L’ère des sans principes

On aura tout vu ! Changeant de posture comme d’autres de monture, la relance européenne ne passant pas, Emmanuel Macron prétend prendre la tête du camp des « progressistes » à l’occasion des élections européennes, pour s’opposer à l’alliance Orbán-Salvini qui lui rend cet estimable service. Ils se font réciproquement la courte-échelle, et lui se forge le beau rôle.

Pour un chef d’État qui continue de refuser l’ouverture des ports de son pays aux navires des ONG sauvant de la mort les réfugiés, et qui ne veut pas accueillir les structures qu’il propose aux autres d’adopter, afin de trier ceux qui auront droit à l’asile de ceux qui devront être refoulés, c’est pousser le bouchon un peu loin. Car de quoi peut-il se prévaloir ? L’Aquarius est de nouveau à quai à Marseille, et l’ONG Open Arms rapatrie ses activités de sauvetage dans le détroit de Gibraltar. Les gardes-côtes libyens ont le champ libre pour récupérer les réfugiés et les refouler en Libye. C’est la fin aboutie d’une séquence visant à fermer la deuxième route méditerranéenne d’évasion des réfugiés, après celle ayant la Turquie comme point de départ, à laquelle il est loin d’être étranger.

Mais la liste de ses réussites ne s’arrête pas là. À Tripoli, les réfugiés prisonniers des centres de détention sont en danger, dénonce MSF, en raison des durs combats qui opposent les milices soutenant le gouvernement officiel, qui sans elles ne tiendrait pas. L’ONG a déjà dû arrêter de ravitailler en eau et en nourriture plusieurs de ces camps où s’entassent des centaines de réfugiés et demande leur évacuation du pays le plus rapidement possible, leur sécurité n’étant plus garantie. Que penser, dans ces conditions de la tenue d’élections nationales d’ici la fin de l’année, annoncée par Emmanuel Macron afin d’assoir la stabilité libyenne, une initiative qui n’est pas promise à un grand avenir ?

Dans les cinq îles grecques du Nord-Est de la Mer Égée, le sort des 20.000 réfugiés qui y sont retenus n’est guère plus enviable. Le camp de Moria, à Lesbos, était prévu pour 3.100 places et il en héberge 8.000. Une telle surpopulation impose «  des conditions de vie tragiques, indignes d’un pays européen » déplore le comité des personnels du camp, qui se sont mis en grève, faisant écho au constat identique du HCR. Les autorités grecques tentent d’accélérer le transfert sur le continent des réfugiés jugés éligibles à l’asile pour faire de la place, mais les arrivées en provenance de Turquie – 5.450 ces quatre derniers mois – sont plus nombreuses que les départs.

L’Espagne est entre-temps devenue la première porte d’entrée vers l’Europe. Depuis le début de l’année, 28.000 réfugiés y sont arrivés selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), provenant du Maroc, de l’Algérie et de la Côte d’Ivoire. Ils arrivent pour l’essentiel par mer et sont secourus par les gardes-côtes espagnols qui les débarquent en Espagne, à moins qu’ils ne réussissent à force d’opiniâtreté et de blessures à franchir la frontière terrestre protégée par les murs de barbelés affutés des enclaves de Ceuta et de Melilla.

À leur propos, le gouvernement espagnol, qui hésite dans sa conduite, s’est vu reprocher par le Conseil de l’Europe de pratiquer des expulsions collectives, interdites par la Convention de Genève, et de ne pas donner aux réfugiés le droit de déposer une demande d’asile et de recevoir une assistance juridique. Simultanément, il a redonné l’accès aux soins de santé du service public, abrogée par le précédent gouvernement du parti populaire (PP), à tous ceux qui se trouvent sur son sol, quelle que soit leur situation, régulière ou non.

La droite classique s’engage à son tour dans des campagnes xénophobes en Espagne, tentant de gagner du terrain électoral pour une prochaine occasion. La CSU rebondit sur le même terrain en Bavière, où les élections s’approchent, à l’occasion des manifestations de l’extrême-droite de Chemnitz. À l’inverse de son ministre de l’intérieur Horst Seehofer, Angela Merkel a dénoncé des « débordements qui ne sont pas tolérables, remplis de haine et visant des personnes », en référence aux agressions de migrants dans la rue et aux défilés de néonazis faisant le salut hitlérien. « La question migratoire – avait expliqué le ministre – est la mère de tous les problèmes de ce pays », affirmant qu’il serait « lui aussi descendu dans la rue » si son statut n’y avait pas fait obstacle.

Pour que le panorama soit complet, mention doit être faite du programme du nouveau mouvement qui se présente comme de gauche en Allemagne, Aufstehen ! (levez-vous !) dont la clarté n’est pas éblouissante à propos des réfugiés, et – faisant la distinction -, du nationalisme prétendument de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Quels tragiques renoncements !

18 réponses sur “L’ère des sans principes”

  1. Respectueusement !
    Vous vous trompez du tout au tout, M Leclerc sur les positions en lice sur le problème des migrations qui a fait irruption comme sujet N° 1 des politiques à l’échelle mondiale. Tout le monde n’est pas à mettre dans le même sac.
    D’abord se pose la question de savoir si des principes (nous avons très certainement les mêmes, M. Leclerc !) peuvent à eux seuls tenir lieux de politique.
    A l’évidence, non. Comme dit la remarque sur la morale kantienne, « c’est avoir les mains blanches mais pas de mains ». Quelle politique donc pour agir au mieux dans un monde où il n’y a pas de solution angélique. C’était clair jusqu’il y a peu,( confer les positions de Jaurès sur l’immigration ou de Blum sur soutien aux républicains espagnols).
    On en est plus là dans un monde qui a depuis plusieurs décennies suivi quasi unanimement la boussole du progrès. Patatras, celui-ci est devenu une boîte noire, il n’émet plus de signaux et semble une lumière en voie d’extinction (cf. Jorion).
    C’est dans ce contexte qu’émergeât la moralisation de la politique, mélange intrigant d’inébranlable bonne conscience et de culpabilité. C’est peu dire que ce stade dans lequel nous sommes immergés aujourd’hui jusqu’au cou produit des effets délétères.
    Des auteurs de haut niveau comme Gauchet, Smith, Sybony ont pu le démontrer de façon impeccable, rien n’y fait.
    Ce sont au contraire les intellectuels, les Médias, les politiques et les classes supérieures, qui n’ont que des avantages personnels à attendre d’une multiculturalisation brutale et massive, qui poussent à la roue bruyamment en lâchant leur mépris sur une prétendue extrême-droite raciste et xénophobe qui, en réalité, se survit à elle-même dans un relatif isolement.
    Sont en fait visées les classes populaires des centres de commandement de la mondialisation, en Europe comme en Amérique, qui ont quant à elles compris depuis longtemps la folie criminelle qui poussait à la roue de ce grand déménagement du monde qui n’est plus à démontrer mais bel et bien sous nos yeux. Lisez l’exemplaire ouvrage de Stephen Smith « La ruée vers l’Europe » (Grasset 2018), pour en mesurer toute la portée. Naturellement, ni lui ni moi ne parlons de « grand remplacement », sottise raciste de qui vous savez.
    Dans ce contexte, si personne ne prend en charge l’initiative politique du règlement de la question, pour le bien de tous, ce seront effectivement les brutes en kaki qui en profiteront.
    Comme les actuels dirigeants européens sont, au minimum, dans l’hypocrisie et la pratique sournoise, les yeux sur les tableaux de bord de l’économie. Démographie, vieillissement, hausse des salaires, ils optent pour ce en quoi ils excellent, l’immobilisme.
    Les populations autochtones qui subissent tout le processus, une concurrence agressive, une communautarisation de leur pays, l’échec quasi systématique de l’intégration, après avoir alerté en vain des responsables sourds en méprisants, se réfugient dans la censure systématique des élus. Certains, peu nombreux optent pour une violence qu’ils se représentent comme une auto-défense.
    Je ne pense donc pas qu’il soit de bon propos de stigmatiser les tentatives qui, à l’image de celle de Mme Wagenknecht, hautement réfléchie et mue par un courage assez rare, tentent de redresser la trajectoire mortifère ou nous entrainent, en premier lieu, les frappés de la mondialisation sauvage mais secondés par les bataillons irresponsables de l’humanitaire hors sol.
    Respectueusement

  2. Rien, absolument rien justifie de traiter ces gens comme ils le sont. Ce n’est pas seulement un point de vue moral, c’est une question hautement politique.

    Elle renvoie à ce que sont les pays et les régimes qu’ils fuient, à la responsabilité que les pays ex-colonisateurs portent et dont ils ne peuvent se dédouaner, à l’incapacité de leur proposer un projet d’ensemble assortis de moyens qui ne seraient pas confisqués, afin de leur donner un avenir en leur permettant de se prendre en main.

    Pour le reste, ne parlons pas de la pêche aux votes !

    PS : je ne suis pas tout à fait sur que nous défendons les mêmes principes.

  3. Il semble y avoir une instrumentalisation réciproque de la question de l’immigration. D’un côté celle d’une certaine droite, prêchant l’identité et une forme de xénophobie ; et de l’autre celle néolibérale à la façon Macron qui prêche une sorte de morale, pour donner un visage humain à la politique qu’il mène. Pas dupe le second, car, comme le cache à peine le patronat allemand, l’immigration est grande pourvoyeuse de main d’oeuvre, qui contribue largement à affaiblir le rapport de force entre Travail et Capital. Avez vous vu beaucoup d’immigrés venir manifester dans les defiles à l’occasion des dernières razzias sociales ? A cela devrait on se pencher un peu plus sur le modèle de développement « implémenté  » dans les pays d’origine, ayant affaibli les États à coup d’ajustement structurels menés depuis les années 80. …Oui, l’arrière fond politique est quand même intéressant à analyse, et pas seulement la catastrophe humanitaire, et les hypocrisies des uns ou des autres……

  4. Comme le fait remarquer Supiot, les néolibéraux veulent avant toute chose détruire l’État-social et ses solidarités institutionnalisées, pour « libérer » les forces du Marché suivant leur terminologie religieuse. En réaction, les classes populaires s’inventent de nouvelles solidarités, ethniques et/ou religieuses, mais qui contrairement à celles inclusives de l’État-social sont des solidarités de combat et d’exclusion.

    Rien de neuf sous le soleil, il suffit de se reporter à l’article II de la déclaration de Philadelphie pour deviner ce qui vient…

    https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_de_Philadelphie

  5.  » Je ne suis pas tout à fait sûr que nous défendons les mêmes principes. »
    M; Leclerc, je suis de la gauche libertaire, tendance Murray Bookchin ou David Graeber. Je vous lis depuis toujours et il ne m’a jamais semblé que vous puissiez avoir avec moi quelque différence que ce soit sur les principes.
    Bien sûr que rien ne justifie le sort fait aux migrants accostant sur nos territoires par quelque moyen que ce soit. Bien sûr, rien ne justifie l’irresponsabilité des pays d’accueil (non pas ex-colonisateurs mais bien toujours colonisateurs de plein exercice). Bien sur le sujet n’est pas la pêche aux votes mais bien la proposition d’une vraie issue à un drame qui n’a pas fini de nous occuper.
    Mais rien ne justifie non plus ce qui ne s’est jamais vu dans l’histoire des nations : l’ouverture inconditionnelle des frontières.
    Je vous ai repris sur certaines approximations qui ternissaient la fin de votre propos, par ailleurs fort juste ;
    Ce n’est pas pour vous contrarier mais bien parce qu’il me semble urgent d’être rigoureux.
    Croyez-vous vraiment que ces pays, d’Afrique, du Grand et Moyen Orient, d’Afghanistan et d’Arménie attendent qu’on leur propose « un projet d’ensemble assorti de moyens ».
    Quel paternalisme ! Je crois, moi, que ces pays, en tout cas leurs peuples, réclament avant tout que l’on cesse de diriger leur destin et qu’on leur propose non pas une aide mais une coopération. Ces populations sont parfaitement aptes de se prendre en main sans tuteurs;
    Il suffit juste de consentir à leur souveraineté, ce qui n’est pas prêt de se produire tant que les puissances prédatrices considéreront ces pays comme un terrain de jeu où ils s’affrontent par mercenaires interposés.
    Si, comme moi, vous êtes du côté de ces pauvres gens, ce que je crois sans peine, alors montrez-le, en dénonçant la racine de ces exodes, qui n’est pas la mauvaise volonté, justifiée, des populations des pays désignés pour l’accueil sans jamais avoir été consultés, mais les ravages non pas passés mais bien actuels que nos dirigeants opèrent sans vergogne en notre nom.
    Faites le, ensuite nous parlerons des remèdes.
    Respectueusement

    1. Dont acte, vos références sont honorables ! Ayant été mêlé à certains épisodes ce que si s’appelait à l’époque la révolution coloniale, et ayant vécu dans des pays dits « sous-développés »ou « émergents », j’ai pleinement conscience des ravages que le capitalisme continue a y produire. Mais je crois que dans ce domaine, comme dans les autres, l’essentiel est aujourd’hui de formuler des alternatives. Car ces révoltions ont avorté. Et, bien entendu, de coopérer étroitement avec ceux qui les cherchent, chez eux et sur le terrain. Cela implique une sérieuse réorientation des politiques dites de développement !

      PS: Laissez tomber les respects !

      1. Des alternatives ? A la volonté de s’enrichir et de vivre dans le confort et l’abondance ainsi que la sécurité ? Car le développement est bien dans ces objectifs n’est-ce pas ? J’ai bien peur que si vos alternatives ne répondent pas à ces questions là-bas surtout, que tout cela relève du voeux pieux ou du fantasme.

        L’exemple comme d’habitude, en plus de continuer à piller les ressources, nous donnons le très très mauvais exemple.

        Sinon quelqu’un sait où on peut passer son permis de bonne conduite de gauche ? En fait cela m’a fait sourire.

        1. « Sinon quelqu’un sait où on peut passer son permis de bonne conduite de gauche ? »
          Passer…? Non, ils achètent des points ! 🙂

    2. « Mais rien ne justifie non plus ce qui ne s’est jamais vu dans l’histoire des nations : l’ouverture inconditionnelle des frontières. »

      Mince qui sont ces mecs que tu cites Bonobo, connais pas, je préfère les musiciens. FL dit que ce sont de bonnes références, fichtre. Moi je suis juste un observateur du monde.

      Ben faut un Etat pour assurer les frontières mon cher, ce qui est assez antinomique avec l’un des concepts central de la gauche libertaire au passage à ce que j’ai retenu. C’est quoi cette référence à ce qui serait « l’histoire des nations ».

      Mais si, mais si, l’abolition des frontières est le principe même de la liberté et de l’égalité pour tous les Hommes.

      1. Cloclo !
        La gauche libertaire est une vaste maison où, entre autres, il y a des no-border, qui sont loin d’être majoritaires. L’immense majorité des libertaires au sens large, (je ne parle pas des anarchistes, qui sont des idéologues et pèsent peanuts) sont des internationalistes, comme moi. Ce qui signifie qu’ils considèrent, pour aujourd’hui, l’existence des frontières comme nécessaire; Pourquoi ? Pour protéger les différences et leur permettre d’évoluer en sécurité. Ce qui est le contraire d’une fermeture, parlons plutôt d’ouverture organisée. Un exemple ? Vous avez un corps, je suppose , Et à la périphérie de ce corps, il y a bien une peau ? Voudriez vous qu’on vous l’enlève ? Non, bien sur car vous savez qu’elle assure la protection de votre organisme et les échanges indispensables sans lesquels vous ne vivriez pas 5 Mns.
        C’est une frontière.
        On peut certainement rêver d’autre chose mais aujourd’hui, hic et nunc, ce sont et pour longtemps encore les frontières qui assurent l’existence des nations et les nations qui assurent à la fois la diversité et les échangent au sein de l’humanité.
        Les seuls mondialistes conséquents sont aujourd’hui les impérialistes de l’argent-roi. Il y a danger à les côtoyer !
        Cordialement !

        1. Si vous en êtes encore à considérer les frontières territoriales comme la peau ou la membrane des cellules du corps, et que vous en faites la justification de votre absence de raisonnement, comment dire, cher bonobo, elle est mal la gauche libertaire. Mais en fait je m’en fous un peu, je vous laisse à vos analogies biologique, d’autres avant s’en sont bien servit aussi, vous savez ceux d’en face, les bruns et les noirs. Relisez-vous avec attention en personne sincère et honnête avec elle même surtout votre phrase ci pour bien en comprendre la bêtise :

          « ce sont et pour longtemps encore les frontières qui assurent l’existence des nations et les nations qui assurent à la fois la diversité et les échangent au sein de l’humanité. »

  6. « Je ne suis pas tout à fait sûr que nous défendions les mêmes principes »
    M. Leclerc, je suis de la gauche libertaire, tendance Murray Bookchin ou David Graeber. Je vous lis depuis le début en 2011, et je ne vois pas en quoi nous pourrions diverger sur l’essentiel, je veux dire les choix éthiques. Je crois que nous sommes tous les deux des hommes de bonne volonté mais ce n’est pas pour autant que nous allons être d’accord sur tout.
    Donc on devrait pouvoir discuter sans dériver sur des querelles personnelles.
    Je ne suis pas d’extrême- droite, si c’est ce que vous sous-entendez et si tout le monde en avait fait autant que moi contre ceux-ci, y compris dans l’engagement physique, celle-ci n’en serait pas là.
    Cela dit, bien sûr que rien ne justifie que « ces gens » ne soient pas traités dignement, bien sûr que la responsabilité de nos pays est écrasante et même première (mais nous ne sommes pas d’ex-colonisateurs mais bien les maîtres actuels, plus puissants que jamais même si agissant par fantoches interposés).
    Mais «leur proposer un projet d’ensemble assortis de moyens qui ne seraient pas confisqués », excusez-moi mais je trouve cela un peu condescendant. Passons sur le fait que « nous » en sommes manifestement incapables, je crois qu’avant de songer à bâtir, il convient d’abord de cesser de détruire comme on le fait partout (exemple du Soudan, cassé en deux en 2012 pour simplifier l’extraction pétrolière).
    René Dumont disait en 1973 que « L’Afrique noire était mal partie ». Force est de constater aujourd’hui qu’elle en est toujours au même point, 45 ans plus tard. Rien ne fonctionne, malgré des populations dynamiques et branchées, une économie prometteuse, des capitaux suffisants et des richesses surabondantes.
    Qu’est-ce qui coince ?
    Bien sûr, la gouvernance : la corruption est partout et elle est notre œuvre. Les capitaux et les matières premières partent et les armes rentrent. Dès qu’une tête s’élève contre, on la coupe comme celles de Lumumba ou de Sankara. Et ça dure depuis 45 ans.
    Quoi de plus logique donc que si l’Afrique est à l’arrêt, ce soit les africains qui se mettent en mouvement.
    Ce ne sont pas des réfugiés, comme vous le dites à tort. Le réfugié est une personne qui fuit un danger immédiat et temporaire pour trouver un lieu sûr, dans l’espoir d’un retour. Ce que le monde vit aujourd’hui s’appelle des migrations et ces vastes mouvements sont déterminés par une logique que nous subissons tous : La polarisation de l’économie mondiale, à l’échelle des continents, des pays et des sociétés. Et, sauf si on est économiste, on comprend de suite ses raisons ; C’est le cœur de système qui fonctionne :
    Quelle surprise, l’extraction privative de richesse est à l’œuvre partout et le monde se transforme en riches et pauvres !
    Nous avons le même problème que ces pauvres gens. Mais c’est faire preuve d’une réelle cécité et arrogance postcoloniale de faire croire que « nous avons les moyens de les accueillir ». Nous n’avons plus ces moyens, ni financiers, ni organisationnels ni culturels. L’intégration est impossible, seule est pronosticable la création d’une nouvelle couche sous-prolétarisée, une classe d’intouchables, méprisés, exploités et martyrisés qui signera également la fin pour tous de nos valeurs d’humanité et d’espérance.
    Pour le profit du 1%.
    Qui voudra éteindre les Lumières ?

    1. @bonobo
      Bonjour,
      Je vous avoue être perdu dans vos références à la gauche libertaire tendance bidule ou machin.
      Par contre et pour faire court – et sous réserve de vous avoir bien compris – nous pouvons être d’accord sur un point : le système capitaliste a foutu un  »gros bordel » partout, continue de le faire et ce n’est pas près de s’arranger avec les problèmes environnementaux qu’il génère et qui nous arrivent dessus au galop, etc … Il faudra trouver des solutions pour rétablir tout cela mais en attendant, que fait t’on ?

      Vous écrivez :
       »« Mais rien ne justifie non plus ce qui ne s’est jamais vu dans l’histoire des nations : l’ouverture inconditionnelle des frontières. » ».
      La population mondiale était d’environ 2 milliards d’individus en 1930, 4 milliards en 1975. Nous serions environ 7,5 milliards actuellement et nous devrions atteindre environ 9 milliards en 2050.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#Projections_de_la_population_mondiale_jusqu'en_2100

      Le problème n’est pas l’ouverture inconditionnelle des frontières mais la souffrance de certaines populations (guerres, famines, …) qui les poussent à fuir.
      Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est peanuts par rapport à ce qui va arriver d’ici 30 ans au vu d’une part de l’augmentation de la population mondiale attendue et d’autre part du cumul de problèmes non-résolus et à venir.

      Nous sommes en situation d’urgence, ces gens sont en situation d’urgence, les frontières exploseront sous la pression de la souffrance de ces populations à moins de ceinturer l’Europe d’un mur de 5 mètres équipé de miradors et tirer sans sommation sur les quelques rescapés d’une périlleuse traversée de la méditerranée.
      Ce sera la terrible conséquence du repli sur soi.

      Non seulement en Europe et au dela (Canada, …) nous avons les moyens de les accueillir (c’est un choix politique, etc …) mais nous en avons le devoir à moins d’accepter de plonger le monde dans un chaos sans fond avec des images insoutenables au 20 heures.

      1. Avez vous vu un film sorti il y a quelques années qui s’appelait  » lets get money « . Toujours très visible et d’actualité. Moi aussi ayant vécu 10 ans dans un pays qu’on appelait « en voie de développement », puis classé PMA, et aujourd’hui qu’on veut qualifier d' »émergent » (notez la condescendance), j’ai en effet le sentiment que nous sommes tous sur le même bateau. Frontières ou pas frontières, oui frontières tant qu’on n’aura pas résolu un minimum pas mal d’obstacles politiques et culturels… et j’ai comme le sentiment qu’il y en a encore pour un bout de temps. A commencer par supprimer ce système néolibéral, qui même au sein d’une entité relativement homogène à l’échelle du monde comme les pays européens, réussit à la fragmenter et à la disloquer. Là, si ce système est maintenu, peut être que le Brexit paraitra précurseur pour les historiens futurs…(si la planète nous laisse ce temps)….

      2. Bonjour,
        Vous focalisez, à tort me semble-t-il sur le problème démographique.
        Les projections que vous avancez sont exactes, mais il est prévu une inflexion de la courbe (cf Pierre Noël Giraud in « l’homme inutile » Odile Jacob 2015) puis une redescente. Tout cela si naturellement nous savons la gérer.
        J’ajoute que ces masses, si nous ne faisons rien, irons se concentrer sur une superficie d’environ 10% du globe. Mais pourquoi accepter cette désertification de la planète ? Ne peut-on pas vivre ailleurs que dans des mégalopoles ? Même en Afrique, sur le front du réchauffement, des solutions existent pour inverser le processus. Savez vous que le Sahara, entre – 10000 et – 6000 avant JC était une zone humide et habitée. Regardez ce qu’est devenue la France en à peine six décennies : vingt métropoles et un désert rural alors qu’elle était un modèle d’aménagement ! Ne regardez pas le « cumul de problèmes non résolus » de manière si défaitiste et souvenez-vous que lorsque « croit le danger, croit aussi ce qui sauve  » Benjamin.
        C’est vrai que nous avons peut-être trente années disponibles pour devenir intelligents, ce qui est peu mais pas impossible.
        De toute façon, ne pas redresser l’Afrique (1 milliard,2 H de tête) et ouvrir les frontière sera très exactement ce que vous redoutez : un chaos sans fond avec des images insoutenables au 20 heures.
        Cordialement !

    2. Bonobo écrit :

      « Nous n’avons plus ces moyens, ni financiers, ni organisationnels ni culturels. L’intégration est impossible, seule est pronosticable la création d’une nouvelle couche sous-prolétarisée, une classe d’intouchables, méprisés, exploités et martyrisés qui signera également la fin pour tous de nos valeurs d’humanité et d’espérance. »

      Qui est ce NOUS ? Qui n’aurait pas les moyens ? L’Europe qui en tant qu’Union Economique est la première puissance mondiale, La France 5 ième puissance mondiale ? Les pays riches n’ont pas les moyens d’accueillir quelques millions d’êtres humains dans la pleine force de l’âge avec l’envie de sortir de la pauvreté et de la violence ? Ah bon, Bonobo, vous m’en direz tant. Il n’y a pas les infrastructures et les biens en quantité pour accueillir tous ces gens ? Mensonge mon bon bonobo, jamais, à aucun moment de l’Histoire Européenne ces terres n’ont été aussi riche et gavé de biens et services, et cela ne pourrait pas être offert à quelques millions de plus ? Et ils sont tellement débiles qu’ils ne peuvent pas s’intégrer en plus ? Mais franchement Bonobo votre discours il a quoi de spéciale qui le différencie de celui des abrutis de l’extrême droite ? Moi je ne vois pas mon cher. A part votre liste de types honorables selon FL dont vous vous réclamez, je ne vois pas.

  7. Vilipender Mélenchon, c’est faire le jeu du système en place, qui systématiquement nous a matraque sur une prétendue symétrie entre lui et l’ex-front national. Ceux (les journalistes) qui l’on fait peuvent être qualifiés de malhonnêteté intellectuelle ( ou de bêtise, ça existe aussi). L’enjeu aujourd’hui c’est qu’elle doit capable de s’unir sur des objectifs communs, au lieu de continuer à se diviser lamentablement. Notez qu’à ce sujet la droite à moins ce problème, car sont intérêt commun pour préserver ses privilèges d’argent cree plus facilement une union sacrée, en plus qu’elle dispose de plus de moyens….

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