Entrés dans le mois d’août, les marchés somnolent. C’est particulièrement le cas du marché obligataire, à une exception près toutefois, celle de la dette italienne. Des tensions sont enregistrées sur son taux à dix ans, qui a nettement progressé jeudi à 2,913% contre 2,780%, à un niveau qui reste faible.
Ce blog n’étant pas particulièrement dédié à la chronique des marchés, soulever cette anomalie vaut pour ce qu’elle annonce. À quoi les marchés ont-ils donc réagi ? Au démarrage des discussions budgétaires au sein du gouvernement de coalition, sous la responsabilité du Premier ministre Giuseppe Conte. Et il peut en être attendu une grande nervosité vis-à-vis des titres souverains italiens, au fur et à mesure que les arbitrages budgétaires se présenteront et seront rendus.
Quelle attitude le gouvernement va-t-il adopter, après que Giuseppe Conte se soit répandu en paroles apaisantes, sachant son isolement au sein du gouvernement et son absence de troupes ? Peut-il imposer une politique en s’appuyant sur son ministre de l’économie Giovanni Tria ? Les promesses électorales des deux partis peuvent être échelonnées mais pas abandonnées, et la volatilité du marché obligataire s’annonce forte. Chaque nouvelle est susceptible de provoquer des évolutions importantes des rendements sur un marché de la dette italienne où les volumes ne sont pas importants.
Les marges de manœuvre sont étroites et la campagne xénophobe en cours ne va pas pouvoir éternellement faire diversion. L’attente des électeurs de la Ligue et du Mouvement des 5 étoiles est très forte, comment y répondre tout en évitant l’affrontement avec Bruxelles ?
Dans l’immédiat, une autre occupation a été trouvée. Le principe du système des dépouilles (spoils system) n’est pas réservé aux États-Unis. Tout nouveau gouvernement, qui doit pouvoir compter sur la loyauté de ses hauts fonctionnaires, en désigne de nouveaux supposés fidèles. Ce grand mouvement est également en vigueur en Italie, donnant de quoi s’occuper aux ministres avec des substitutions dont la vocation affichée est de changer les règles du jeu politique, mais qui commencent leur office dans la plus pure tradition.
Quoiqu’il en soit, 2019 est l’année des élections européennes, et l’on ne voit pas comment un grand débat sur l’état de la construction européenne et sur son avenir pourrait être évité. Le train-train qui anime le futur parlement européen va devoir être abandonné, et il faut s’attendre à une montée de l’extrême-droite xénophobe et raciste dans ses rangs. Est-ce que cela laissera la place à la formulation d’un plan B de relance européenne qui rompe avec la doxa néolibérale ?