Ils déclarent tous ne pas avoir peur de la guerre commerciale engagée par Donald Trump, mais ils voudraient bien en limiter la portée. Les menaces fusent, des mesures de rétorsion limitées sont annoncées, mais elles ne sont pas activées. On en est au round d’observation et aux affrontements rhétoriques. Cela ne va pas durer.
Les délais fixés aux uns et aux autres par Donald Trump courent et les incertitudes demeurent. Les Européens ne savent toujours pas sur quel pied danser, dans l’ignorance des conditions qui pourraient être mises à l’exemption des taxations annoncées. Mais les dirigeants chinois qui n’ignorent pas être au centre de la cible montent le ton.
Cui Tiankai, l’ambassadeur chinois aux États-Unis, n’a pas exclu hier la possibilité que Pékin réduise ses achats de bons du Trésor américains : « nous considérons toutes les options » a-t-il déclaré sur Bloomberg. La menace reste mesurée, puisqu’il ne s’agit pas de se défaire de titres déjà détenus en les vendant sur le marché, mais toute intervention dans ce domaine très sensible était jusqu’à maintenant écartée. La logique du bluff ne mène pas à la désescalade.
Les Allemands ayant le plus à perdre dans cette affaire, la solidarité européenne – à laquelle ils font barrage dans d’autres domaines – leur est pleinement indispensable. Pourront-ils ne pas en tenir compte demain si elle subsiste ?
Le « groupe de travail » paritaire négocié le week-end dernier à Washington a jusqu’au 1er mai pour trouver un accord, une fois qu’il connaitra les exigences du président américain. Le premier ministre belge Charles Michel relève que cela revient à négocier un pistolet sur la tempe. Ensemble, les chefs d’État et de gouvernement ont réclamé vendredi que l’exemption temporaire devienne définitive, sans quoi ils se réservent le droit de répliquer « de manière appropriée et proportionnée ». La Maison Blanche en tremble sur ses fondations.
Donald Trump veut réduire de 100 milliards le déficit commercial américain de 375 milliards de dollars vis-à-vis de la Chine. Comment y parvenir, même en additionnant une augmentation des achats chinois aux États-Unis à la taxation à l’importation d’une longue liste de produits chinois ? Le risque est de pénaliser au passage les industriels américains qui importent des composants chinois ou ceux qui contribuent à la valeur ajoutée de biens chinois. Dans une économie mondialisée, où les chaînes d’approvisionnement sont internationales, élever des barrières douanières n’est pas sans conséquence.
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Elles peuvent sembler nécessaires du point de vue des émissions de gaz à effet de serre et du point de vue de l’indépendance nationale.
Ce sera une des premières mesures que devra prendre tout gouvernement s’engageant vers une transition écologique digne de ce nom.
Ne pas considérer les grands indicateurs boursiers (CAC, Footsie, Dow Jones,…) comme pertinent dans les temps qui viennent :
Les entreprises bénéficiant à fond de la globalisation y sont naturellement surreprésentées, alors que celles qui pourraient profiter d’une relocalisation n’y figurent pas.
Cela dit, je ne vois pas pourquoi on qualifie le rétablissement de barrières douanières de « guerre commerciale ». Est-ce que la guerre commerciale ce ne serait pas plutôt cette obsession de produire sans cesse à moindre coût grâce à un moins disant social permanent ? Est-ce que ce ne serait pas ce rapport de force en faveur des grands groupes leur permettant de ne plus payer d’impôt ? Est-ce que la guerre commerciale ne serait pas avant tout ces trillions de dollars, d’euros ou de brouzoufs qui balaient la planète sans plus rien pour les empêcher de tout dévaster sur leurs passage. Bref, est-ce que la guerre commerciale ne serait pas celle de l’idéologie de la concurrence libre et non faussée qui favorise à outrance la concentration des richesses, devenant ainsi la guerre nourricière des guerres économiques et civiles à venir ?
Hugh !
Si les Etats n’ont plus tout à fait la main sur les économies, parce qu’ ils ont privatisé, délégué à d’autres ou abandonné la partie pour complaire à la dite « mondialisation libérale », il semble difficile, périlleux voire des lendemains promis à de mauvaises surprises que de faire revenir la puissance décisionnaire de l’Etat dans ce système « ouvert ».
Si les lois du commerce mondial ne sont plus profitables à ceux qui les ont instaurées, faut-il pour autant changer l’arbitre et les règles à la mi-temps ?
Aux défis qui sont déjà actés, répondre par plus de désordre n’est pas la solution.
Le monde est mal barré !