Le dixième anniversaire de la crise n’a pas été ignoré dans la presse internationale, c’était un exercice imposé. Il a donné lieu à la publication d’un grand nombre de dossiers rarement encourageants. L’idée dominante a été de s’interroger sur le niveau des fonds propres auxquels les banques sont désormais soumises – est-il suffisant ? – mais la question du shadow banking toujours non régulé a rarement été soulevée.
La conception de la régulation – endiguer la crise en évitant qu’elle se propage – n’a pas été mise en question, et les pratiques spéculatives qui n’ont rien à voir avec le financement de l’économie et devraient être proscrites sont restées intouchables. Cette finalité a été entérinée, de même que la mauvaise allocation du capital qui n’a pas été soulevée, ainsi que la croissance des actifs financiers comparée à celle de l’économie, l’ultime garantie. Ces dernières questions ne sont parfois évoquées que par le biais de la taille des banques et de leur concentration, mais les propos sont restés conventionnels pour ne pas dire conformistes.
Faute de disposer d’une description documentée du shadow banking et de ses interfaçages avec les banques réglementées, les dangers que celui-ci recèle, pesant un tiers du système financier, sont traités d’un seul jet de plume.
De temps à autre, des alertes sont sonnées en déterrant des phénomènes souterrains. C’est le cas de la liquidité des marchés, entendez par là l’ampleur ou non des échanges financiers. Mais ce n’est pas simple: frénétiques, ils signalent l’imminence d’une crise, trop calmes ce n’est pas mieux. Un débat agite aujourd’hui les analystes financiers : le marché obligataire, titres souverains et d’entreprises, ne serait-il pas devenu illiquide, les investisseurs ne parvenant pas à acheter des obligations car leurs détendeurs ne souhaitent pas s’en défaire ?
À la faveur de la régulation, la fonction de teneur de marché – afin d’assurer sa liquidité – se serait déplacée des banques au profit de structures appartenant au shadow banking, où les dysfonctionnements ne sont plus visibles. En d’autres termes, si le débat est tranché en faveur de l’illiquidité, le risque d’illiquidité n’a pas disparu, il est caché. Or le blocage du système financier est la pire chose qui puisse intervenir, même s’il est partiel, impliquant d’urgence quand il intervient que les banques centrales fournissent de la liquidité. Faudrait-il qu’elles aient réabsorbé celles qu’elles ont injectées.
Mais ce qui est à retenir dans l’immédiat, ce n’est pas l’interrogation sur le phénomène lui-même, mais la difficulté de disposer des données permettant de confirmer son existence ! Régulation ou pas, les analystes financiers, dont on conviendra qu’ils sont désormais encouragés à déceler les dysfonctionnements, restent toujours plongés dans le noir. « Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat… »
Je vous propose de lire un article (lien ci-dessous) qui a été écrit quasiment sur le vif de la crise des « subprimes ».
http://www.bayard-macroeconomie.com/crisesubprimes.html