Le monde politique allemand se prépare à de grands changements. Angela Merkel réaffirme en ce début de semaine qu’elle entend aller jusqu’au bout de son mandat, en 2021, tout en précisant que ce sera le dernier. Elle vient d’annoncer qu’elle renoncerait à la présidence de la CDU fin décembre, aménageant la poursuite de celui qui est en cours pour ne pas prendre le risque de ne pas être réélue.
Les résultats successifs des élections régionales ne laissent aucun doute, la Grande coalition, c’est fini ! Pour lui succéder, la formation d’une coalition Jamaïque regroupant la CDU/CSU, les Verts qui sont en pleine ascension, et le FDP est la plus vraisemblable. Ce qui pose deux questions : quand cela interviendra-t-il ? Pour suivre quelle politique ?
Ni la CDU/CSU ni le SPD n’ont intérêt à précipiter le mouvement, espérant toujours pouvoir se refaire avant de prochaines élections où ils ont encore beaucoup à perdre. Mais la dynamique qui est engagée est puissante…. Quant à attendre un changement de politique résultant de l’arrivée des Verts, c’est tracer des plans sur la comète. Le comité budgétaire européen (EFB, selon l’acronyme anglais), qui se présente comme un organisme consultatif indépendant de la Commission aborde à son tour la question d’une simplification des règles budgétaires, mais sa vision privilégie la règle selon laquelle la dette publique ne doit pas dépasser 60% du PIB et n’ira pas nécessairement dans le sens d’un assouplissement, selon ses propres simulations. Les temps n’y sont pas propices en Allemagne alors que la discussion sur le budget européen et le partage de la quotepart de la contribution du Royaume-Uni doivent officiellement commencer.
La consolidation d’un monde bancaire allemand très fragmenté et protégé des regards indiscrets est également sur la table des dirigeants politiques. Aux côtés d’un réseau de caisses d’épargne très développé, l’Allemagne dispose de six puissantes banques régionales, les Ländesbanken, dont les fédérations régionales des caisses d’épargne et les régions sont les actionnaires. Les rapports sont étroits entre ces banques et le monde politique, expliquant l’échec de la précédente tentative de regroupement, en 1989, chaque grande région ayant voulu conserver sa banque.
La déconfiture de l’un d’entre elles, Nord/LB, conduit à l’étude d’un projet de fusion avec trois autres, ainsi qu’avec divers organismes financiers, ce qui pourrait donner naissance à un géant allemand public, aux côtés de la Deutsche Bank, en pleine reconfiguration, et Commerzbank, qui est toujours sous perfusion de fonds publics. La taille du bilan serait de l’ordre de 700 milliards d’euros. BayernLB, la banque bavaroise, ne participant pas à l’opération.
L’objectif reconnu serait d’éviter une privatisation de Nord/LB. Mais il est en réalité plus large, ayant vocation à aider les Ländesbanken à faire face à leurs pertes et à leur obligation de renforcement de leurs capitaux propres, les Länder eux-mêmes n’ayant pas toujours les moyens de les recapitaliser.
En matière de transparence, le secteur bancaire public allemand, qui a joué en son temps avec les produits dérivés et les allumettes, et ne s’en est pas nécessairement remis, est resté hors du périmètre de surveillance de la BCE. Il serait grand temps de le consolider…