Le dernier sommet a fait des heureux, qui l’ont fait bruyamment savoir, mais d’autres fins auraient été préférées. Les dirigeants du groupe de Višegrad ont apprécié de ne pas être mis à contribution pour accueillir des réfugiés. Envolés les quotas de répartition, disparues les pénalités financières pour les rebelles ! Les réfugiés ne passeront pas !
Les seules décisions tangibles prises lors du sommet ont toutes contribué à la réalisation d’un même objectif central, rendre impossible aux réfugiés le franchissement de la Méditerranée au départ des côtes libyennes. Les garde-côtes libyens sont dorénavant investis de la responsabilité des sauvetages en mer et les navires des ONG, proscrits, ne vont pratiquement plus pouvoir intervenir et débarquer les réfugiés dans des ports européens. Il n’y aura plus de fâcheux témoins du sort détestable réservé aux réfugiés ! La circonspection qui entoure la création de centres d’accueil, ainsi que leur hypothétique localisation, témoigne du flou qui a entouré l’adoption de ces mesures complémentaires.
Angela Merkel sauvera-t-elle sa peau à ce prix, étant donné la virulence de la CSU à son encontre ? Les avis restent partagés mais l’on peut y croire un peu plus qu’avant la réunion.
Le deuxième débat du sommet a été l’occasion d’un enterrement de première classe des propositions franco-allemandes, que la chancelière n’a pas défendu, exprimant ainsi sa situation de faiblesse. Le budget de la zone euro si cher au président français a disparu du communiqué final. Celui-ci se rattrape aux branches en démentant que sa proposition soit enterrée, faisant valoir que l’engagement indirect a été pris de continuer à en discuter. En l’occurrence son projet est mentionné dans une lettre de convocation à l’Eurogroupe de son président portugais, Mário Centeno… On aurait rêvé mieux.
Pour le reste – le renforcement du MES et la protection des dépôts bancaires à l’échelle européenne – les décisions ont été repoussées au sommet de décembre prochain. En terme de renforcement de la construction européenne, c’est maigre, et quant à la relance c’est zéro pointé. Emmanuel Macron navigue au plus près et cela ne le mène pas loin.
« Emmanuel Macron navigue au plus près et cela ne le mène pas loin. »
Je me permets un humour sarcastique quant à cette phrase.
Jupiter navigue au plus près des côtes -comme les migrants – et cela ne le mêne pas loin – comme les migrants – car personne n’en veut -comme les migrants –
Quant passera t’il par dessus bord ?
Mais pas avant quatre ans. Et d’ici-là, il peut se permettre pratiquement tout ce qu’il veut suivant la bonne vieille maxime « l’État c’est moi ».
Cela dépasse de loin la personnalité et l’idéologie de cet individu, mais depuis l’inversion du calendrier électoral faisant dépendre l’élection des députés de celle du président, les graves déséquilibres de la Cinquième se sont transformés en tares en regroupant entre les mains d’un seul des pouvoirs dignes d’un dictateur.
Le Premier ministre ne dirige pas l’action du gouvernement mais n’est plus qu’un collaborateur, l’Assemblée nationale vote où on lui dit de voter, et les magistrats du parquet dépendent de la place Beauvau. Quant aux corps intermédiaires, les représentations constituées de la société civile, ils découvrent que les comptes-rendus de leurs réunions avec le gouvernement sont désormais écrits par avance…
Autrement dit, la séparation des pouvoirs qui est à la base même de toute démocratie n’existe plus que virtuellement, sur le papier.
Système inique qui détruit la légitimité des gouvernants, mais également hautement instable dès lors que la seule contestation véritable ne peut plus se faire que dans la rue…
Je partage totalement votre commentaire (hélas!)
Renforcement du MES et protection des dépôts bancaires….sans connaître vraiment les coulisse, on sent le roussi, et l’urgence est de se mettre aux abris. La défaillance italienne est proche, et compte tenu du poids politique et économique, il n’est plus question de faire comme-ci. Logique que les Allemands, si le risque persiste, voire s’aggrave, vont « lever le pont levis », et pousser dare-dare et avant toute chose à mettre en oeuvre un système de garantie – un « FMI » européen apparait dans ce contexte tout à fait logique. Et le reste, ça passera bien après….Notons bien que ce n’est pas absurde, sauf que cela traite le symptôme et non la cause…et pour cela, bien entendu, il faudrait envisager de changer le cadre.