Exploité politiquement à outrance, la recherche massive d’un refuge européen par des populations plongées dans la précarité ou fuyant la guerre participe de la crise politique. C’est non seulement le cas en Italie, mais également en Allemagne où la grande coalition tangue déjà à propos du regroupement familial des réfugiés.
Le ministre conservateur de l’Intérieur, Horst Seehofer, veut restreindre au maximum cette possibilité, avec l’intention de récupérer lors du prochain scrutin régional bavarois de l’automne les électeurs perdus par la CSU au profit de l’AfD d’extrême-droite. Georg Nüsslein, l’un des dirigeants de la CSU, n’hésite pas à déclarer que « si le SPD ne répondait pas présent, la grande coalition serait terminée ».
Simultanément, la droite conservatrice de la CDU hausse le ton. Le ministre de la santé Jens Spahn multiplie les sorties. Il a jugé que l’État n’assure plus « la loi et l’ordre » dans les quartiers sensibles » après avoir estimé que les chômeurs de longue durée n’étaient pas pauvres et accusé les partisans du droit à l’avortement de davantage militer pour les droits des animaux que pour ceux des enfants à naître.
C’est dans ce lourd contexte que six pays, dont l’Allemagne et la France, on refusent de participer au règlement de la seconde tranche du financement accordé au gouvernement turc en contrepartie de la fermeture pour les réfugiés de sa frontière avec la Grèce. Et la Commission se refuse à la financer seule. L’absence de transparence dans l’utilisation de ces fonds par le gouvernement turc est évoquée.
Cette décision n’est peut-être pas étrangère, bien que la question ne soit pas ouvertement évoquée, aux informations recueillies par European Investigation Collaborations (EIC) et Mediapart qui font état en guise d’aide humanitaire aux réfugiés syriens de l’achat avec les fonds européens de véhicules blindés lourdement armés à des entreprises du complexe militaro-industriel proche de l’autocrate Recep Tayyip Erdogan… Cette révélation n’a pas fait beaucoup de bruit, mais qui a envie de risquer de se retrouver impliqué par un tel détournement ?
La politique du gouvernement turc, maintes fois proposée, serait de regrouper les réfugiés syriens dans des camps construits en Syrie même, dans les zones frontalières qu’elle contrôle. Éloignés, cantonnés dans leur pays, les réfugiés ne seraient plus alors que des <i>déplacés</i>. Ce qui pour le coup arrangerait bien les autorités européennes. Mais n’est-il pas trop tard pour ceux qui sont déjà en Turquie et sont éparpillés dans le pays ?
Quelque soit le bout par lequel elle est prise, cette terrible histoire des réfugiés est nauséabonde
« L’absence de transparence dans l’utilisation de ces fonds par le gouvernement turc est évoquée. »
et « achat avec les fonds européens de véhicules blindés lourdement armés à des entreprises du complexe militaro-industriel proche de l’autocrate Recep Tayyip Erdogan… »
Enfin, les yeux s’entrouvent.
On peut rajouter une déclaration de l’ « autocrate Recep Tayyip Erdogan » au « 6th Ordinary Congress of his party, AKP », commentant l’attentat de Munster : “Look, you see what terrorists are doing in Germany. The same will happen in France, too. ”
Il ne traine pas, l’autocrate et ce n’est pas sa première menace.
Les auteurs des tueries de Paris et Bruxelles étaient venus se ressourcer dans la région de Manbij-Raqqa, libérée plus tard de Daech par les Kurdes. Et avaient empruntés les facilités de transport aérien et terrestre offerts par le complaisant voisin du nord. Rien ne dit que les auteurs des attentats récents ont fait de même. Mais l’esprit voyage en se jouant des frontières, tant qu’une source existe. Non seulement elle existe mais elle renaît. Le porte-parole US de la coalition anti-Daech le déplore presque journellement.
En liaison exacte avec ce qui précède, le nettoyage ethnique et ses atrocités dans la région d’Afrin suit son cours normal. Enfin, des réfugiés vont être relogés…