Tous ceux qui ont des amis américains savent dans quel état psychologique ceux-ci se trouvent depuis les élections présidentielles. Et le pire pour eux est qu’ils ont souvent le sentiment que Donald Trump pourrait bien être réélu dans deux ans, malgré tout.
Sur son blog, Paul Jorion rend compte avec une juste véhémence des réactions d’ampleur que ses déclarations à propos de Moscou suscitent et fait état des soupçons prononcés que suscite son attitude vis-à-vis des autorités russes, en attendant la suite et la conclusion de l’enquête diligentée par le procureur spécial Robert Mueller à propos de leurs ingérences. Il pourrait avoir été élu grâce à leur soutien et elles seraient susceptibles de détenir un dossier compromettant sur la conduite de ses affaires en Russie, une source de pressions potentielle. Rien que cela.
Mais la nouveauté est que de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer le président ; non plus seulement chez ses opposants de départ mais au sein même du camp républicain. Ainsi que dans les milieux d’affaires où sont analysés et craints les effets secondaires de sa guerre commerciale. En contact direct avec son électorat, sur lequel il s’appuie contre vents et marées en lui adressant une abondante production de tweets, Donald Trump semble n’en avoir cure.
Il ne manque pas une occasion de régenter le Monde, que ce soit à propos du prix du pétrole, du financement insuffisant de l’OTAN par les pays de l’Alliance Atlantique, ou en accusant les autorités chinoises et européennes de manipuler le cours de leurs monnaies. Et il en revient toujours à ses menaces de taxation des produits exportés aux États-Unis, qu’il a déjà commencé à mettre à exécution pour la Chine, le Canada et le Mexique.
Disposant de la supériorité militaire mondiale et jouant un rôle déterminant au sein du monde financier, les États-Unis n’entendent pas être rétrogradés de leur premier rang au classement des puissances économiques. Leur président mène un combat d’arrière-garde dénoncé par le FMI comme allant peser sur la croissance mondiale à un moment où elle est particulièrement sollicitée.
Le parti républicain était déjà déchiré lors de la campagne présidentielle d’il y aura bientôt deux ans, mais les réactions critiques s’y multiplient. Surtout de la part de députés sortants, ceux qui se représentent aux élections à mi-parcours de novembre ayant retenu la leçon après l’échec de la candidature d’un député l’ayant critiqué qui s’est vu opposer un candidat favorable à Trump, qui l’a emporté.
Un sondage intervenu après la rencontre d’Helsinki avec Vladimir Poutine – lui faisant préférer les déclarations de ce dernier et écarter les avis du FBI – montre l’état de la partie de l’opinion qui importe à Donald Trump : selon CBS News, 68% des électeurs républicains l’approuvent dans sa gestion du sommet d’Helsinki. Fort de cet assentiment, celui-ci a d’ailleurs immédiatement lancé une invitation à venir à Washington au dirigeant russe.
Dépassé par les évènements, le président de la Commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, cherche à reprendre la main sur la politique étrangère, ignorant avec ses collègues la teneur des discussions en tête à tête du président avec Vladimir Poutine, craignant à ce sujet le pire, et enregistrant effaré que les alliés d’hier des États-Unis sont aujourd’hui devenus dans la bouche de Donald Trump des ennemis. En pure perte.
Thomas Donahue, le président de la Chambre de commerce, a mis en garde sur les pertes potentielles de centaines de milliers d’emplois qui pourraient résulter de cette politique. John Bozzella, le président de Here for America, qui regroupe les constructeurs automobiles et les concessionnaires, critique également ces taxes qui vont « augmenter les prix et affecter les producteurs automobiles américains et leurs clients ». Cal Dooley, de l’American Chemistry Council, le lobby de l’industrie chimique, regrette que « la hausse des coûts va entraîner des reports, l’abandon voire l’annulation de milliards de dollars d’investissements dans des sites de production de produits chimiques ».
Du côté des agriculteurs, le sentiment est officiellement plus mitigé. « Nous soutenons le but de l’administration de réduire l’énorme déficit commercial des États-Unis », affirme Roger Johnson, le président du deuxième syndicat agricole du pays, National Farmers Union. Mais c’est pour ajouter que « notre organisation redoute de plus en plus que cette administration n’ait pas vraiment de plan pour s’assurer qu’agriculteurs et éleveurs ne deviennent des boucs-émissaires ».
Encore une fois, Donald Trump ne donne aucun signe d’assouplir sa position. Signe de sa combativité et de ses intentions, il a embauché les services de Data Propria afin de préparer les élections de 2020. Y travaillent quatre anciens salariés de Cambridge Analytica, la société de marketing politique accusée d’avoir biaisé le dernier scrutin en dérobant des données d’utilisateurs de Facebook. Et Data Propria est dirigée par Matt Oczkowski, l’ancien chef de produit de Cambridge Analytica…
Donald Trump sera-t-il ou non réélu ? Comment savoir ? Conservera-t-il ou non une majorité au Congrès en attendant ? S’en tenir au rejet qu’il suscite ne doit pas tromper, car il répond aux aspirations d’une large partie des électeurs américains qui ont vu leur statut se détériorer et croient que les choses pourraient redevenir grâce à lui comme avant.
Le président américain est de plus en plus fragilisé. La deuxième partie de son mandat sera plus difficile que la première, mais une aventure militaire arrivant à point nommé ne peut être exclue.
Donald Trump sera-t-il ou non réélu ? Comment savoir ? Conservera-t-il ou non une majorité au Congrès en attendant ? S’en tenir au rejet qu’il suscite ne doit pas tromper, car il répond aux aspirations d’une large partie des électeurs américains qui ont vu leur statut se détériorer et croient que les choses pourraient redevenir grâce à lui comme avant.
Une stratégie électorale qu’entend bien dupliquer en Europe Steve Bannon, en créant une fondation afin de mieux coordonner les différents mouvements d’extrême-droite européens.
Nous avions déjà l’Internationale de l’argent, voilà qu’en réaction à ses saccages sociaux semble se dessiner une Internationale brune …
http://www.rfi.fr/ameriques/20180722-steve-bannon-europe-ex-conseiller-special-trump-bruxelles
Le mois de novembre n’est plus très loin et il est fort probable que les Démocrates soient très affaiblis à l’occasion de ce scrutin si l’on en croit certains observateurs indépendants.
Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
36.4% de participation à l’élection de mi-mandat de 2014 .
Les pronostics seront d’autant plus plus difficiles que la plupart des électeurs ne votent ni pour les républicains ni pour les démocrates mais s’abstiennent.
« … mais une aventure militaire arrivant à point nommé ne peut être exclue. »
À quoi pensez-vous M. Leclerc ?
Rien de particulier, il y a l’embarras du choix !