Au G20-finances de Buenos Aires, la fin de la mondialisation heureuse

Qu’il est loin le temps du G20 qui se réunissait à un rythme rapproché, et dont il était attendu qu’il remédie à la crise financière ! À l’époque, Jacques Attali n’avait pas résisté à un trait d’esprit, le qualifiant de G-vain. Rétrospectivement, observons que cette instance de dernier recours n’a pas rempli ses promesses.

Les ministres des finances du G20 vont se réunir à Buenos-Aires en début de semaine prochaine, et jamais la rédaction par les sherpas de leur communiqué final n’aura donné autant de peine. Sur tous les sujets, les divergences s’affichent et il est seulement question de savoir comment les rendre présentables. Ainsi, on ne parlera pas de danger protectionniste, mais de « inward looking policies », de politiques tournées vers l’intérieur » selon la nouvelle gracieuse expression trouvée par le FMI.

Et l’on prétend que la crise est finie ! Non, elle a seulement changé de nature, et rebondit à des hauteurs politiques inégalées. Non plus seulement au niveau européen, mais mondial.

Les membres occidentaux du G20 sont en quête de ressources pour trouver un nouvel équilibre. D’un côté en taxant les importations afin de combattre les surplus commerciaux et de l’autre en s’attaquant à l’optimisation fiscale des GAFA Nord-américains. Ne voulant pas le reconnaître, ils sont coincés au sein d’un système dont la seule issue est d’accroitre les ressources pour financer une providentielle relance afin de desserrer l’étau de l’endettement.

En vertu de quelle étrange cécité se refusent-ils à prendre le problème à bras-le-corps ? Craignent-ils de déséquilibrer le système financier en touchant à la dette obligataire, son socle ? Cela s’inscrirait dans la logique d’une régulation financière qui consiste à amortir la prochaine crise avec des coussins d’actifs « de qualité » – des titres souverains – au lieu de prendre les mesures susceptibles de l’empêcher ? Car sinon, ils nageraient en pleine contradiction.

Mais – à l’exception des faucons qui y mènent la danse – ils ont quelques raisons de ne pas être inspirés par l’exemple européen d’austérité budgétaire renforcée, après en avoir observé les résultats. Ce qui ne donne pas la solution pour autant.
La guerre commerciale qui s’engage serait-elle le dernier recours, les banques centrales ayant toutes, à l’exception de celle du Japon, décidé de se désengager à des rythmes plus ou moins rapides ? Il est rare, quand on s’engage dans une guerre, de savoir comment elle va se terminer. Les Américains la déclarent facile à gagner et le FMI qu’elle est perdue d’avance.

En attendant le prochain épisode, le gouvernement chinois marque des points et les européens sont sur la défensive afin de préserver leur unité. Un grand tournant est pris, le chacun pour soi l’emporte. Le rêve de la mondialisation heureuse est terminé.

2 réponses sur “Au G20-finances de Buenos Aires, la fin de la mondialisation heureuse”

  1. Ne vous en faites pas, François, il suffira même pas d’une crise mais de l’ombre de sa menace pour que les argentiers en reviennent à leurs monnaies de singe plus ou moins maquillées. Que l’on en revienne ou non à des barrières tarifaires.
    Quant à la « guerre commerciale » (quelle appellation biaisée!), elle parait d’autant plus horrible que revenir à des zones économiques limitées contraindrait à acheter une paix sociale et à développer, moyennant finance, un marché intérieur; ce dont les vainqueurs de la guerre économique, les seuls pour qui la mondialisation a été heureuse, ne veulent à aucun prix.

  2. « Guerre commerciale » est une appellation biaisée en effet. Il n’est qu’un seul type de guerre qui mérite ce nom, la guerre qui pourrait éclater à terme entre Etats-Unis et Iran, celle qui pourrait éclater peut-être dès cette année entre Etats-Unis et Corée du Nord.

    Tant que Donald Trump n’instaure que des barrières commerciales, plutôt avec les généraux et néo-cons qui l’entourent que déclarer une guerre, il n’y a que demi-mal, voire pas de mal du tout.

    Pour le 0,1%, des barrières commerciales sont une mauvaise nouvelle, voire une très mauvaise. Pour le reste des populations, protectionnisme comme libre-échange ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. Il n’est pas certain du tout que des limites aux échanges seraient une mauvaise affaire pour la majorité.

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