Panama vient de décider de retirer son pavillon à l’Aquarius 2, ainsi nommé parce que Gibraltar avait précédemment retiré celui de l’Aquarius, qui ne pouvait plus naviguer sous ce nom. Cité par un communiqué conjoint de SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières (MSF), le message des autorités panaméennes laisse sans voix.
« Malheureusement, il faut que le navire soit exclu de notre registre, car maintenir ce pavillon impliquerait de sérieuses difficultés politiques pour le gouvernement panaméen et pour la flotte panaméenne qui travaille dans les ports européens ». Précision donnée par ailleurs, c’est le gouvernement italien qui serait à l’origine des pressions.
Depuis son premier voyage de février 2016, l’Aquarius a recueilli à son bord 29.523 réfugiés. Depuis le début de l’année, 1.250 autres n’ont pas eu cette chance et se sont noyés en venant chercher refuge en Europe. Un nombre selon toute vraisemblance très inférieur à la réalité. Il ne restait plus qu’un seul navire pour sauver les naufragés au large de la Libye, dans les eaux internationales, il va devoir cesser sa mission et rentrer au port. Chargé de 58 réfugiés dont 17 femmes et 18 mineurs, qu’il vient de sauver de la noyade, vers quel port va-t-il pouvoir mettre le cap ? Le journal Le Monde consacre son éditorial au sujet, évoquant le « naufrage de l’Europe » dans son titre pour le conclure par un « c’est indigne » de circonstance.
Il aurait été donné comme prétexte dans la plainte italienne que l’équipage de l’Aquarius 2 a refusé de ramener les réfugiés à leur lieu d’origine. Manière de présenter le refus de les transférer à bord d’un garde-côte libyen, la Libye ne pouvant pas être considérée comme un lieu sûr, le droit maritime international lui donnant pleinement raison.
Malgré un cessez le feu sous l’égide de l’ONU le 4 septembre dernier, les combats acharnés entre milices rivales ont en effet repris. Dans un pays qui continue de connaître le chaos, dominer la capitale Tripoli, contrôler les institutions et s’accaparer les richesses du pays suscite bien des convoitises.
Le directeur des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Pénard, demande aux autorités françaises de débarquer à Marseille, son port d’attache, les réfugiés à bord de l’Aquarius 2. Il lance également un appel pour que le navire puisse bénéficier d’un nouveau pavillon afin de poursuivre sa mission, car il perdra le pavillon panaméen dès lors qu’il touchera terre si les autorités du pays ne changent pas d’avis.
C’est à vomir.
C’est la dictature de la peau blanche en action.