Il y a désormais deux candidats à la poursuite du démantèlement de l’Union monétaire, l’Italie et les États-Unis, et aucun des deux n’est réductible.
L’Italie se confirme être le principal risque politique, les désaccords intra-européens déjà identifiés portant sur les réformes à accomplir ainsi que sur la politique budgétaire. Le bilan de Matteo Renzi est là pour témoigner de l’obstacle qu’ils représentent, et l’on ne voit pas une nouvelle équipe arrivant maintenant au pouvoir, quelle qu’elle soit, s’engager dans ce qu’il n’est pas parvenu à accomplir. D’un côté, la Ligue veut rétablir le montant des retraites, qui ont été réduites, de l’autre le M5S doit une large part de son succès électoral à sa proposition d’instaurer un revenu minimum universel. Or, un troisième thème clivant émerge dans le débat politique, celui de l’adoption d’une monnaie parallèle, sur le modèle proposé par Yanis Varoufakis pour la Grèce. Tandis que la succession de Mario Draghi à la tête de la BCE semble annoncer une raideur nouvelle de l’institution peu propice aux accommodements. Dans l’opinion publique italienne, il s’en faut déjà de peu que l’euro apparaisse comme un problème et non plus comme une solution.
La guerre commerciale déclarée par Donald Trump vise plus particulièrement l’Europe, et en son sein l’Allemagne. Et, il n’a pas fait mystère lors de son déplacement en Pennsylvanie que, derrière l’acier et l’aluminium, c’est le marché de l’automobile qui est visé, identifiant les marques allemandes et promettant de les taxer à l’importation si les Européens n’abaissaient pas leurs propres taxes. Or les discussions piétinent entre la commissaire européenne Cecilia Malmström et le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer. Ce n’est pas sans raison, le président américain n’ayant pas l’intention de négocier avec l’Union européenne mais avec ses États membres, un par un, privilégiant comme on le sait les relations bilatérales.
La Fédération patronale allemande (BDI) manifeste un certain émoi, devant faire face à cette offensive et craignant de surcroît que les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne débouchent sur la fin de l’Union douanière. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont, avec la Chine, les trois principaux marchés à l’exportation de l’industrie automobile allemande, qui représente 13% du PIB du pays et un cinquième de ses exportations.
Additionnés, les coups portés atteindraient durement les surplus commerciaux dégagés par l’Allemagne, et affecteraient son business model. Ce qui pourrait inciter les milieux industriels à demander au gouvernement allemand d’en tenir compte. Donald Trump sait n’avoir aucun avantage à négocier avec l’Union européenne et tout intérêt à susciter en son sein des divergences. Il s’y emploie déjà.
Il est intéressant de rapprocher union douanière et monnaie unique qui de fait interdit de faire jouer des taux de change à l’intérieur de la zone euro. Les grandes asymétries des soldes extérieurs ont pour cause essentielle la disparition de l’outil taux de change. Mais une façon biaisée de retrouver cet outil est de mettre fin à une union douanière. Le président américain, en s’attaquant à l’Allemagne s’attaque aux déséquilibres extérieurs des pays de la zone euro. Que peut faire la France? Se battre pour le maintien de l’union douanière, c’est potentiellement être victime de l’Allemagne via la volonté américaine de faire disparaître les taxes sur les importations de voitures américaines. Ne pas se battre pour l’union douanière, c’est éviter un déficit aggravé. Dans cette affaire d’industrie automobile La France à intérêt à disposer d’un régime douanier spécifique. Les choses vont vraiment se compliquer…..
On annonce Merkel bientôt à Paris .
Intéressant d’entendre ce qui se dira et ne se dira pas .
Mais peut on « dire » , dans ce genre de partie lose-lose ?
Si en plus le Qatar achète des F-15 plutôt que des rafales …
Il va aussi falloir construire nous même drones et avions furtifs .
Ça n’est pas que l’Europe qui se démantèle .
La monnaie unique a littéralement détruit l’Italie. 25% de sa production industrielle a fondu depuis l’adoption de l’euro, ce qui etait évidemment prévisible.
De plus, les rares excédents sont aspirés par l’étranger: des pans entiers de l’ économie ont été cédés à des groupes industriels et à des fonds d’investissement américains, anglais, allemand.
Ce qui rappelle la Grèce, mais aussi la France…
La survie des italiens implique l’abandon de la monnaie unique. Il n’y a pas d’autre solution viable à court ou moyen terme.
N’enterrez pas l’Union Européenne aussi vite ! Les petites mains, les petits capots et tous le ban des officiers et généraux eurocrates ainsi que tous leurs alliés partout dans l’Union sont là à la manoeuvre pour sauver leur bébé du bain. Y colmatent, y rentrent les voiles et s’apprêtent à la riposte pour sauver le navire. Tous les euro sceptiques vont être matés et étouffés, partout dans l’Union, dans moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Ca sera la première guerre civile sans morts et sans bataille, du continent et de l’Histoire. Mais guerre civile il y a et les pauvres nationalistes vont en prendre pour leur grade définitivement (ou presque).
Les USA, qui joue avec cette armée hyper eurocratique, vont aussi tâter de la méthode eurocrate, ils ne vont même pas comprendre ce qu’ils vont ramasser avec leur administration centrale totalement aphone et sans chef depuis 2 ans.
@Olaf,
Ce n’est pas l’euro qu’il faut seulement accuser. Il déplait tant à la finance anglo-saxonne qu’il ne saurait être entièrement mauvais.
Il n’est qu’un instrument et le rôle qu’on lui a fait jouer est à juger politiquement autant qu’économiquement.
Ce n’est pas d’une zone économique optimum dont l’euro aurait eu besoin mais d’une zone politique minimum.
A une politique redistributive européenne et à des normes sociales communes, on a préféré une politique mixant « concurrence libre et non faussée » (et déficits abyssaux dissimulant la concentration des richesses qu’elle entrainait).
Avec les conséquences que l’on sait.