Avec le spécialiste de l’emphase qu’est Donald Trump les superlatifs ne manquent pas et ne devraient pas, à force, prêter à conséquence. Et pourtant, les autorités y succombent et entrent dans son jeu.
Comment peut-on en effet célébrer un jour le renforcement de l’Alliance Atlantique – contre toute évidence, d’ailleurs – et en traiter d’ennemis le jour suivant ses membres ? La pensée du président américain a de quoi décontenancer les diplomates les plus aguerris si l’on veut en suivre le fil.
Profitant de sa tournée en Europe, il a accordé à la chaîne de télévision américaine CBS une interview, mettant dans le même panier comme étant ses ennemis la Russie, l’Union européenne et la Chine.
Heiko Maas, le ministre SPD des affaires étrangères en a tiré la conclusion : « nous ne pouvons plus nous reposer complètement sur la Maison blanche. Nous devons réajuster notre partenariat avec les États-Unis si nous voulons le maintenir. La première conséquence évidente, c’est que nous devons nous rapprocher encore davantage en Europe. » Mais cela suppose d’avancer sur la relance de sa construction, et la voie est bouchée en Allemagne. En en ayant conscience, il fixe des objectifs plus limités : « l’Europe ne doit pas se laisser diviser, aussi violentes que puissent être les attaques verbales et absurdes que soient les tweets ».
« Qui dit qu’ils sont ennemis diffuse des fausses nouvelles », a affirmé par Twitter depuis Pékin le président du Conseil européen Donald Tusk, où il participe au 20e sommet entre l’Union européenne et la Chine.
« L’Europe et la Chine, la Russie et les États-Unis, aujourd’hui à Pékin et à Helsinki, ont une responsabilité partagée, celle d’améliorer l’ordre mondial, pas de le détruire. J’espère que ce message sera reçu à Helsinki » – où Donald Trump a rencontré Vladimir Poutine – a-t-il ajouté. Chacun attend de l’autre qu’il fasse preuve d’un réalisme qui semble avoir totalement disparu de l’horizon commun de nos édiles désarmées.
Non sans ironie, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, préfère interroger le président américain. « La question à poser à Donald Trump est qui considère-t-il comme un ami ? », notant que pour sa part « l’Union européenne a beaucoup d’autres amis de par le monde ». Ce qui reste toutefois à étayer, les essais tardifs de front commun avec le gouvernement chinois ne semblant pas devoir donner de résultats probants. Chacun préfère jouer sa partie et jouer tant bien que mal des rapports de force, ceux que le langage cru de Donald Trump représente. Les européens ne sont pas les mieux placés.
Michael Roth, le ministre allemand chargé des affaires européennes, ne s’y trompe pas. « Nous ne devons pas laisser les affirmations du président américain, dont certaines sont très agressives, mensongères et pas particulièrement constructives, nous contrarier. Mais nous devons maintenant montrer que nous pouvons atteindre le degré de cohérence nécessaire, ce dont nous avons vraiment besoin pour être pris au sérieux, parce que l’indignation seule ne nous aidera pas », a-t-il déclaré.
Est-ce que, paradoxalement, les tentatives de divisions de Donald Trump pourraient susciter des tentatives de cohésion européenne ? Mais comment pourraient-elles se manifester pour assouplir une politique budgétaire européenne – tout à la fois grand enjeu, grand danger et grand tabou – que l’on a cru bien faire à l’initiative allemande en la gravant dans le marbre des traités ? De toute évidence, c’est prématuré et il faudra une dégradation forte de la situation pour que de premiers signaux apparaissent, à moins que la rigueur dogmatique soit plus forte que tout. Comme dans le cas du Brexit, les processus sont longs et peuvent se révéler au final déconcertants.
Grâce à Donald Trump, les contradictions de la construction européenne vont apparaître au grand jour et nous obliger à refonder l’Europe en celle des Nations comme l’ont voulue ses pères fondateurs.
Il aurait été intéressant que vous donniez votre avis sur le discours qu’il a tenu à Theresa May.
Pitoyable spectacle des Européens tout désemparés de voir que leur maître s’est lassé d’eux. Et qui se retrouvent mis au défi de faire ce qu’ils refusent obstinément depuis 30 ans : l’Europe.
Et comme, de toute façon, ils n’en veulent pas, les voilà partis en Chine se vendre à mieux offrant (espèrent-ils).
Ce serait utile de retracer les séquences de Trump au sommet OTAN, puis à Londres (et de comparer avec la Russie de Poutine) : Tweet meurtrier, puis interview meurtrier (négocié bien auparavant avec le média complaisant) puis, après avoir terrorisé le ‘partenaire », rencontre dont on est gentil de faire une évaluation positive (dans l’avion de retour). Or avec Poutine, il a tenu un double langage, le traitant d’ennemi (comme Europe et Chine) puis de partenaire. Exploser l’Europe parait sa priorité. Mais sur la Russie ce n’est pas clair.
L’image du mâle dominant ratatiné par les jeunes aspirants décrite par Paul Jorion est parfaite, et ça va lui tomber de tous les côtés… il va se faire manger.
Certains sont persuadés d’en tirer bientôt profit.. :
» De plus en plus de producteurs de biens déplacent leurs usines dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Les salaires y sont plus bas. Et cela permet de contourner les tarifs américains imposés sur les produits made in China « …..
dans : https://www.letemps.ch/economie/vietnam-nouvelle-usine-monde