« J’entends beaucoup ici ou là des commentaires sur des soi-disant difficultés entre le gouvernement allemand et le gouvernement français. Je veux vous rassurer, le travail qui est fait actuellement est un travail silencieux, exigeant, secret pour le moment, et qui doit nous permettre d’obtenir une véritable feuille de route franco-allemande d’ici le prochain Conseil européen de juin sur la transformation de la zone euro », a affirmé sans sourciller le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a la représentation nationale.
Le malheur est que, venant d’Allemagne, des signaux viennent tous les jours le contredire. La dernière fuite en date fait état d’une volte-face du gouvernement à propos du FMI, qui serait désormais appelé à poursuivre son implication aux côtés d’un MES ne se substituant plus entièrement à lui. À vérifier. La ligne de la chancelière s’est en tout cas précisée, elle repose sur un élargissement de la composition de l’Eurogroupe pour solde de tout compte, sans mettre de l’argent sur la table. Ainsi que le report de la finition de l’Union bancaire à la Saint Glinglin en option. Cela sera présenté comme un pas en avant à ceux qui voudront bien le croire.
En attendant que le secret en question finisse par être dévoilé, Emmanuel Macron a faute de mieux entamé la campagne électorale européenne. Il cherche à reproduire au sein du Parlement ce qu’il est parvenu à susciter en France afin de bousculer la structuration traditionnelle des jeux politiques. En favorisant l’éclatement du groupe du Parti populaire européen (PPE) de la droite, et en profitant du délitement de l’autre pôle, représenté par le parti socialiste européen (PSE), afin de se faire une place au soleil sans rallier les libéraux. Et de conclure des alliances afin d’accroître son poids, notamment avec Ciudadanos, et peut-être, en plus inattendu, avec le M5S qui aurait fait des offres de service.
Faute d’avoir pu relancer le moteur franco-allemand, Le président français cherche à peser au Parlement européen, qui représente un lot de consolation étant donné son rôle limité. Et le chemin permettant d’y parvenir est plein d’embûches.
Mais il n’en a pas fini pour autant avec son partenaire allemand. Car celui-ci protège ses affaires avec la Russie. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont représenté 54,5 milliards d’euros en 2017, et les investissements allemands ont atteint 20 milliards de dollars cette année-là. À Washington, Angela Merkel ne va pas seulement plaider pour l’abandon du projet de Donald Trump de taxation de l’acier et de l’aluminium européens, elle va aussi chercher à obtenir que de nouvelles mesures américaines ne frappent pas la Russie. L’activité et les projets des géants Daimler, Siemens et Volkswagen sont en effet directement menacés et l’implication des banques allemandes en sortirait affectée. La dynamique de sanction qui est enclenchée atteint par ricochet l’industrie allemande.
Cette ligne de défense s’est déjà traduite par l’adoption d’une position allemande en retrait à propos du tir occidental de missiles sur les bases syriennes ; elle est l’amorce de désaccords entre européens touchant aux rapports avec la Russie, qui vont s’ajouter aux précédents.
Et le monde entier continue de vivre au rythme des initiatives de Donald Trump.
Ça risque bien d’être ça , et apparemment pouvoirs en place , oppositions et majorités populaires semblent l’accepter tacitement , se gargarisant d’illusions et propos de comptoir .
Hélas .
C’est d’ailleurs pourquoi , pour sauvegarder un minimum de survie de notre pays , j’ai pu raconter qu’il ne fallait pas snober les britishs .
Notre destin n’est plus entre nos mains .
Entre ceux qui refusent davantage d’Europe et ceux qui refusent davantage de cette Europe là, Macron risque effectivement de se retrouver bien seul.
Cela dit, il n’a plus à vendre que du vent. Et dans ce domaine, il a su démontrer qu’il était vraiment très très fort.
Vers un nouveau traité de l’Élysée : une coopération franco-allemande plus substantielle au service de l’Europe
https://www.ifri.org/fr/publications/editoriaux-de-lifri/vers-un-nouveau-traite-de-lelysee-une-cooperation-franco-allemande
Les arguments en faveur d’une poursuite de l’Europe semblent s’amenuiser, car le statu quo, s’il convient à l’Allemagne, devient intenable pour de plus en plus de monde. On continue, par habitude, mais pour la plupart sans projet véritable. A part les libéraux qui y trouvent leur compte, sans trop le dire, les autres vont subir de plus en plus. Et les politiques, dorénavant imposées vont continuer à générer le ressentiment, appelé autrement « populisme », qui va trouver à s’exprimer là où il peut, parfois de mauvais aloi. On a eu le Brexit, on a eu Trump, et l’entêtement ou l’aveuglement actuel devrait mener très logiquement à la désintégration de l’UE, compte tenu des déséquilibres croissants. Dommage qu’une certaine élite politique actuelle, trop bien nourrie et surtout préoccupée de se maintenir en place dans le système actuel, ne soit pas plus lucide….
Globalement d’accord.
A l’heure du règlement des comptes, il apparaîtra que le manque de lucidité était bien partagé: 5% pour les gouvernants, 95% pour les électeurs, croyez-pas?