Au large des côtes libyennes, la situation a changé du tout au tout. MSF y dénonce les entraves mises à l’intervention des navires des ONG, seul l’Aquarius maintenant désormais sa présence sur la dizaine d’entre eux qui patrouillait il y a un an.
Un juge italien a confirmé mardi le placement sous séquestre du navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, soupçonnée d’aide à l’immigration clandestine. Il restera bloqué dans le port sicilien de Pozzallo le temps que la procédure qui s’annonce longue se poursuive.
L’histoire est édifiante. Le 15 mars dernier, le navire avait commencé à secourir des naufragés, à 73 milles nautiques de la côte, à la demande des garde-côtes italiens, qui ont ensuite précisé que les forces de Tripoli prenaient la direction des opérations. Mais les militants de l’ONG ont ensuite refusé de les transférer à bord d’une vedette libyenne afin qu’ils ne soient pas ramenés en Libye. Il leur est maintenant reproché de ne pas avoir conduit les réfugiés à Malte, qui se trouvait plus proche, ce à quoi l’ONG a répondu que Malte n’acceptait que les urgences médicales.
Ce retour forcé en Libye que l’on peut plus qualifier de reprise d’évadés que de sauvetage, est désormais systématiquement appliqué. Cela a été le cas le 20 mars dernier, lors du secours en deux opérations de 450 migrants qui dérivaient sur des zodiacs aux moteurs en panne au large des côtes ouest de la Libye.
Les garde-côtes embarquant des équipages formés par les autorités européennes et financés par leurs soins font désormais la loi dans des eaux territoriales dont les limites ont été unilatéralement étendues par les autorités maritimes libyennes. Complété par des accords avec les passeurs, qui ont été priés moyennant finances par les autorités italiennes de réorienter leurs activités, le bouclage est presque parfait.
Côté Turc, la situation est tout aussi malséante et la responsabilité des autorités européennes inqualifiable. Une enquête menée par European investigative collaborations avec Politiken, Danwatch et Mediapart a révélé qu’une partie des trois milliards d’euros déjà versés à l’autocrate Erdogan n’ont pas été consacrés au maintien des réfugiés en Turquie et à l’amélioration de leur sort, mais à l’achat à des industries de l’armement turcs de véhicules blindés et lourdement armés, ainsi que de vedettes. Ces dernières patrouillent en mer Égée, sur le mode libyen, et les véhicules sont déployés à deux frontières, avec la Grèce au nord et la Syrie au sud. Là a été érigé un mur atteignant sur certaines sections 3 m de hauteur et d’une longueur cumulée de 900 km, muni de caméras thermiques, de tours de tir télécommandées et automatisées et survolé par des drones de surveillance.
D’après témoins, les soldats turcs ouvrent arbitrairement le feu sur des réfugiés syriens qui cherchent à passer. Des centaines de milliers d’entre eux sont coincés de l’autre côté de la frontière, dans une zone de guerre. Le Liban, la Jordanie et la Turquie, qui accueillent ensemble plus de cinq millions de Syriens, refusent d’accepter davantage de demandeurs d’asile.
La crise des réfugiés n’est pas contenue, elle est simplement déplacée. Et les autorités européennes qui ne peuvent ignorer l’utilisation de leurs fonds portent l’entière responsabilité des moyens de la clore. Après les accords avec les trafiquants-passeurs, les achats d’armes pour la répression.
Quelle(s) solution(s) d’ensemble préconisez-vous ?
Rester ferme sur nos principes.
Tout individu sur terre doit avoir les mêmes droits qu’un autre, que vous.
Liberté totale de circuler et de s’installer où l’on veut.
Les immenses inégalités sociales, les frontières, empêchent à ce principe de s’exercer ?
Il faut mettre un terme aux inégalités d’un pays à l’autre, dans la société même, aller à un nivellement par le haut; il faut supprimer les frontières. Cela ne peut se faire que de manière révolutionnaire. Il faut la révolution.
Les systèmes sont là pour être au service des hommes, pas les hommes au service d’un système. Ce système capitaliste manifestement ne peut plus rendre service qu’à une minorité d’hommes, il faut que la majorité impose un autre système.
Ce système c’est le socialisme, un nouveau socialisme, qui doit s’élever au dessus des premières expériences socialistes ayant eu cours au XX siècle. Croyez vous que la démocratie, un système supérieur à l’autocratie, se soit en une seule expérience, réalisée ?
Il en a fallut des avancées, des reculs, des victoires et des défaites pour que la démocratie existe.
Avec le socialisme c’est exactement le même processus historique.
Dans le processus de ce combat pour le socialisme, si une vague migratoire met à mal le système capitaliste existant, traître et imbécile sera le membre de la majorité frustrée, qui prendra fait et cause pour ce système contre l’homme malheureux, le migrant.
Je trouve de la part de François Leclerc un grand courage politique d’écrire un billet sur ce drame en cours.
Il n’a pas lui à trouver seul la solution, c’est à nous tous de la trouver.
Sur le principe général, d’égalité étendu à la planète (on dira « liberté, égalité, fraternité »), tout à fait d’accord, mais c’est sur le processus que je m’interroge. C’est sûr que les pays riches (ou plus exactement, leurs dirigeants) et que le système capitaliste actuel (« néolibéral ») est un facteur très aggravant des phénomènes migratoires actuels, il faudrait ajouté, forcés. Ayant vécu longtemps dans un pays qu’on appelait « en voie de développement » (ou « PMA – acronyme pour « Pays les Moins Avancés »), et qu’aujourd’hui on voudrait appeler « émergents » (à l’exemple de la Chine), j’ai vu à quel point, les politiques économiques largement pilotées par les organisations internationales, structurées comme des banques (en tête desquelles le FMI et la Banque Mondiale, qui se nomme elle-même « la Banque ») (dès les années 80, on parlait « d’ajustements structurels » et de « bonne gouvernance »), c’est à dire organiser les économies des pays essentiellement pour qu’elles puissent rembourser leur dettes). Et un crédo, dont nous vivons pleinement la réalité maintenant ici, « attirer les investisseurs privés » : traduire, dérouler le tapis rouge aux multinationales pour exploiter au mieux (avec « efficience ») les ressources des pays : main d’oeuvre et matières premières (et « accessoirement », en détruisant largement l’environnement). Donc, le « symptôme » migratoire doit être largement pensé en amont, à la recherche et la mise en oeuvre urgente, d’un autre « modèle de développement »….
Le 12 juin 2018 l’Aquarius est en péril, les conditions météorologiques s’annoncent mauvaises:les Espagnols comme les Italiens ont fini par faire ce qu’ils avaient à faire, en tant qu’Hommes.L’Humanité se doit de les remercier.Le gouvernement français n’a RIEN fait, strictement RIEN.Il n’a pas même levé le petit doigt.Enfin, si, par la voix de son 1er représentant la France a fait la leçon, vertement qui plus est.C’est une honte.