À la recherche d’indices fiables permettant d’établir sa politique monétaire, des économistes de la Banque d’Angleterre (BoE) reconnaissent sur leur blog qu’il est « crucial d’utiliser d’autres indicateurs que les chiffres de croissance officiels ».
La mise en cause de ces derniers n’est pas nouvelle, le taux de croissance étant l’indice le plus décrié. Elle traduit la profonde incertitude dans laquelle se trouvent les banquiers centraux qui les incite à une grande prudence que l’on ne peut ignorer. Mais rien ne va plus si les sauveurs en dernier ressort du système financier reconnaissent ne plus pouvoir évaluer la situation de l’économie.
Avec ses références justificatives à l’appui, une solution de remplacement est évoquée. En substance le prix des métaux, puisque ses fluctuations reflètent étroitement le niveau d’activité. En l’occurrence, il est fait référence au prix du cuivre – un métal omniprésent dans la production industrielle – qui a chuté depuis le début de l’année et qui pourrait la mesurer mieux que les chiffres officiels trompeurs de la croissance. Après tout, une telle démarche n’innoverait pas, les recherches sur l’économie chinoise ayant eu coutume pendant tout un temps d’adopter comme indice de la croissance la production d’électricité du pays.
Ce n’est pas tant la suggestion des blogueurs de la BoE qui incite à la réflexion. Mais le fait que le taux de croissance dont les imperfections ont été largement documentées ait pu aussi bien résister à tant d’assauts sans être remplacé.
La seule explication logique semble devoir être que puisque les théories économiques officielles sont dépassées par les évènements, la crédibilité des indices utilisés importe peu…
Aussi, que penser d’un indice des prix unique alors que la structure de la consommation des ménages dépend de leurs revenus ? Au Brésil, cinq indices différents sont publiés pour le prendre en compte. Comment comparer les taux de chômage entre pays, dont le calcul est effectué suivant des modalités différentes, alors que le taux d’emploi plus simple et rigoureux le permet aisément ?
Un second enseignement peut être tiré de la suggestion d’utiliser comme indicateur avancé le cours du cuivre. On se souvient avoir remarqué en début d’année que le comportement de l’indice VIX, surnommé « l’indice de la peur » et mesurant la volatilité sur les marchés, avait suscité de fortes craintes parmi les analystes financiers. Non pas en raison de ses variations frénétiques, qui annoncent de grands bouleversements de marché, mais au contraire de sa faiblesse durable. Que cachaient ces eaux dormantes s’est-on alors demandé suspicieux dans les salles de marché ?
Les analystes sont tellement persuadés qu’une nouvelle crise imprévisible est devant eux, sans en connaître l’origine, qu’ils sont tentés de voir le mal partout, pourrait-on conclure de cet épisode. Car finalement il ne s’est rien passé. Les économistes, eux, n’ont pas voulu courir le risque d’être une nouvelle fois pris par surprise. Tous sont bien à plaindre, ne disposant pas des outils permettant de décoder un système financier devenu de plus en plus indéchiffrable.
La recherche d’indices fiables n’est il est vrai pas chose aisée. Les cours du cuivre dépendent en effet du taux de change, car il est libellé en dollars. Quant au VIX, des produits financiers dérivés qui lui sont liés sont vite apparus lorsque les spéculateurs y ont vu leur intérêt. Détourné, son interprétation a été faussée…
L’indice du chômage de l’INSEE, calculé selon la méthode du BIT permet de considérer qu’une personne qui a travaillé une heure au cours d’une « semaine de référence » n’est pas demandeuse d’emploi.
Qu’est-ce qu’un tel indice a à voir avec la réalité ? Nous ne sommes plus à l’époque ou l’option était binaire : avoir un CDI à temps plein ou être au chômage.
Prendre l’emploi comme indice ne vaut pas mieux si l’on considère qu’une personne qui a travaillé une heure par semaine lors d’une « semaine de référence » est en emploi.
Il s’agit non pas de mesurer le chômage ou l’emploi mais d’utiliser un indice qui mesure tout autre chose : le nombre de personnes qui ont ou qui n’ont pas travaillé au moins une heure lors d’une « semaine de référence ».
Le système capitaliste a mis en place quelques leurres, des indices utiles à sa politique, des plans comptables renouvelés qui ne reflètent pas la réalité, un nouveau langage ou les mots sont manipulés…bref un monde d’illusion pendant que dans le même temps des milliards ne peuvent satisfaire des besoins primaires, boire de l’eau potable, manger à sa faim, se cultiver…
Ce système à même inventé une horloge qui prédit que nous allons dans le mur et alors ? concrètement sur quels indices se basera-t-il pour enfin prendre en compte le changement climatique et la menace des bombes nucléaires ?
merci pour vos articles.