Pris en otage, 177 réfugiés attendent toujours sur le pont du garde-côtes italien Diciotti, désormais à quai à Catane. Vu leur âge, presque tous ont fui un enrôlement obligatoire dans l’armée éthiopienne – le pays sortant tout juste de vingt ans de guerre avec l’Érythrée – et sont éligibles à l’asile politique.
L’ultimatum de Luigi Di Maio annonçant faute d’accord de répartition des réfugiés la réduction de la contribution italienne au budget communautaire a été balayé par les autorités de Bruxelles. Puis ignoré par les 12 sherpas de pays membres de l’Union qui s’y réunissaient, préférant se concentrer sur la recherche d’une solution pérenne de répartition, et non plus au coup par coup, sans y parvenir.
Cette situation est condamnée par le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU dans un communiqué : « Il est dangereux et immoral de mettre en danger la vie des réfugiés et des demandeurs d’asile pendant que les États se livrent à une lutte politique pour trouver des solutions à long terme ». Mais c’est pour la gloire !
Ce bras de fer est d’autant plus honteux que le flux des réfugiés s’est tari et que l’engagement demandé est très limité. Mais le conflit est politique. C’est à qui se montrera le plus inflexible pour satisfaire son opinion publique au lieu de combattre ses plus sinistres penchants. Craignant qu’en cas de réouverture intempestive d’une route de l’exode son engagement fasse jurisprudence. Et si le discours xénophobe de Matteo Salvini est à vomir, l’hypocrisie des dirigeants européens, qui ont créé les conditions de son succès en laissant seuls les Italiens face à l’afflux des réfugiés, n’a rien à lui envier.
Incapable de manifester en son sein une réelle solidarité financière, cette Europe est tout autant démunie vis-à-vis des réfugiés, et la référence à ses valeurs dans ce domaine n’est qu’un impudique exercice de style. Sur ce terrain, ses dirigeants sont disqualifiés.
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