Billet invité.
Sur quel terrain la suite des évènements va-t-elle se jouer en Catalogne, celui de la désobéissance civile ou des élections ? Le calme dans lequel la première journée de la tutelle madrilène s’est passée ainsi que la décision des deux plus importantes formations séparatistes de participer au vote apportent une première réponse. Seule l’extrême-gauche n’a pas encore tranché et peut jouer la mouche du coche.
Le coup de théâtre qu’a représenté hier le voyage impromptu de Carles Puigdemont et de cinq de ses ministres à Bruxelles, ainsi que les interrogations qu’il continue de soulever en attendant la conférence de presse qu’il a fait annoncer, pourrait se révéler in fine un pétard mouillé. Pour le moins, il ne donne pas l’impression que l’avènement de la République catalane s’inscrit dans un plan plus vaste destiné à la défendre. Risquant de faire apparaitre son principal instigateur comme un agitateur de talent et non comme un prétendant aux fonctions de chef d’État.
Deux mois à tenir d’ici les élections, c’est court et long à la fois. La moindre étincelle peut déclencher une réaction, surtout si elle est d’origine policière. Et les souverainistes sont à cet égard leurs pires ennemis, pouvant se laisser emporter par l’ivresse de la victoire. Cela explique l’insistance avec laquelle les autorités de Madrid ont fait valoir qu’à ce stade Carles Puigdemont n’était pas poursuivi, était libre de ses mouvements et même qu’elles souhaitaient sa participation au processus électoral.
Mai 68 avait été marqué par la réapparition surprise dans un amphi de la Sorbonne du juif allemand Cohn-Bendit, qui avait été expulsé de France. Le retour de Carles Puigdemont, s’il intervient, ne pourra pas prétendre à un tel pied de nez. Les formations indépendantistes mènent désormais un combat défensif, qui n’est pas le plus facile à gagner. Lui a le choix entre une peu vraisemblable demande d’asile, l’organisation de sa défense contre une future demande d’extradition et la constitution d’un gouvernement en exil. À moins qu’il revienne au pays. Réponse à 11h30 GMT (12 heures 30), lors de sa conférence de presse.
En claquant la porte, Mariano Rajoy a exprimé le sentiment profond d’une droite espagnole qui est loin d’avoir rompu toutes les attaches avec son passé. La défense de l’Espagne monarchique une et indivisible est l’une de ses principales valeurs. Elle va à rebours de l’aspiration, qui se manifeste dans toute l’Europe, d’un approfondissement de la démocratie s’insérant dans le cadre d’un pouvoir plus localisé. En opposant une fin de non-recevoir aux demandes de médiation qui leur ont été adressées, c’est cette porte-là que les autorités européennes ont à leur tour fermée.
Il ne reste plus de disponible que des simulacres, type liste transfrontières aux élections européennes. Aux vrais problèmes, il n’est répondu que par des faux-semblants. Emmanuel Macron s’en est fait dans tous les domaines la spécialité.