La Grèce victime de l’acharnement thérapeutique

Le rapatriement massif des réserves d’or récemment opéré par les autorités allemandes est à l’image de leur pensée économique, si toutefois on peut l’appeler ainsi. Manifestation exemplaire de la politique de repli et de rétention, elle est sur le fond de même nature que celle de Donald Trump, le reflet d’une époque de forte incertitude et d’instabilité à laquelle toutes deux contribuent.

Ayant pris acte de la reculade en cours vis-à-vis d’une relance de l’Union européenne, les commentateurs partent à la recherche du lot de consolation qu’Angela Merkel accordera à Emmanuel Macron afin qu’il sauve les apparences en prétendant qu’une dynamique est engagée.

En fait de dynamique, les négociations à propos de la Grèce qui ont actuellement lieu à Washington, où tout le monde se trouve réuni, n’incitent pas à l’optimisme. Les ministres européens des finances et les représentants de la Commission, du MES, de la BCE et du FMI sont une fois de plus penchés sur l’ouvrage et l’on se demande quelle nouvelle calamité il va en résulter. Car cela ne se présente pas bien pour la Grèce, en dépit du souhait d’Alexis Tsipras de sortir de la tutelle de ses créanciers et de retrouver une relative liberté. Il semble bien qu’il n’en soit pas question, afin de définitivement le condamner. Le symbole sera alors parfait.

Quelle suite faut-il donner au 3ème plan de sauvetage programmé pour se conclure en août prochain ? La vieille promesse tant de fois trahie de restructurer une dette grecque démesurée de plus de 300 milliards d’euros va-t-elle être enfin remplie et comment ? Le FMI, qui en désaccord avait conservé son quant à soi, sera-t-il partie prenante de la suite ?

La réunion de l’Eurogroupe de Sofia du 27 avril prochain est présentée comme décisive, car sans surprise les points de vue divergent. Certains, comme les Allemands et les Néerlandais, sont partisans d’une extension du programme dans lequel figureraient de nouvelles mesures obligatoires. Ils verraient bien la restructuration de la dette remise une fois de plus à plus tard.

Le FMI continue d’exiger de nouvelles coupes dans les retraites et la baisse du seuil du revenu à partir duquel les contribuables sont imposables. Tandis que les dirigeants allemands souhaitent désormais sa participation à la suite des opérations, après s’être accommodés de son absence. Dans ce contexte, de nouveaux prêts garantissant le remboursement des précédents pourraient être accordés sous condition, même si le gouvernement grec n’est pas demandeur. La tutelle n’aura pas de fin. Enfin, le dispositif proposé par le gouvernement français liant le remboursement de la dette à la croissance grecque pourrait rester en suspens.

Le cas de la Grèce est doublement exemplaire en ce sens que son traitement doit être jusqu’au bout punitif, tout en maintenant l’illusion d’un remboursement de la dette pour ne pas créer de précédent. Tournant le dos à une histoire bien remplie par les défauts de la dette souveraine, la pensée dogmatique prétend maintenant les interdire. C’est l’expression même de la fragilité d’un système financier dont elle est la clé de voute au sein duquel la dette continue de s’accroître, indispensable au maintien d’une croissance assortie de l’approfondissement des inégalités.

2 réponses sur “La Grèce victime de l’acharnement thérapeutique”

  1. Alexis, si tu ne veux pas que ton pays finisse comme Haïti, il ne te reste plus qu’à couler un bâtiment turc violant tes eaux territoriales ! Dans la guerre qui s’ensuivra, le moins que pourront faire Berlin et Paris sera d’effacer une partie de ta dette pour t’aider à lutter contre l’invasion ottomane !

    Une variante de la méthode Goldman-Sachs en définitif…

    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/fregates-imbroglio-abracadabrantesque-entre-la-france-et-la-grece-776215.html

  2. Merci pour votre article M.Leclerc.
    Le cas de la Grèce est exemplaire, et je suis convaincu, tout comme vous , que la troïka , et donc l’Europe, veulent que cela serve d’exemple à qui aurait la tentation de s’opposer à leur diktat ; Leur mot d’ordre:
    « Nous ordonnons, vous obéissez » point barre.
    Pauvre Grèce!

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