Billet invité.
« La Catalogne, c’est nous tous ! » ont scandé par centaines de milliers les opposants à l’indépendance. La majorité silencieuse a bruyamment utilisé les rues de Barcelone comme exutoire en réclamant la prison pour Carles Puigdemont.
Mais le véritable test aura lieu lundi matin lorsque les envoyés de Madrid devront se faire obéir de l’administration catalane sans avoir à recourir à la force. Car cela pourrait facilement faire basculer la situation et rendre intenable leur position. Oriol Junqueras, le vice-président destitué de la Generalitat affirmait encore aujourd’hui que Carles Puigdemont « était et restera le président ». Celui-ci a appelé à la résistance pacifique, mais sans donner de consignes, laissant ouvertes les options.
En choisissant de convoquer dans huit semaines des élections, Mariano Rajoy a voulu raccourcir le plus possible la période de mise sous tutelle de la Catalogne, pendant laquelle tout peut arriver alors qu’il a pour l’instant retourné à son avantage la situation. La tonalité revancharde de la manifestation de dimanche a montré que des dérapages pourraient facilement intervenir. La brutalité des charges policières le jour du référendum clandestin avait été à l’origine du succès des grandes manifestations convoquées par les mouvements indépendantistes.
El Pais, qui a fait campagne contre eux, publie un premier sondage à prendre avec des pincettes selon lequel les candidats anti-indépendantistes recueilleraient aux prochaines élections 55% des suffrages exprimés, contre 41%. Albert Rivera, le leader de Ciudadanos s’est félicité que le verdict des urnes prenne la succession de celui de la rue, mais rien n’est joué.