Elle n’en est qu’à ses premiers engagements, mais les menaces de déclenchement de « la pire guerre commerciale de l’histoire » dénoncée par les autorités chinoises se précisent. Et, de la même manière que la crise financière mondiale s’est vite prolongée par une crise économique, sociale puis politique, cette guerre pourrait de commerciale devenir également monétaire.
Les accusations de manipulation des monnaies de Donald Trump à l’encontre des autorités chinoises et européennes sautent sans attendre allègrement ce pas. Et les dirigeants des BRICS, réunis à Johannesburg, s’emparent du sujet en discutant du développement des échanges commerciaux entre eux, dans leurs monnaies nationales afin d’en exclure le dollar. Nous n’en sommes certes qu’à de tous premiers préparatifs.
Le président américain vilipende ses « ennemis » et ne veut pas voir que ses propres décisions sont à l’origine de la baisse de 8% du yuan par rapport au dollar américain, qui profite aux exportations chinoises qu’il voudrait brider. Durant les mêmes six derniers mois, le dollar s’est enchéri de 6% par rapport à l’Euro, la BCE se défendant de toute responsabilité à cet égard.
Sous l’effet des mesures de relance américaines, dont une importante baisse de l’imposition des entreprises, la croissance a repris des couleurs, entraînant celle de l’inflation et conduisant la Fed à augmenter ses taux. Ce qui a conduit le président américain, qui maîtrise mal les conséquences de ses décisions, à exprimer vertement son mécontentement. Car des taux plus élevés rendent le dollar plus attractif pour les investisseurs, nourrissant sa hausse.
Les dirigeants chinois, c’est de bonne guerre, ont laissé filer le cours du yuan afin de favoriser leurs exportations mises à mal par les taxations déjà intervenues et annoncées (les États-Unis absorbent un cinquième des exportations chinoises). Ils démentent toutefois toute manipulation de leur monnaie.
Pour contrebalancer les effets des mesures américaines sur leurs exportations, qui vont peser sur leur croissance déjà affaiblie (6,7% officiellement), ils ont choisi d’injecter dans leur système bancaire l’équivalent de 63 milliards d’euros afin de soutenir l’activité et l’emploi, dont la baisse est leur hantise en raison des mouvements de contestation qui pourraient sinon en résulter. Et le paquet de mesures de relance est encore réduit mais pourrait si nécessaire être amplifié. Il n’y a aucune preuve de manipulation a estimé Maurice Obstfeld, le chef économiste du FMI, venant à la rescousse des dirigeants chinois.
Depuis 2015, les autorités chinoises ont multiplié les mesures destinées à réduire un risque financier grandissant en raison de leurs injections massives de liquidités dès le début de la crise financière, et du rôle grandissant et non maitrisé du shadow banking, dont les effets positifs l’emportaient sur les dangers. La côte d’alerte avait fini par être dépassée et l’heure de l’assainissement arriva. Le crédit fut freiné, les coûts de refinancement sur le marché interbancaire surenchéris, le ménage fait chez les régulateurs et de nombreuses nouvelles régulations décidées.
Trois « batailles décisives » avaient été engagées, contre les risques financiers, la pollution et la pauvreté, mais les autorités ont changé de pied par rapport à la première. Elles ont privilégié l’injection de liquidités à une dévaluation compétitive qui susciterait une fuite des capitaux.
Pour en revenir au système monétaire, abandonner le privilège qui a fait du dollar la principale monnaie de réserve internationale, contribuerait à remettre les pendules à l’heure. Mais une telle démarche est inconcevable, car c’est en vertu de ce statut que les Américains financent leur énorme déficit budgétaire, que Donald Trump vient encore d’accroître. Ses mesures ont un incontestable effet sur la croissance, qui est dopée, mais les analystes s’interrogent : est-ce ou non un feu de paille ?
Quoi qu’il en soit, si la guerre des monnaies n’est pas encore déclarée, elle s’inscrit dans la dynamique de la guerre commerciale. On n’en parle jamais innocemment. Et l’on notera qu’une nouvelle fois c’est en accroissant l’endettement qu’une croissance stabilisatrice est recherchée, créant ultérieurement un problème pour régler un problème immédiat. Après les États-Unis, la Chine…
Fantastique. Trump dit (à répétition) « je veux améliorer la balance commerciale avec la Chine ». Il prend une série de mesure qui amènent le USD à s’apprécier fortement par rapport au Yuan, ce qui accomplit exactement son objectif affiché avant même de connaitre l’issue des négociations. Vous modifiee donc son objectif en « brider les exportations chinoises » (le jeu de mot raciste est de vous), ce qu’il n’a jamais dit, et en concluez « qu’il ne sait pas très bien ce qu’il fait ».
Ce mouvement est un marqueur classique de dissonance cognitive. Les experts politiques pensaient tous que Trump candidat ne savaient pas très bien ce qu’il faisait: il les a rificulisé. Heureusement les experts économiques ont bien retrnu la leçon de leurs compères et nous explique en dehors des faits que Trump , en économie, ne sait pas très bien ce qu’il fait. Un des plus beau gradé de l’économie, Paul Krugman, nous a d’ailleurs bien prévenu que des 2017 il fallait tout shorter si Trump passait car il y aura un effondre…
Oh hum, ok.
Et donc comme ça vous reprenez le flambeau? Je vous préviens, cette petite flamme qui vacille dessus on sait au moins une chose à son propos: ce n’est pas celle de l’intelligence
(Et il ne faut pas confondre ce qui précède avec un plaidoyer pro Trump. C’est justement le contraire, tant qu’il sera sous estimé, il aura un avantage. C’est un agent souvent très efficace du monde droite, centré sur l’argent et lam’enrichissement des plus riches sur les plus pauvres.(
Honni soit qui mal y pense !
https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/brider/
« Nous n’en sommes certes qu’à de tous premiers préparatifs. »
Préparatifs ?
Il me semblait avoir lu que les Chinois et les Russes avaient créé des chambres de compensation pour échanger en monnaies nationales.
La monnaie est toujours le recto du verso commercial. La question sous-jacente aux équilibres monétaires et commerciaux est la finalité des échanges et de la production. Le motif de la production et de la vente est-il l’accumulation de créances sur des acheteurs afin de les dominer, de les posséder ou de les exclure ? Ou bien le motif du calcul économique est-il le meilleur bien-être possible à long terme, pour l’acheteur quel qu’il soit, comme pour le vendeur du réel effectivement produit ?
Pour la république impériale des États-Unis, la question se pose plus subtilement. L’hégémonie du dollar élimine de fait la finalité des échanges dans le bien-être universel à long terme. Le souci des États-Unis est de prolonger le plus longtemps possible la fiction d’un dollar aussi valeureux qu’un bien réel. Le capitalisme étatsunien ne cherche pas à posséder le monde par l’accumulation de créances réelles sur l’étranger mais par des créances virtuelles des étrangers sur les États-Unis que sont les dépôts en dollar détenus par les étrangers.
Un dépôt étranger en dollar est une créance virtuelle parce que les États-Unis ne peuvent pas la rembourser par un bien réel qu’ils sachent produire, mais par une perte ou une non-valeur qu’ils s’abstiendront d’infliger à leur créancier s’il s’engage à ne pas demander de contrepartie réelle étatsunienne aux dollars qu’il détient. La présence mondiale des militaires et espions étatsuniens, l’hégémonie du droit anglo-saxon et l’interdiction technologique de la souveraineté informationnelle et financière vise à interdire la monétisation, donc la valorisation par l’échange de tout bien qui ne soit pas produit et contrôlé par l’oligarchie du dollar.
La finalité du système libéral étatsunien mondialisé par le dollar est de rendre impensable la production d’un bien universel partageable et négociable qui oblige l’oligarchie mondiale à rembourser ses dettes réelles aux peuples et aux citoyens. La guerre des monnaies est un état de guerre économique : elle rend la paix et la justice économiquement impensables afin que les créances virtuelles de tous ne viennent pas réduire la toute-puissance irréelle de quelques-uns.
« La guerre des monnaies est un état de guerre économique : elle rend la paix et la justice économiquement impensables afin que les créances virtuelles de tous ne viennent pas réduire la toute-puissance irréelle de quelques-uns. » Vous en révélez trop ou pas assez!…Une suite me paraît nécessaire ou au moins un éclairage indispensable!
La guerre des monnaies est la négation a priori de la possibilité d’un critère partageable et équitable de la plus-value ou de la valeur ajoutée entre les cultures et des aires juridiques distinctes. L’état de guerre monétaire signifie le refus à priori d’un équilibre possible des échanges internationaux de façon à produire l’accumulation de dettes ou la sous-rémunération du travail au bénéfice d’intérêts individuels privés idéalement placés dans les circuits commerciaux ou financiers.
La mondialisation libérale en dollar maintient les peuples et les citoyens en asymétrie d’information et de droits de façon à leur soustraire sans que cela puisse être objectivement mesuré une fraction de la valeur ajoutée qui devrait leur revenir par leur travail, leur civisme et leur souci d’un bien commun. La guerre des monnaies empêche le financement fiscal par des États de droit solvables, de la sécurité sociale de la majorité des citoyens les plus vulnérables et les plus dépendants de la collectivité.
« La guerre des monnaies empêche le financement fiscal par des États de droit solvables […] »
La guerre des monnaies a un rôle anti-social évident, pas question de nier l’importance de la question.
Cependant, l’évitement fiscal – légal par les passe-droits généreux auto-attribués et délictueux par les fraudes de toute nature- est une pratique ancienne, en France au moins, dont la source est probablement l’exemption fiscale de la noblesse sous l’ Ancien Régime. Une mésaventure récente des « Fondations » et ONG montre la volonté des riches de ne pas financer l’État à la hauteur des services que ces mêmes riches exigent de lui. ( Une courte explication : depuis l’abandon de l’ISF, les « Fondations » et ONG reçoivent moins de dons. Ces dons permettaient aux donateurs de réduire l’impôt. Plus d’impôt, plus de don.)
On notera que l’obligation pour l’État d’emprunter transforme l’emprunt en un impôt négatif sûr pour ceux capables de souscrire à l’emprunt, les mêmes qui pratiquent l’évitement. Double gain. Le déficit de l’État est d’environ 60 milliards d’Euro, la fraude fiscale est au minimum de 60 milliards d’Euro…
Ce qui me permet de terminer en remarquant qu’un « État de droit non solvable » n’est plus un État de droit..
Effectivement un État de droit non solvable est un État purement formel sans réalisation matérielle adéquate à ce qu’il annonce donc qui perd sa qualité d’État avec le temps qui s’écoule… Le machin européen qui n’est pas un État, avec sa monnaie soit-disant unique qui dissout les États en est l’illustration.
… » la toute-puissance irréelle de quelques-uns » …
Dans cette affirmation, peut-on bien traduire » irréelle » par son synomyme » bâtie sur du sable « ..? Merci.
Oui. Irréel = bâti sur du sable = incompatible avec la durée humaine = non durable = après moi le déluge.
Vous terminez par la remarque cynique « après moi le déluge », non en ce que je vous tienne comme cynique, mais en ce que vous êtes tout simplement lucide. D’autant que le changement des choses n’est pas à l’échelle de la durée humaine. (Et peut-être pas de la durée ou du temps, tout simplement ; par contre elle est historique, après coup.) Mais que faites-vous du sens – plutôt que du rôle – de l’humain en ce bas monde ; le vôtre par exemple ?