La Grèce n’en aura jamais fini

Paralysées par leurs divisions, les autorités européennes ne parviennent toujours pas à sauver les apparences en déclarant la Grèce bonne pour le service. Elles enchaînent la crise italienne qui se profile avec la grecque qu’elles ne parviennent pas à conclure.

La dernière dernière revue du 3ème plan de sauvetage a été bouclée samedi dernier et sera soumise à l’Eurogroupe le 24 mai prochain. Le 21 juin prochain, un accord concluant huit années ininterrompues de mise sous tutelle de la Grèce sera recherché afin de permettre, moyennant la mise en œuvre d’un train de 88 dernières mesures, de débloquer un dernier versement de 11 à 12 milliards d’euros.

La Grèce est désormais sur « une ligne droite », croit pouvoir affirmer le commissaire Pierre Moscovici, qui prend ses désirs pour des réalités. Mais pour être probant, il lui reste encore à régler le gros morceaux de la restructuration de la dette, tant de fois évoquée et ajournée, qui continue de diviser les européens et le FMI. Et c’est une toute autre paire de manches !

Les mesures d’austérité imposées par la Troïka ont plongé le pays dans une profonde récession durant neuf années, lui faisant subir un traitement de choc aux conséquences sociales dévastatrices dont elle est sortie économiquement amoindrie et fragilisée. Le miracle dont se prévalent ceux qui veulent faire croire que la Grèce est tirée d’affaire est un grossier habillage, tant qu’une restructuration de la dette ne sera pas opérée.

D’un montant de 178% du PIB en 201è, la dette étant insoutenable, que faire ? Un projet de rééchelonnement et d’abaissement des taux existe – et non de restructuration via un abandon partiel de créance – mais il suppose pour être réaliste que soient atteint année après année des objectifs de surplus budgétaires de 3,5% pour honorer les remboursements correspondants. Or si un surplus budgétaire est bien dégagé, les prévisions de croissance pour l’année en cours les justifiant sont déjà revues à la baisse, en dessous de 2%, par la Commission aussi bien que par le gouvernement grec.

Les opinions divergent totalement sur le mécanisme à mettre en oeuvre. Le gouvernement français défend le principe d’une mécanisme automatique de réaménagement de la dette liant celui-ci à la croissance effective, et non a des objectifs de surplus inatteignables, tandis que les autorités allemandes réclament qu’il soit conditionné à un vote annuel du Bundestag si ceux-ci ne sont pas atteints, sans identifier les mesures complémentaires qui pourraient être exigées d’une Grèce déjà exsangue. Somme toute, les autorités allemandes pratiquent à leur façon l’extraterritorialité judiciaire américaine qu’elles condamnent !

Quel prix les Grecs vont-ils devoir encore payer pour que les bonnes âmes aient raison sur le papier ?

4 réponses sur “La Grèce n’en aura jamais fini”

  1. Et pourtant dès que certains prétendants au pouvoir esquissent une action de rupture avec la clique anti-démocratique européenne vous semblez le redouter.
    Que faire alors ? Position assez incompréhensible pour ne pas dire ambigüe.

  2. Merci de m’avoir lu et répondu. Vous ne vous êtes pas mal exprimé de mon point de vue mais ma réaction tient sa source dans le cumul de mes lectures de vos analyses précédentes pour se « poser » sur l’article du jour : la Grèce encore et toujours…
    Alors, quant revient la Grèce on se dit qu’à moins d’un éclatement redoutable de la construction européenne on ne voit aucune solution possible sauf la routine de l’austérité conduite par les mêmes. saisons 1, 2, 3 ….
    L’UE, un puits sans fonds et les craintes néanmoins souvent exprimées, qu’un jour, un gouvernement mette sérieusement un coup de pied pour secouer la fourmilière. Cordialement.

  3. Bonjour,
    Merci pour votre analyse, pertinente, comme toujours. Je cherche la liste des nouvelles exigences qui seront imposées aux Grecs (entendues à la radio). Pas moyen de les trouver sur Internet. Pouvez-vous m’indiquez où chercher ?
    Merci

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