le FMI et 1,1% pour la Commission. Mais l’Itsat vient d’enregistrer une croissance nulle au dernier trimestre de cette année, dans le contexte d’une baisse générale en zone euro, de 0,2% à la même date. Cela n’améliore pas ses marges de manœuvre.
Comment exclure demain qu’un accès de fièvre n’intervienne sur le marché obligataire, rendant le financement de la dette italienne insoutenable à court terme, ce qu’elle est déjà à long terme sans que cela ne soit admis ? Ils jouent tous avec le feu.
Dans cette union monétaire incomplètement construite, l’Italie n’est pas un cas unique de rupture avec les règles, et il n’était peut-être pas indispensable de tenir des propos aussi décisifs côté Commission, tout en les alternant avec d’autres plus conciliants. En effet, pendant de nombreuses années, le gouvernement français ne les a pas respectées, tandis que le gouvernement allemand continue de dégager d’important surplus sur sa balance des opérations courantes. Mais le gouvernement italien commet le crime impardonnable de ne pas appliquer les remèdes prescrits qui, bien que n’ayant pas fait leurs preuves, sont en phase avec les dogmes ultra-libéraux.