Comme si la barque européenne n’était pas déjà assez pleine, le secrétaire d’État au Commerce américain Wilbur Ross a fait part au commissaire européen Cecilia Malmström de l’impatience de Donald Trump. Un signal préludant à la réactivation des hostilités devant la lenteur des discussions engagées à la suite de la mission de Jean-Claude Juncker à Washington. Des résultats tangibles sont attendus, qui ne viennent pas et chacun en fait le reproche à l’autre.
Au gré des négociations mondiales qu’il mène à son bon vouloir, Donald Trump ne dédaigne pas donner des coups de patte ici ou là afin de rappeler qu’il est le maitre du jeu. Avec comme seule limitation qu’il évite d’activer simultanément plusieurs fronts. Mais s’il décidait de taxer les voitures européennes n’ayant que suspendu la mesure, la coupe serait pleine pour l’Allemagne, son industrie automobile déjà secouée par la crise du diesel. Ses exportations en subiraient directement les conséquences.
Les modèles américain et allemand ne sont pas compatibles. Et, pour protéger l’industrie automobile allemande, les Européens devraient s’engager à des baisses générales des tarifs douaniers, notamment sur la production agricole, touchant de plein fouet d’autres intérêts nationaux, dont ceux des Français. Difficile, une fois de plus, de parler d’une seule voix dans une Europe à moitié construite.
Les Européens peuvent espérer que les dirigeants chinois, désormais sur la défensive, vont envoyer à Donald Trump des signaux d’ouverture, mais c’est fort peu probable. L’année prochaine devrait être plutôt ponctuée par de nouveaux épisodes de guerre commerciale, laissant toutefois la place à un intermède européen.
La croissance économique chinoise est revenue à son taux de 2009, lors du démarrage de la crise financière mondiale, et la direction chinoise ne peut plus la soutenir en ouvrant à nouveau le robinet du crédit, cela a été déjà fait. Il lui faut tout au contraire le restreindre, et les investissements stagnent en conséquence. Avec les exportations, les deux grands moteurs de la croissance sont atteints.
Et ces dernières vivent leurs derniers beaux jours en attendant les effets qui ne vont pas tarder de la surtaxation américaine de 250 milliards de dollars de produits chinois par an. Ce qui représente la moitié des exportations aux États-Unis. La faiblesse du yuan, qui a perdu 10% par rapport au dollar depuis avril dernier, a en attendant amorti le choc, sans que l’administration américaine entonne le grand air de la dévaluation compétitive.
Pour soutenir la croissance, il reste la consommation intérieure, mais celle-ci ne permettra pas d’atteindre à elle seule les taux de croissance auxquels le Parti-État était habitué, présentés à l’époque comme un plancher à ne pas enfoncer.
Pour apprécier au mieux les intentions de Donald Trump vis-à-vis de la Chine, il fallait écouter le violent réquisitoire prononcé le 2 octobre dernier au Hudson Institute par son vice-président Mike Pence. Celui-ci a été dans sa diatribe bien au-delà des reproches habituels de son patron et dévoilé le pot aux roses : il n’est tout simplement pas question de permettre à la Chine d’accéder au leadership mondial de l’économie et de détrôner les États-Unis. Il est encore temps, pense à tort le vice-président américain, d’interrompre sa montée en puissance et la modification des rapports de force mondiaux qui sont en cours. Car la domination américaine ne se partage pas.
Soumise à un lent démantèlement, l’Europe est mal partie dans cet affrontement de géants. Le sommet venant de réunir dans leur grande diversité 50 pays asiatiques et européens ne permet pas d’aller beaucoup plus loin que la réaffirmation du multilatéralisme, mais on ne force pas à boire un âne qui n’a pas soif.
« L’Europe est mal partie », écrivez vous.
Ce n’est pas de l’Europe, mais de l’Union Européenne qu’il faut parler ici. C’est à dire d’une espèce de monstre affairisto-bureaucratique s’auto-pilotant sans réel contre-pouvoir ou contrôle. Dire « l’Europe », c’est laisser entendre que ce serait un peu notre équipe, notre camp qui serait momentanément mal géré. Alors que non, il s’agit de « l’Union »: un empilement d’intérêts croisés qui n’admet en son sein que les « prêtres d’une religion féroce ».
L’Europe, elle, est un continent dont certains situeraient la frontière naturelle à l’Oural.
Indubitablement, nous sommes rentrés dans une autre ère…..Et pour l’instant, l’establishement subi, ou feint de ne pas savoir (peut-être pour ne pas être responsable aussi). A l’aune de l’actualité, l’UE a perdu sa crédibilité, et ne tient plus que part des traités et de la bureaucratie. Un mystère demeure avec Macron : comment se fait-il qu’il s’acharne a vouloir affirmer qu’il ira jusqu’au bout, alors qu’à l’évidence, il a perdu tout son élan (juste de la com’ pour ce donner un peu de temps ?). C’était le problème prévisible d’un concept de type « blietzkrieg », c’est que passer une période de prise de vitesse, si on a le malheur de s’arrêter ou de caler, alors on a toute les chance de s’enliser, voire de prendre un retour de bâtons…. l’avenir dira, proche ou plus lointain, pour le meilleur ou pour le pire….