Quel va être le grand sujet de la rentrée pour les dirigeants européens qui n’en ont pas manqué ces derniers temps sans parvenir à s’entendre ? L’Italie semble bien partie pour tenir l’affiche, une fois qu’ils auront soufflé un peu.
En attendant, le président du Conseil italien Giuseppe Conte multiplie les déclarations apaisantes. Giovanni Tria, le ministre des finances, n’est pas en reste en assurant benoitement que les réformes prévues par le gouvernement sont « compatibles » avec les engagements italiens pris auprès de l’Union. Le gouvernement italien cherche visiblement à donner le mauvais rôle à Bruxelles tout en mettant un pied dans la porte pour que d’autres puissent à leur manière la pousser, si toutefois ils s’y osent.
La mise en forme du budget 2019 bat son plein, porteuse en réalité de fortes incertitudes. Au centre des tractations engagées, figure la manière de concilier la réforme fiscale de la Ligue, le revenu universel du Mouvement des 5 étoiles et le respect des prévisions de déficit budgétaire, pour ne pas faire de mécontents avoués. Avec comme objectif de rendre les arbitrages le mois prochain. Mais la tâche s’annonce rude, le gouvernement ayant déjà revu à la baisse sa prévision de croissance, à 1,2% pour cette année, au lieu de 1,5%. Il est clair qu’il va falloir y aller par étapes, afin de repousser le moment où cela coincera.
Le gouvernement ne prépare pas une rupture, qu’il ne cherche pas, préférant tirer le sparadrap par petits coups successifs. S’il y est poussé, s’y résoudra-t-il en faisant reposer la responsabilité sur les autres ? Il a déjà montré avec les réfugiés qu’il a trouvé dans le chantage une arme efficace et va être tenté de s’en resservir. La zone euro pourrait-elle survivre à un départ en catastrophe de l’Italie ?
Luigi Di Maio a besoin de reprendre la main à l’intérieur du pays dans le contexte de la campagne xénophobe menée par Matteo Salvini, avec qui il partage la co-présidence du Conseil, dont il ne s’est pas démarqué. La réforme de l’impôt et la lutte contre la pauvreté sont, affirme-t-il, devenues l’urgence du moment, afin de tenter un changement de terrain face aux progrès électoraux de la Ligue dans les sondages. Il rappelle que « cinq millions de personnes vivent dans la pauvreté absolue » et affecte la sérénité vis-à-vis de Bruxelles : « il n’y a pas besoin de se déchirer avec l’Union européenne, mais il faut instaurer un dialogue fort et sincère pour être en mesure d’obtenir certaines choses ». En attendant son démarrage, le gouvernement italien a obtenu l’annulation à la Chambre des députés puis au Sénat du « Jobs Act » de Matteo Renzi qui assouplissait le « marché du travail » en accord avec les préceptes de l’ère du temps.
Et « les marchés », comment se comportent-ils dès à présent ? Le « spread » entre les taux italien et allemand à dix ans, qui fait référence, a eu un coup de fièvre en mai dernier, mais s’est depuis détendu. La semaine dernière, « ils » se sont à nouveau manifestés et le spread a de nouveau augmenté devant l’échéance budgétaire qui se présente. Ce n’était donc que partie remise.
Apparemment, déjà une bonne nouvelle pour le « job act ». Mais le plat de résistance est pour la rentrée. Comment concilier l’objectif de lutte contre la pauvreté et si j’ai bien compris, une réforme fiscale plus inégalitaire et globalement diminuant les recettes de l’Etat ? Le contexte de prévision de diminution de croissance ne va pas aider. En tout cas, à suivre !
J’ai essayé de comprendre les tenants et les aboutissants de la flat tax à l’italienne ( https://it.wikipedia.org/wiki/Flat_tax#In_Italia ) mais je suis incapable d’en faire la description…
Deux aspects me semblent importants:
– elle a été présentée aux électeurs comme une baisse des impôts sur le revenu
– elle n’est pas réellement « flat » puisqu’il est tenu compte du nombre de personnes dans chaque foyer et de leur revenu (dont il serait déduit une partie avant d’y appliquer un taux de 15%.)
La traduction de quelques paragraphes de wikipedia donne une idées des débats électoraux à ce sujet:
La proposition la plus récente de taxe forfaitaire en Italie est celle lancée à l’occasion de la campagne électorale de mars 2018, par la coalition de centre-droit, en particulier le leader de la Ligue, Matteo Salvini, et le leader de Forza Italia, Silvio Berlusconi. Cette proposition s’inscrit dans un contexte italien qui est loin d’être flatteur, comme en témoignent les données publiées en 2017 sur l’évasion fiscale en Europe, où l’Italie occupe la première place. Selon les données pour 2017, l’Italie occupe la sixième place parmi les pays de l’OCDE où la charge fiscale est la plus élevée. Le Danemark, la France, la Belgique, la Finlande et la Suède, qui sont en tête, ont tous des services publics beaucoup plus efficaces que l’Italie. La combinaison d’une fiscalité élevée et de services publics faibles entraîne une forte évasion fiscale, à tel point que l’Italie a la plus forte évasion fiscale en Europe. L’évasion fiscale serait imputable en partie à la combinaison d’une mauvaise éthique publique et de contrôles inefficaces, et en partie due à la charge fiscale excessive, en particulier pour les entreprises. En outre, la grande complexité du système fiscal constitue une incitation à l’évasion fiscale :
« La Cour des comptes elle-même certifie un chiffre monstrueux qui avait déjà été calculé par la confédération des artisans (Confartigianato): une entreprise de taille moyenne supporte une charge fiscale globale de 64,8 %, soit près de 25 points de plus que la moyenne européenne (40,6). C’est pas mieux non plus pour le coin fiscal [?] qui, à 49%, est supérieur de dix points à la moyenne continentale. Et si la pression des autorités fiscales, qui a été statistiquement de l’ordre de 43% ces dernières années (à une décimale près), est inférieure à celle du Danemark, de la France, de la Belgique, de la Finlande et de l’Autriche, on ne peut s’empêcher de considérer qu’elle est soutenue par un nombre de contribuables beaucoup plus faible. Sans parler de la qualité des services offerts à ce prix aux citoyens italiens ».
Face à ces données, seule une simplification et une réduction drastique de la charge fiscale peut encourager le paiement des impôts, combinée à un renforcement des contrôles.
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