Billet invité.
Décidément, avec eux le pire est toujours sûr. Hier soir, les dirigeants européens ne sont parvenus à aucun accord à propos des réfugiés. « La discussion a été vive parce que les divergences sont grandes », a commenté le premier ministre néerlandais Mark Rutte, avant d’admettre avec fatalisme qu’il « n’y a aucune solution pour trouver un consensus sur les quotas ».
Leurs discussions n’ont donc pas porté sur le sort des centaines de milliers de réfugiés qui errent en Europe ou sont bloqués en Italie et en Grèce ou bien aux portes de l’Europe. Il est seulement tenté, sans y parvenir, de remettre sur pied un programme d’accueil partagé des réfugiés (intitulé de délocalisation), celui qui s’est terminé en septembre ayant sombré dans un océan de mauvaise volonté.
Le comble est venu du groupe de Višegrad (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque), dont les membres persistent à refuser l’accueil de réfugiés, et qui ont proposé au sommet, en contrepartie, de financer les efforts italiens destinés à les bloquer en Libye. Un centre italo-libyen, sur lequel peu de détails ont été donnés, a en effet été mis en place avec pour mission de traquer les passeurs. À noter que jusqu’à ce jour, la seule réalisation tangible en la matière a consisté à passer un accord avec eux, et à leur accorder des compensations.
Juin prochain a été fixé comme date butoir pour trouver une succession aux accords de Dublin, dits de Schengen. Mais le débat est totalement enlisé. Chaque pays, la France n’étant pas le dernier, multipliant les obstacles au droit d’asile afin d’être le plus repoussant aux yeux des réfugiés. C’est la nouvelle manière d’exprimer sa solidarité, le reste étant oublié. Dans ce domaine, il n’est d’ailleurs plus fait référence dans les beaux discours qu’à une seule solidarité, celle que les pays membres devraient se manifester entre eux en se serrant des coudes.
Voilà le chemin qui a été parcouru : les réfugiés devaient être selon les anciens accords contenus dans leur pays d’entrée dans l’espace Schengen, ils ont ensuite été cantonnés en dehors, en Turquie et en Libye. Le Niger est par la suite devenu un candidat à la succession de la Libye, pour les repousser encore plus loin. Les autorités sont dans une logique d’externalisation et de sous-traitance des réfugiés.
La Cimade française vient de publier un rapport intitulé « Chronique d’un chantage » dans lequel elle relève que l’Union européenne a multiplié les « accords de coopération » avec les pays africains, afin que ceux-ci luttent contre l’émigration et acceptent le retour de leurs ressortissants expulsés d’Europe. C’est cela ou bien voir leur aide au développement réduite, d’où l’accusation de chantage.