Macron, le sempiternel beau parleur

Récapitulons. Emmanuel Macron est rentré bredouille de son voyage de représentation de Washington après avoir reculé sur l’Iran tout en tentant de le maquiller. Par ailleurs, son grand projet de refondation de l’Europe est de facto abandonné. En France, il ne peut se prévaloir de réformes menées tambour battant qu’au prix de fortes résistances, s’affirmant comme le président des riches, en rupture avec la posture trompeuse qui l’a conduit au pouvoir et sonne désormais faux. Il a prétendu jouer les sauveurs et se révèle n’être qu’un beau parleur.

Son appétence pour les décors chargés d’histoire ne lui procure pas la stature qui lui fait défaut. Un grand vide était nécessaire pour qu’il puisse accéder au pouvoir, mais il ne l’a pas comblé. Comment le remplir ?

Que ce soit à propos de l’avenir d’une Europe fort mal partie, ou d’une société française remodelée à la va-vite selon les canons surfaits du libéralisme, ceux qui s’opposent à lui restent sur la défensive. Ils ne sont pas porteurs d’un projet alternatif d’avenir rompant avec l’ancien ordre qui se renouvelle à sa manière.

Le moment est venue de se définir par ce que l’on veut et non par ce que l’on rejette, de s’affirmer comme une force de proposition qui rallie le plus grand nombre à un projet issu d’une réflexion menée à grande échelle. Ce n’est pas le grand soir qu’il faut préparer mais le murissement d’une élaboration collective dessinant les traits de la société émancipatrice de demain. Les prolétaires d’antan ont changé, leurs chaînes ne sont plus les mêmes, mais ils n’en subissent pas moins une forte aliénation.

Les innovations technologiques annoncent de profondes mutations qui sont autant de leviers potentiels si elles sont bien utilisées. Alors, pourquoi laisser l’apanage de l’innovation et de la rupture à ceux qui ne la conçoivent qu’à leur avantage ?

24 réponses sur “Macron, le sempiternel beau parleur”

  1. « Le moment est venue de se définir par ce que l’on veut et non par ce que l’on rejette, de s’affirmer comme une force de proposition qui rallie le plus grand nombre à un projet issu d’une réflexion menée à grande échelle… »

    Euh, pour votre information, la France Insoumise a un programme développé il y a un an déjà à l’occasion des élections présidentielles qui correspond à la définition de ce paragraphe !

      1. Que l’on soit d’accord ou non avec le programme de la FI, il ne me semble pas que l’idée de Constituante puisse être qualifiée de ‘tabouret’.

        1. Il existe de multiples réflexions et pratiques d’ensemble ou parcellaires, à de multiples échelles et dans de nombreux domaines. Les inventorier, les rassembler serait un premier exercice salutaire.

      1. Merci pour vos articles.
        Pourquoi vous et PJ n’essaieriez pas de forcer la porte pour les conseiller car ce sont peut-être les plus à même de sortir des cadres si on les pousse un peu , sinon qui ?

      2. Encore faut-il un programme politiquement et électoralement acceptable pour des Français plutôt déboussolés ces temps-ci et donc pas trop éloigné d’une conception social-démocrate

        Mais les inéluctables changements (et catastrophes) à venir vous donneront peut-être raison

  2. Le camp ‘populaire’ (l’expression est d’E. Todd) combien de divisions ?
    Car c’est bien là que le bât blesse. D’autres blogs que celui-ci se sont enlisés dans leur tentative d’élaborer un programme positif et fédérateur. Car le vrai problème n’est pas d’élaborer un programme (ils sont légions) mais d’arriver à regrouper dessus le plus de monde possible dans une société où l’ensemble des média sont en faveur du camp libéral.
    La première division, irréductible, repose sur l’accueil destiné aux migrants, et qui classe chacun comme brun ou comme rouge (ou au moins se revendiquant de ce qui fut la gauche comme vous et moi et, je suppose, la plupart des lecteurs de votre blog). Trouver une solution à la fois humaine, généreuse, rationnelle et recevable par tous relève d’autant plus de l’impossible que ceux d’en face ne se privent pas d’exacerber le problème à cette fin.
    Seconde grande division (que l’on retrouve dans les commentaires de ce blog), que faire de l’Europe ? Pour certains ici, elle est la dernière utopie, celle qu’il faut défendre à tout prix, y compris contre elle-même. Pour d’autre, dont moi, elle n’est plus qu’une machine à transformer les votes de gauche en politique de droite et ne survit que par le biais cognitif dit des ‘coûts irrécupérables’.
    Travailler sur ce dernier problème et voir ce qu’il en est de l’eau et du bain (je ne demande qu’à me laisser convaincre qu’il y a quelque chose à sauver dans la construction européenne actuelle, mais avec de vrais arguments), me semblerait le plus urgent.

    1. Le meilleur des programmes n’a de sens que s’il est reconnu. La meilleure manière d’y parvenir est qu’il soit collectivement établi; adaptée à notre époque, la formule des États Généraux s’y prête particulièrement.

      1. Je me permets de préciser que le meilleur des programmes ne sert à rien si une fois au pouvoir, ceux qui sont en charge ne l’appliquent pas. Les sociaux-démocrates en sont devenus une caricature : dire les choses pour prendre le pouvoir – mon adversaire c’est la finance -, puis appliquer ensuite la politique macro-économique de la classe des prédateurs.

        Bref, ça n’est pas tant une question de programme auquel il faut réfléchir, mais de changement de cadre. Celui de la démocratie dite « représentative » ayant été définitivement préempté par l’argent.

    2. Renard,

      « repose sur l’accueil destiné aux migrants, et qui classe chacun comme brun ou comme rouge (ou au moins se revendiquant de ce qui fut la gauche comme vous et moi et, je suppose, la plupart des lecteurs de votre blog).  »

      Il y a de nombreux libéraux économiques et pleins de patrons bien de « droite » qui sont favorables à l’accueil des migrants. Vous n’avez pas le monopole du coeur comme disait Valoche ! En fait, y marche pas vraiment ton tamis à filtre binaire. Sauf à trier les Humanistes des xénophobes et encore…

      1. CloClo,
        Le Medef est majoritairement favorable à l’arrivée des migrants grâce auxquels il espère rééquilibrer le marché du travail en sa faveur. Il en est de même du patronat allemand (d’où la position de Merkel). Je n’ai pas pris le temps de me documenter sur les autres Etats de l’Union, mais je suppose que, sauf à l’est, on doit trouver partout la même tendance ‘humaniste’.
        Que sinon l’accueil des migrants divise également le camp libéral, sans doute. Ce n’était pas de lui dont je parlais, mais de l’impossibilité dans laquelle ses opposants étaient de s’unir en raison de cette question, alors que les libéraux, autour de Macron, viennent de s’entendre sur une cote mal taillée qui leur permet d’avancer sur d’autres chantiers.

  3. « Le moment est venue de se définir par ce que l’on veut et non par ce que l’on rejette, de s’affirmer comme une force de proposition qui rallie le plus grand nombre à un projet issu d’une réflexion menée à grande échelle. »
    Formule bien frappée. Mais encore?
    « une force de proposition », d’ac, mais qui? Sinon la France Insoumise.

    On ressent bien que l’ancien cadre n’est plus crédible. Mais le nouveau peine à sortir des limbes.
    Parmi les « forces de proposition », il y a trop d’exclusives, de rejets sommaires, et même de tentatives de décrédibilisation. A quand une synthèse guidée par un opportunisme raisonnable? N’oublions pas que les Etats comptent aussi; nous ne sommes que la 1/27 ou 1/26 ième partie du tout. A moins de s’en remettre à ceux qui nous ont mis dans cette situation par leur immobilisme. Déraisonnable.

    1. La France Insoumise n’est pas pour moi un modèle du genre. Ni par son sectarisme – cette maladie infantile dont ne guérit pas toujours – ni par le flou organisé qui préside à son fonctionnement, ni par son appréhension limitée des profondes mutations qui s’annoncent et qu’il faut intégrer à la réflexion. Désolé ! L’insoumission est louable, mais elle n’est qu’une forme de rejet, CQFD.

          1. Je le comprend bien.Mais participer à une entreprise collective pour élargir le plus possible le champ du collectif me parait être une action positive de la part de quelqu’un ayant conscience des vrais problèmes et possédant une expertise certaine.Cordialement.

  4. La parole ( le langage) a été , est et sera toujours une condition du pouvoir quel que soit le « système » .

    Précédant l’écriture , elle est la première tentative d’expression du sens , le vecteur de la philosophie , le medium que le philosophe et le plus faible individu ne doivent pas céder au prince . C’est une des conditions incontournables d’un agir possible et progressiste .

    Elle ne doit donc ni être confisquée , ni être cyniquement trahie .

    C’est la démocratie , par les formes et supports qu’elle saura prendre , qui peut et doit « rendre la parole  » à ceux qui ne l’ont pas ou ne la maîtrise pas assez . On peut appeler ça des « états généraux » » , effectivement , mais il faut travailler à donner du contenu à ce contenant énorme , pour que l’accumulation des paroles libérées fasse sens , désir et volonté .

    Tomber autant qu’il est possible d’accord , dans un premier temps , sur les grands enjeux de tous ordres de la planète terre portant des hommes et la vie , est sans doute l’acte premier qui peut « ordonner » la parole et la faire forte , pour que les « écrits » à défaut de rester
    ( ils sont là comme repères , pas comme vérités éternelles) , soient signifiants et efficaces pour un temps respecté de tous .

    La Parole sera d’autant plus forte qu’elle saura être portée dans de nombreuses langues .

      1. Reconnaissons que , soit qu’on la diffuse , soit qu’on la recueille , il n’est pas aisé de faire entendre ou écouter toutes les paroles , en sachant les comprendre , les accepter , les refuser , les vérifier .

        D’où l’importance de veiller à la multiplicité , la contradiction , la vérification , la clarté des sources et supports d’informations .

        L’information fait appel à l’affect autant qu’à la raison , sans que l’un puisse se passer de l’autre et réciproquement, pour faire message humain , parole .

        On peut alors espérer ,sans en être sur, que la parole fonde de actes pas trop stupides ou grégaires , tout en remarquant que les doués pour la réflexion , ma médiation ou la pensée , ne parlent pas beaucoup , par « tempérament » .

        Vieux débat entre l’écrit et l’oral , car , même si l’on assimile l’écrit à une forme de parole , on trouve plus facilement des auditeurs zappeurs que des lecteurs assidus .

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