Trump travaille à l’échéance à mi-parcours

À en croire Donald Trump – mais est-ce bien raisonnable ? – la croissance de l’économie américaine devrait dépasser 3% cette année, laissant les européens loin derrière. En 2017, elle a été de 2,7%. L’indice a toute son importance, censé résumer l’état de l’économie, bien que l’on peut se demander de quoi il est en réalité l’indice mal nommé !

Mais rien n’est joué, car la baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés et la taxation forfaitaire avantageuse des profits parqués à l’étranger pourraient se limiter à un effet d’aubaine pour les entreprises, au lieu de se traduire par un surcroît d’investissement. Cela s’est déjà vu sous George W. Bush en 2002, les actionnaires se taillant la part du lion.

La période se révèle propre aux surprises, pas nécessairement les meilleures. C’est le cas pour les salaires, qui stagnent, alors que les créations d’emplois bondissent en raison du regain d’activité, que le taux d’emploi est de 63%, et le chômage de 4,1%. Cela ne devrait pas être le cas, si l’on s’en tient aux préceptes classiques. Pour l’instant, la hausse des salaires qui devrait résulter d’une telle situation ne reste qu’une simple promesse annoncée par Jerome Powell, le nouveau président de la Fed nommé par Donald Trump, qui justifie ainsi une prochaine augmentation de son taux directeur principal pour de toutes autres raisons.

Marc Short – son conseiller aux affaires législatives, qui remplace au pied levé Gary Cohn qui a démissionné -, affirme que 4,4 millions d’employés ont bénéficié de primes ou d’augmentations de salaire (mais il y a 155 millions de salariés aux États-Unis…). Et l’on peut également observer que les emplois à temps partiel ne diminuent pas.

Pas étonnant, dans ces conditions, que les retards de remboursement sur les cartes de crédit atteignent 7%, le plus haut taux depuis 7 ans : les salariés maintiennent leur pouvoir d’achat grâce aux crédits à la consommation. Le crédit automobile y va aussi de son renfort, ainsi que les prêts étudiant. Faisant contraste, le taux de défaut enregistré sur les prêts au commerce et aux entreprises diminue, toujours selon la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC).

Torsten Slok, l’économiste en chef de la Deutsche Bank, le constate : « il est très clair que les initiatives politiques que nous avons vu ont comme objectif de contribuer au bilan des entreprises et non au budget des consommateurs ». Il pourrait être ajouté que le modèle d’une croissance soutenue par une consommation reposant sur le crédit n’est pas tenable indéfiniment… Et que les entreprises ne sont pas encouragées à investir si les consommateurs sont appelés à ne pas être au rendez-vous. Reste la piste d’une augmentation de la productivité, mais elle prend une tournure inquiétante en raison des conséquences de la robotisation sur l’emploi, et donc sur la consommation qui contribue pour 70% à la croissance aux États-Unis.

Si les intentions politiques de la campagne menée par Donald Trump en faveur de la taxation des importations d’acier et d’aluminium ne font aucun doute, ses résultats économiques sont très discutables. En effet, la relance de l’activité qui en découlera doit être mise en balance avec les surcoûts à la production américaine qu’elle induira. Les électeurs des bassins miniers et de production de l’acier et de l’aluminium, dont l’activité est en déclin, ont massivement voté en faveur de Donald Trump et applaudissent maintenant à ses mesures de taxation. C’est ni le cas des représentants de l’industrie automobile, qui annoncent ne pas pouvoir absorber des surcoûts, ni des producteurs de soja, qui craignent des mesures de rétorsion frappant leurs exportations.

Donald Trump s’appuie sur les vestiges d’un capitalisme dépassé, qu’il défend, et ne poursuit dans l’immédiat qu’un seul objectif, le passage haut la main des midterms de novembre prochain (les élections au Congrès à mi-mandat). Pour la suite, il est devenu le candidat à un super jeu dont le gros lot est sa réélection, abusant d’une situation où il ne peut pas être viré, comme il affectionnait de le faire des candidats du temps où il était une star de la télévision. Il n’a jamais cessé de l’être.

23 réponses sur “Trump travaille à l’échéance à mi-parcours”

  1. Le talon d’Achille de Trump ? Le dollar !

    Quiconque possède un dollar dans sa poche, celui la à un droit de vie ou de mort sur l’abruti prétentieux de la Maison Blanche.

    Prenons l’exemple d’un empereur chinois, plein de dollars dans sa poche, et à priori très fâché d’être tenu à l’écart de petites affaires se discutant en secret le long de la frontière de son empire, un mouvement de doigt de cette céleste divinité et il ne restera pas grand chose des prétentions de l’énergumène.

    Donald Trump s’appuie sur les vestiges d’un puissant capitalisme US, qu’il tente de camoufler par une politique extérieur agressive, arrogante et vaine, et ne poursuit dans l’immédiat qu’un seul objectif, le passage haut la main des midterms de novembre prochain (les élections au Congrès à mi-mandat).

    Qu’il ne compte pas trop sur son ami Kim Sung Un à l’aider plus que cela dans cette besogne !

    La Corée du Nord ne renoncera jamais désormais à la dissuasion nucléaire, seule à même de la protéger des sautes d’humeur de ce monde capitaliste devenu complètement dingue !

    1. En jouant la dévalorisation de leur stock de titres de la dette américaine, les autorités chinoises attaqueront leur propres réserves !

      1. Nous sommes donc dans l’histoire de l’œuf et de la poule, mais peut-être qu’en apparence.

        Personne ne contestera je l’espère que la monnaie ne joue pas un même rôle dans une économie reposant sur la propriété privée comme les USA, et une économie intégrée à l’économie capitaliste, au marché mondial, celle de la Chine, intrinsèquement de nature étatique, bref une économie bourgeoise sans bourgeoisie, un Etat bureaucratique ouvrier.

        La Chine se sert de son matelas de dollar pour construire sa nouvelle route de la soie, acheter des terres arables en Afrique et accessoirement quelques vignobles français. A ce titre comme vous le dites François elle est très soucieuse de la valeur du dollar.

        Mais comment va réagir la dictature de Pékin si la politique protectionniste de Washington allait jusqu’à une dislocation du marché mondial ?

        Il n’est pas douteux qu’un krach du dollar mettrait Trump à terre, pas Xi Jinping, qui maintenant qu’il a réussit à se faire nommer consul à vie, pourra faire surmonter à son pays cette difficulté.

        C’est Xi Jinping qui tient les noisettes de Donald dans sa main, pas l’inverse.

        Maintenant je ne suis pas sûr que l’idiot de Washington maîtrise et comprenne ces concepts, d’où sa politique hésitante et brouillon.

        Il ne sait pas ce qu’il fait !

    2. « la dissuasion nucléaire, seule à même de la protéger »
      Pas tout à fait. Nous ne sommes plus dans les années 70 où Russes et Américains convenaient qu’une guerre nucléaire n’était pas gagnable et ne pouvait aboutir qu’à la destruction mutuelle (MAD).
      Aujourd’hui, beaucoup, et dans tous les pays, pensent qu’une guerre nucléaire est désormais envisageable car gagnable, et le roitelet nord-coréen devient un bon prétexte pour relancer et accélérer une nouvelle course aux armements nucléaires (sans faire porter tous les torts au ‘petit gros’ : c’est effectivement un des pires dictateurs de la planète, mais la modification par la force de frontières internationalement reconnues, et la jurisprudence Saddam – si tu n’as pas la bombe, tu es mort – ne sont pas de son fait).
      Une des preuves que la course à la mort est bien relancée étant que nos amis banquiers investissent à nouveau des sommes considérables dans l’armement nucléaire :
      https://www.dontbankonthebomb.com/2018-dont-bank-on-the-bomb/

      Concrètement, l’humanité explore donc plusieurs voies pour rendre son suicide possible :
      – Le développement d’armes tactiques, dites de ‘champ de bataille’ car utilisées dans des frappes anti-forces. Ici le nucléaire n’est plus qu’une vulgaire arme d’emploi, juste une bombe un peu plus grosse permettant de combler les trous qui existent dans le spectre d’intervention et de palier à la vulnérabilité des bombardiers et chasseurs bombardiers devant la multiplication des systèmes d’interdiction. C’est notamment le cas des US avec leur nouvelle Nuclear Posture Review dévoilée en début d’année dans un silence médiatique assourdissant de ce côté de l’Atlantique.
      https://www.documentcloud.org/documents/4347479-Npr-2018-A.html
      – Le développement de porteurs hypersoniques censés être invulnérables par leur vitesse.
      – La bonne vieille prolifération des vecteurs balistiques basés à terre sur véhicules mobiles où à la mer (le nombre est la qualité de base dans une attaque saturante, et il rend inopérant une frappe préventive qui ne peut envisager de détruire tous les effecteurs adverses).
      – Le développement de ‘boucliers’ anti-missiles, chacun spécialisé dans un type de missile dédié et une couche atmosphérique.
      Le développement de mini-sous-marins portant un seul missile (moins chers à construire en grand nombre).
      Etc, etc,…

      We’ll Meet Again
      https://www.dailymotion.com/video/x7dhbl

      1. La main peut écraser le hérisson mais elle n’ose pas !

        Bien évidemment la puissance nucléaire des USA peut rayer de la carte la péninsule coréenne, comme d’ailleurs la France, avec en retour probablement peu de dégâts chez lui.

        Mais c’est justement le fait que des petites nations peuvent jouer le hérisson de service qui est la nature même de la dissuasion.

        Dire que nous ne sommes plus dans les années 70, où Russes et Américains convenaient qu’une guerre nucléaire n’était pas gagnable et ne pouvait aboutir qu’à la destruction mutuelle (MAD), c’est une manière d’affirmer, que par un coup de baguette magique, le concert des nations vient subrepticement d’abroger les contradictions impérialistes .

        Russes, américains et chinois conçoivent parfaitement que comme dans les années 70 il faut faire vachement gaffes à ses faits et gestes.

        La dessus un Trump arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine chinoise.

        Ils doivent prendre sur eux et se dire: vivement le changement aux States !

        C’est pas tenable à terme !

        1. Plusieurs points :

          – Avoir la Bombe n’est qu’un premier pas, mais insuffisant pour se prémunir d’une frappe dite « de décapitation ». Pour que la dissuasion soit réellement efficace, il faut pouvoir bénéficier de la capacité de frappes en second (frappes du mort), à savoir que l’adversaire doit être conscient que même s’il parvient à détruire totalement le pays visé par son attaque surprise, il ne pourra pas éviter de subir en retour des dommages, qui selon la phraséologie en usage sont dits « inacceptables ». Cela suppose de disposer de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, de systèmes de transmissions et de chaines de commandement sécurisés et résilients (qui dans le cas de la verticale du pouvoir Nord-coréen et de son unique et cher Leader, posent forcément un problème). Ce sont là des technologies parmi les plus complexes qui soient, et leurs coûts est encore plus prohibitifs que celui de la possession de la Bombe. Donc dans un scénario de SF, les USA ont parfaitement les moyens de vitrifier plusieurs centaines de fois l’Hexagone, mais ils n’ont quasiment aucun moyen d’empêcher en retour la destruction de leurs grands centres urbains (le véritable scénario restant bien sûr celui d’un échange nucléaire USA/Russie ou USA/Chine).

          – Nul coup de baguette magique de la part du concert (dysharmonique) des nations pour abroger les « contradictions impérialistes », mais simplement la main des différents complexes militaro-industriels et de certains stratégistes qui entendent remettre en service des concepts et systèmes d’armes qui ont déjà existé dans un concept d’emploi défensif (on se souvient des Pluton et Hadès sur châssis AMX30 qui étaient alors les armes françaises pré-stratégiques « d’ultime avertissement ), mais cette fois-ci pour les intégrer à des concepts purement offensifs de niveaux tactiques ou opératiques.

          C’est précisément ce qui est extraordinairement dangereux dans la remise en cause de la dissuasion nucléaire, de faire d’une arme de non-emploi une arme d’emploi, en pensant pouvoir maitriser l’escalade qui ne manquerait pas alors de s’enclencher !

          Et pour rajouter au cauchemar, nous ne nous trouvons plus dans un affrontement Est-Ouest avec des dirigeants à peu près rationnels qui avaient connu les destructions de la 2nd GM (que représente la guerre pour les dirigeants actuels, un degré au-dessus du jeu vidéo ?), mais avec la réelle menace de rajouter à la course aux armements nucléaires, la multiplication des acteurs.

          Sans oublier bien entendu, que multiplier les vecteurs et les effecteurs (et leurs déplacements), c’est multiplier les risques d’accidents, ou d’incidents qui par simple malentendu peuvent déboucher sur des tirs réels…

          Le plus dramatique étant que même en imaginant Trump remplacé par Sanders, voire par Jill Stein (quitte à rêver) aux prochaines élections, cela ne changerait sans doute pas grand-chose à la posture nucléaire des États-Unis, tant est grand le poids de l’État profond.

          Bref, des accords de désarmement auxquels toutes les puissances nucléaires participeraient, on y croit moyennement dans cette période de repli nationaliste.

          1. @ Roberto.
            Admettons la possibilité d’une Corée du Nord vitrifiée, inutile alors pour le régime de dépenser des sommes folles en frappes en second, en frappes du mort. Une bonne grosse bombe même rouillée suffira !

            Les simples retombées radioactives sur la Péninsule, et sans doute sur le Japon et une partie de la Chine, auraient le même effet.

            Non le principe de la dissuasion n’est pas dans la sophistication à outrance, mais bien dans la certitude, que mettre son nez dans un essaim d’abeilles peut vous dégoutter à tout jamais du miel !

            Je note cher Roberto que vous semblez faire une petite distinction entre la verticalité du pouvoir chez les uns et chez les autres.

            Seriez-vous entrain de revenir de vos critiques vis à vis de notre régime jupitérien ? Seriez-vous de ces derniers observateurs qui louent encore cette belle démocratie américaine ?

            PS: Ne vous inquiétez pas de ce surprenant vouvoiement dans nos échanges. J’apprécie particulièrement vos billets et votre personne, nous pourrions nous tutoyer sans problème, mais finalement je trouve ce procédé marrant. Cela crée certes un peu de la distance froide, mais cela fait aussi de nous de grands prétentieux, des docteurs es !
            Il y en a bien à vous entendre qui approchent les redoutables défis géo-politiques devant nous, avec dans les mains un Joystick !

            Cela contrebalance et complète ce monde de fous !

            « La plus subtile folie se fait de la plus subtile sagesse »
            Montaigne.

          2. @ Eninel

            C’est pourtant le principe même de la dissuasion : dissuader un adversaire de frapper !
            Et la dissuasion est d’autant plus efficace que l’adversaire sait – que quoi qu’il arrive -, il sera frappé en retour. Par contre si l’adversaire pense qu’il a les moyens de décapiter en une seule série de frappes tous les centres de décisions politiques et militaires, ainsi que de détruire tous les vecteurs, alors paradoxalement, la possession de la Bombe sans possibilité de frappe en second peut devenir un facteur incitant à la guerre…

            En ce sens, la dissuasion doit sa crédibilité principalement à deux facteurs :
            – Psychologique : l’adversaire doit être persuadé que les décideurs utiliseront l’arme.
            – Technologique : toute la chaine doit reposer sur des processus et des matériels d’une fiabilité irréprochable.

            Même dans le cadre d’un gel des armements incluant les têtes nucléaires, leurs vecteurs et les plateformes de lancement, la course à la rupture technologique se poursuit. Pour les domaines directement concernés, mais également dans les domaines adjacents : discrétion acoustique et électromagnétique vs senseurs par exemple pour les SNLE.

            Quant à la verticalité du pouvoir, c’est me faire un bien mauvais procès que de chercher une quelconque lecture politique dans ce qui n’est qu’une lecture factuelle des chaines de commandement : en Corée du Nord, tout dépend et tout remonte à l’unique et seule personne du Roi, ce qui est un lourd handicap stratégique. En France ou aux US existent des listes de décideurs aptes à prendre l’ultime décision si le niveau hiérarchique supérieur a été atomisé. Ni plus, ni moins.

            Et merci pour le compliment sur mes billets, mon petit ego apprécie ! Pour le tutoiement, comme j’ai déjà eu l’occasion de te-vous l’exprimer sous d’autres cieux électroniques, il a ma préférence car il me vient naturellement. Mais je ne veux rien imposer.

          3. @ Roberto.

            Pour le fun je préfère le vouvoiement, vous faites vous comme vous l’entendez Roberto.

            Pour cette histoire d’efficacité de la dissuasion chez Kim Jong Un, je me suis sans doute mal fait comprendre.

            J’affirme qu’il est impossible pour les USA de vitrifier l’ensemble de la Corée du Nord, seule manière d’éviter que dans un coin reculé du pays, un pétard puisse partir par exemple vers Séoul, quand bien même le commandement central serait exterminé.

            Non pas que cela ne puisse pas se faire d’un point de vue technologique ( on est quand même dans l’horreur là ), non je dis que cela ne pourrait pas se faire, sans occasionner des dommages collatéraux gigantesques chez les alliés ( Japon, Corée du Sud).

            Frapper de stupeur l’ensemble de la Corée du Nord afin qu’elle ne puisse pas riposter, exigerait une telle puissance de feu atomique, que l’ensemble de la région en paierait le prix coûtant, ne serait ce que par les retombés. Sur le plan politique: inconcevable !

            Certes Hiroshima et Nagasaki , mais la monstruosité c’est passé sur une île, loin d’alliers potentiels.

            Le régime de la Corée du Nord n’a donc pas besoin d’être à la pointe de la technologie pour aujourd’hui être une puissance nucléaire. Elle l’est .

            Il est dangereux pour nous les travailleurs de penser qu’il puisse y avoir une moindre différence dans les verticalités des pouvoirs dictatoriaux, qu’ils soient en Corée du Nord, au USA ou en France.

            Kim Jong Un est même peut être un peu plus encadré que les Trump ou Macron. La dictature en Corée du Nord est exercée par une bureaucratie, le gros enfant à la tête de cette bureaucratie n’est qu’une marionnette.

            Quelle est la solution ?

            On peut se montrer extrêmement pessimiste. Mais il est certain que ce n’est certainement pas en considérant les gouvernements impérialistes plus beaux, plus pacifistes, plus démocratiques, moins verticaux, qu’on fera baisser la tension dans la région.

            La seule solution ne pourra venir que du peuple coréen. Mais pour que ce peuple, au nord et au sud, dans un processus révolutionnaire, interdise à son gouvernement la possession de l’arme nucléaire, encore faut-il que les peuples des pays dominant le fassent d’abord eux.

            La seule revendication acceptable pour le moment c’est le départ immédiat et inconditionnel des bases yankee de la péninsule coréenne et du Japon.

            Le reste n’est que de la gesticulation diplomatique et du nationalisme rampant, aggravant considérablement la tension, parce que justifiant le nationalisme coréen.

            L’ennemi est dans notre propre pays, et hélas Roberto l’histoire bégaie !

          4. La plus élémentaire des politesses veut que l’on vouvoie celui qui vous vouvoie, va donc pour le vouvoiement.

            Vous partez de l’affirmation qu’une frappe nucléaire US majeure est politiquement impossible contre la Corée du Nord, car ses effets sanitaires et écologiques pèseraient également sur les pays voisins, alliés ou non. Sans décider de ce qui est possible ou impossible pour le locataire actuel de la Maison blanche, ni préjuger d’évènements totalement imprévisibles, les fameux signes noirs, votre raisonnement est tout à fait exact. Mais, et le mais est d’importance, uniquement avec les armes stratégiques qui développent des puissances de plusieurs centaines de kilotonnes, pas avec les nouvelles armes nucléaires tactiques dont entendent se doter les États-Unis et qui délivreront des puissances modulables pouvant être inférieures aux 0,5 kT. Ce qui de facto en ferait des armes utilisables car au « coût d’emploi » politique envisagé comme non prohibitif. Et contrairement aux bombes à gravité B61 qui ont également des emplois « tactiques » (les guillemets pour bien montrer toute l’hérésie qu’il y a à associer les mots tactique et nucléaire), les nouvelles armes ne seraient plus emportées par de vulnérables avions mais par des missiles et des planeurs hypersoniques. Si vous rajoutez à cela les différents systèmes anti-missiles basés à terre ou à la mer, des USA, mais également de leurs alliés Japonais et Sud-Coréens, une guerre nucléaire limitée et gagnable devient un scénario possible pour des fous furieux. À l’exacte opposée du scénario MAD.

            Et c’est bien cette nouvelle posture nucléaire qui rend les choses infiniment plus dangereuse ! Car n’oublions pas qu’en réalité on se moque à Washington du micro-royaume Nord-Coréen, et que les véritables adversaires sont la Chine et la Russie.

            Concernant la verticalité du pouvoir, je précise à nouveau que je parle bien de la spécificité du régime Nord-Coréen où seul un homme et un seul peut décider du feu nucléaire, alors qu’en France ou aux USA existe des listes de personnages politiques à qui échoit la mission en cas d’incapacité de l’échelon supérieur. Supprimer Trump et Pence ou Macron et son collaborateur à Matignon n’empêche pas la riposte nucléaire, alors que l’on imagine mal dans le cadre de son régime paranoïaque, le camarade Kim confier les codes à quiconque, encore moins à sa famille (enfin, ce qui l’en reste).

            Non seulement les frappes de décapitation deviennent dès lors envisageables car le pays ne dispose pas de la possibilité de frappes en second, mais in fine toute la chaine de commandement dépendant d’un homme, sa faible résilience accroit la tentation d’envisager le grand n’importe quoi atomique.

            En un mot comme en cent, l’immense danger vient du fait que de sombres crétins pourront penser qu’il existe désormais des solutions militaires pour régler des problèmes politiques (ce qui a formidablement marché en Irak, Afghanistan ou Libye, comme chacun apparemment ne le sait toujours pas)… mais cette fois-ci, avec des puissances nucléaires ! *

            Et le retrait des armées US de la péninsule coréenne ne suffirait pas à lui seul à tout régler. Bien au contraire ! En vertu de la maxime maintes fois vérifiée qu’il existe à chaque problème, une solution simple, évidente… et fausse, il n’est pas dit que tous les Sud-Coréens débordent d’enthousiasme à l’idée de se retrouver seuls face à leurs voisins du Nord, société militarisée, nucléarisée, et dirigée par un dictateur sanglant qui n’hésiterait pas à leur tendre une amicale main de fer dans un gant d’acier. Est-il utile de préciser que le régime Nord-Coréen est également un problème pour la Chine, qui n’a pas du tout envie de le voir s’emparer des ressources humaines et industrielles du Sud ?

            Idem concernant le retrait des troupes US du Japon qui se retrouverait alors seul face à la Chine et la Corée du Nord, et qui aurait probablement pour premier réflexe de se précipiter pour assembler en quelques mois les armes nucléaires dont il dispose déjà en « kit ». Ce qui ne devrait pas non plus être considérée comme une formidable avancée de la paix dans la région…

            * En sachant que personne ne sait quand les Nord-Coréens seront réellement en mesure de miniaturiser suffisamment une tête thermonucléaire pour l’embarquer sur un missile, ni quand ils maitriseront les délicats problèmes soulevés par l’entrée à grande vitesse du véhicule dans l’atmosphère. À mettre en parallèle avec les réelles capacités (assez brumeuses) des systèmes anti-missiles balistiques.

          5. Tout votre argumentaire Roberto repose sur un postulat faux:

            Les régimes « communistes » sont tellement cons que tout repose sur un seul homme !

            On peut se demander qui en juin 1941, a organisé l’armée rouge, et supplanter Staline planqué dans son bunker ?

            Si la Corée du Nord était un royaume, il n’y aurait tout simplement pas d’actualité sur ce pays.

            Si il suffisait de se débarrasser de Kim Jong Un , un assassin suffirait.

            Vous avez beaucoup, beaucoup de préjugés sur le communisme en général, le fonctionnement d’une bureaucratie ouvrière en particulier.

            Cela vous jouera des tours cher camarade.

          6. Je ne pense pas que l’on puisse parler de préjugé, tant il est clair que le régime du camarade Kim a autant à voir avec le communisme que celui de Hitler avec le socialisme. Une autre évidence étant que notre roitelet Nord-Coréen possède seul les codes nucléaires. Les dangers venant aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, imaginer une chaine de commandement distribuée à l’occidental sur le principe des réseaux – concrètement déposer en d’autres mains sa survie -, serait pour lui proprement suicidaire.

            Le pouvoir absolu a pour principale caractéristique de ne pas se partager (d’où les successions souvent assez saignantes pour la famille royale)

            Et personne ne veut se débarrasser du camarade Kim. Surtout pas ! Chine, USA, Russie, Japon, et Corée du Sud ayant bien trop peur du chaos qui s’ensuivrait dans un pays militarisé à outrance… et désormais nucléarisé.

            Merci enfin pour la mise en garde, mais ne craignez rien cher camarade. Je compte bien me tenir aussi éloigné du royaume Nord-Coréen que de l’Empire Klingon ou du Mordor !

        1. A toute fin utile et toute chose étant égale par ailleurs, ou par ici, l’amour et la fraternité sont les seules armes de dissuasions massives totalement efficaces, utilisables en tout milieux et en tout temps. Bref, vous m’aurez compris, ce sordide hivers nucléaire, ce vitrifiant vecteur m’inspire un truc à mi chemin entre le dégoût et la profonde tristesse, le tout teinté de consternation !

          1. Pas mieux CloClo ! Sur une planète où l’évolution du climat dépasse les prévisions les plus pessimistes du Giec, la seule solution pour la survie de l’espèce passe par la fraternité et la gestion de communs étendus à l’ensemble de la planète.

            L’utopie ou la mort. Littéralement.

  2. Bonjour,

    Preuve de l’essoufflement d’un système à bout : la situation de plein emploi qui ne résorbe pas la dette…

    Autre aberration du système au sujet de laquelle j’aimerais avoir votre avis : comment expliquer les bénéfices relativement bas de certains grands groupes par rapport à certaines performances que l’on pourrait qualifier de remarquables ?

    Je vous donne quelques exemples : McDonald’s revendique 24 milliards de clients en cumulé sur l’année alors que son bénéfice net est aux alentours de 5 milliards USD. Cela fait un bénéfice net de 0.2 dollars par client ! J’ai effectué quelques recherches et il faut savoir que McDonald’s fonctionne avec un système franchisé. Chaque franchise devant reverser autour de 15% du chiffre d’affaire. Sachant que le prix d’un menu est assez stable à l’échelle mondiale (voir indice Big Mac ; de plus les clients des quartiers défavorisés dépensent une dizaine d’euros alors que dans les quartiers plus riche, chaque client dépense plus de 20€. Ces derniers éléments m’ont été fournis par des dirigeants de franchise à Marseille), la part récoltée par le groupe doit tout de même être colossale. Or, les chiffres nous donnent un dérisoire 0.2 dollar par client (c’est-à-dire moins de rentabilité qu’un café dans un bar de quartier) ! Cela me semble impossible.

    Autre exemple, Renault déclare un bénéfice net et des ventes historiques en 2017 : 5.1 milliards de bénéfices pour 10 millions de véhicules vendus, soit un bénéfice théorique de 510€ par véhicule (en effet, je ne compte pas là-dedans les autres activités du groupe comme la maintenance ou les activités de crédit). Cette somme, non négligeable, semble toutefois peu importante par rapport au prix de vente moyen d’une voiture neuve en 2016 : 25 828 euros.

    On pourrait multiplier les exemples avec d’autres entreprises mais vous avez sans doute compris l’essentiel. Ma question est alors la suivante : où est l’argent ? Deux interprétations s’offrent sans doute : un accroissement des bénéfices grâce à une multiplication de petits profits ou dissimulation massive de liquidités dans les paradis fiscaux.

    1. à JT(12/3 à 11h45)
      Pardonnez cette intrusion…mais l’exemple chiffré proposé avait déjà fait l’objet d’un argumentaire opposé par un certain « vigneron » dans un « autre » blog…

      1. @Otromeros,

        Tout à fait, mais je n’ai jamais obtenu de réponse sur l’autre blog de la part de François ou de Paul. Or, il me semble que l’anomalie que j’ai détectée est fondamentale : les bénéfices nets étant presque dérisoires par rapport à l’activité économique, c’est sans doute la preuve que de l’argent part massivement dans les circuits off-shore. Cet argument pourrait être vraiment utile politiquement. Mais je n’ai jusqu’à présent pas eu l’heur d’avoir une réponse de la part des hautes autorités 😉 Aujourd’hui, peut-être… ou alors demain ?

        1. Entre l’excédent brut d’exploitation (EBE) et le résultat net (sur la base duquel l’impôt est calculé), il faut prendre en compte la dotation aux amortissements, les frais financiers, les dividendes, l’auto-financement des investissements, et..

          1. Merci de votre réponse, François. J’entends bien qu’il faut prendre en compte toutes les choses mentionnées. Mais, avec des rendements aussi faibles (on pourrait multiplier les exemples avec les marques de vêtement, la grande distribution, les entreprises pharmaceutiques…), on se demande tout de même comment toutes ces entreprises faisaient pour vivre avant les délocalisations, la baisse massive de la fiscalité, la compression des salaires, les gains de productivités liés à la robotisation… S’il n’y a pas hiatus entre les bénéfices nets et l’activité économique, c’est qu’alors, il n’y a vraiment pas d’alternative…

            Et dans le cas de McDo, mais avec $ 0.20 de bénéfice par client, on a presque la larme à l’œil. Et avec 24 milliards de clients qui laissent aux alentours de 10€ minimum, on a un CA de 240 milliards… Avec les contrats zéro heures au R. Uni et du même type un peu partout dans le monde, les conditions d’hygiène déplorable pour réduire les coûts chez les fournisseurs, la numérisation des restaurants ayant permis d’importants gains de productivité, cela semble impossible.

          2. Sauf erreur de ma part, dans votre liste cher FL, les dividendes ne viennent pas entre l’EBE et le résultat net, mais à la fin du fin sur le net uniquement. Ce qui vient aussi et que vous ne mentionnez pas c’est l’IS, qui lui vient avant le net bien entendu !

  3. Comment inscrire le licenciement du jour de son ministre des finances dans la tactique ici mise en avant ( je n’arrive pas à parler de stratégie ) de Donald Trump

    1. J’en arrive à confondre les finances et les affaires étrangères ; décidément le marché a englouti la politique .

      Si en plus la CIA sort de l’ombre …..

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