Les autorités européennes qui se réunissent jeudi soir, à la veille de la mise en place des taxations américaines, sont-elles prêtes à aller à la bataille ? En ont-elles les moyens ? N’ont-elles pas déjà choisi de lever le pied et de limiter les dégâts ?
Cela demande bien entendu confirmation, au fil des jours qui viennent. Mais aucun signe d’assouplissement de la détermination de Donald Trump n’est enregistré. Et les mesures de rétorsion européennes jusque-là annoncées sont modestes, voire symboliques. La taxation des jeans Levi’s, du beurre de cacahuète et des Harley-Davidson, si elle entre en vigueur, est-elle à la hauteur de la confrontation ? Les choses pourraient traîner en longueur, la procédure de l’OMC prévoyant un délai de 90 jours.
La bataille qu’a engagée Donald Trump, sous couvert de la protection de l’industrie de l’acier et de l’aluminium américains, a des objectifs beaucoup plus ambitieux. Il veut que les entreprises américaines puisent accéder sans entraves au gigantesque marché intérieur chinois, et améliorer l’accès au marché européen. Comme si le développement de l’économie américaine ne pouvait pas à terme s’appuyer sur son marché intérieur, et qu’il était vital d’en conquérir d’autres. Une anticipation, en quelque sorte, de la paupérisation des classes moyennes américaines qui se manifeste déjà par une hausse de l’endettement des ménages, qui a ses limites.
Steve Mnuchin a été sans équivoque : « il y a un désir général au sein du G20 de voir la Chine ouvrir ses marchés de manière à ce que nous puissions y entrer comme ils le font chez nous, dans une relation commerciale beaucoup plus équilibrée et réciproque ».
Or, il n’est pas possible que tous les pays enregistrent simultanément des surplus commerciaux, et c’est sur ce terrain que se mène une bataille aux fortes conséquences pour les pays de la zone euro. Les exportations allemandes génèrent un surplus officiel de 8% du PIB, celui de la zone euro atteignant 4%. Ces surplus sont menacés par l’offensive américaine : elles mettent en cause la stratégie qui consiste à préconiser l’accroissement des exportations sur le mode allemand. Au bout du compte, c’est le modèle de résolution de la crise de la zone euro dont l’Allemagne est porteuse qui est en cause.
Si « modèle de résolution de crise » il y a , celui de la crise de la zone euro peut il être sans lien avec celui de la crise mondiale , si tant est que tout le monde serait d’accord pour dire qu’il y a une crise mondiale ?
En l’état , le premier qui résout intelligemment , mais seul , sa crise , a perdu .Les victimes des crises et conflits restent toujours les plus faibles .
La résolution de la crise monétaire devrait être la signature de celle plus charnelle et politique de la crise mondiale .
Entre temps , l’exportation des crises reste notre seul horizon de cornichons patentés , encore pas assez nombreux pour sortir du cadre .
@ Juannessy
« seul horizon de cornichons patentés , encore pas assez nombreux pour sortir du cadre . »
Du bocal Juan, du bocal de cornichons, tant que nous ne saisirons pas que finalement et historiquement la lutte politique, c’est une affaire de minorités agissantes, et le progrès l’affaire de la constitution d’une avant garde révolutionnaire.