Les autorités chinoises ont adopté la stratégie de la riposte graduée. En début de semaine, elles sont passées à l’acte en taxant 128 produits d’importation américains. Il n’est question pour l’instant que de représailles à la taxation de l’acier et de l’aluminium par les États-Unis, dans l’attente d’autres mesures portant sur la taxation de produits dont la valeur représente 60 milliards de dollars et qui n’ont pas encore été définies. L’administration Trump devrait dévoiler la liste des produits concernés cette semaine.
Activées, ces mesures pourraient susciter à leur tour une nouvelle réaction des autorités chinoises. Ne touchant ni aux importations de soja, ni à de grandes compagnies industrielles américaines, elles ont des marges de manœuvre.
La guerre commerciale qui a débuté est encore largement rhétorique, laissant la place à la négociation comme l’a relevé Wilbur Ross, le ministre américain du commerce. Mais une question est désormais posée : qui des américains ou des chinois ont le plus à perdre dans une escalade, si elle devait intervenir ? Les premiers, si l’on en croit le Peterson Institute. Et le sang-froid dont font preuve les autorités chinoises, qui réaffirment que « la coopération entre la Chine et les États-Unis, les deux plus grandes économies mondiales, est la seule option possible » n’est pas l’expression d’un manque de détermination.
Donald Trump joue contre le reste du monde, sa mégalomanie est son principal ennemi.
Le problème avec Trump c’est que les tweets qui lui servent à accroître sa popularité ont pour lui beaucoup plus d’importance que les réalités économiques (qui risquent d’ailleurs de ne pas se manifester d’ici aux élections de mi-mandat.)
Trump me fait penser au Fernand Raynaud de: « Si tu veux jouer au plus *** on sera deux ! Et c’est pas toi qui gagneras. »
Vu d’Europe, un des avantages des dirigeants chinois est qu’en plus des mesures plus ou moins folkloriques déjà annoncées ils peuvent en préparer de plus sérieuses sans avoir à tenir compte de l’opinion publique.
On saura d’ici quelques temps ce que vont donner les tractations entre Trump et l’UE (vraiment unie dans cette négociation, l’Europe ?)
S’il y a escalade dans les mesures de restriction commerciales entre Américains et Chinois, ce sont de loin les seconds qui ont le plus à perdre.
Les chiffres de leur relation commerciale peuvent être trouvés ici https://atlas.media.mit.edu/en/profile/country/usa/#Destinations
Pour résumer, en 2016 :
– Les Etats-Unis ont exporté pour 116 milliards de dollars vers la Chine, soit 0,62% du PIB américain estimé à 18,62 trillion $
– La Chine a exporté pour 482 milliards de dollars vers les Etats-Unis, soit 4,31% du PIB chinois estimé à 11,2 trillion $
Les exportations vers les Etats-Unis sont SEPT fois plus importantes pour la Chine que ne le sont les exportations vers la Chine pour les Etats-Unis (4,31 / 0,62 ~ 7)
Les Etats-Unis auront la haute main sur tout affrontement ou négociation commerciale « dure » avec la Chine… pour peu qu’ils arrivent à avoir une politique cohérente de pression sur Pékin. C’est là que le bât peut blesser, la question étant le soutien dont le président américain peut bénéficier de la part des élites politiques et économiques de son pays pour mener une politique néo-mercantiliste. La question ne se pose guère évidemment pour l’autocratie à parti unique qu’est la Chine.