Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Le monde s’est donné trois leaders, et pas n’importe lesquels. Angela Merkel domine l’Europe de toute son impuissance, Xi Jinping est sacré empereur d’une Chine s’apprêtant à devenir la première puissance économique mondiale, et Donald Trump l’expression du déclin de la principale puissance militaire qui s’accroche à son passé.
La vision de la première, qui entame probablement un mandat de trop, reste proprement européenne, tandis que celle des deux autres a des résonances mondiales. Donald Trump veut redonner aux États-Unis une prééminence et une prospérité perdues, y compris en jouant avec ses menaces militaires, Xi Jinping inscrit symboliquement sa pensée dans la Constitution chinoise comme si tout était joué d’avance.
Ces trois grandes puissances sont confrontées à des destins tout tracés qu’elles ne peuvent contrarier. L’évolution de la société américaine illustre au mieux les effets délétères du capitalisme financier en termes d’accroissement des inégalités et de concentration de la richesse, de symbiose entre le pouvoir financier et politique. Sous le contrôle du Parti-État, la Chine prépare de son côté l’avènement d’une société de surveillance mobilisant le dernier cri technologique. À noter que ces deux modèles ne se concurrencent pas mais auraient tendance à se compléter. Mais si les États-Unis et la Chine peuvent se prévaloir d’un modèle, ce n’est pas le cas de l’Europe, dont la construction inachevée induit un démantèlement déjà entamé.
Un nouveau face-à-face domine le monde, qui a pris la succession de celui qui opposait les États-Unis et l’Union soviétique, la Chine ayant pris la place de cette dernière. Ce n’est plus l’équilibre de la terreur qui règne désormais, mais une compétition économique au cours de laquelle une victime chutera tôt ou tard, le dollar et son statut privilégié, précipitant le déclin américain. Aujourd’hui le défi n’est plus américain, il est chinois.
La globalisation ne se remet pas de l’interruption de sa progression triomphale. Elle entraine une profonde crise dans les pays émergents qui en avaient fait leur modèle. Et le reste du monde est partagé entre l’adoption de mesures protectionnistes, inquiet devant les conséquences politiques de ses effets, et sa relance malgré tout. Dans les deux cas, le développement des inégalités se poursuit, et ses conséquences ne sont encore qu’entr’aperçues, qui vont lourdement façonner l’évolution des sociétés développées.
La guerre entre les grandes puissances est devenue économique, mais les conflits régionaux impriment leur marque sur le monde par leur ampleur, les États-Unis étant devenus incapables d’imposer leur loi, leur engagement proscrivant la présence de troupes sur le terrain. Il en découle un accroissement des flux migratoires, incitant les pays riches à ériger des murs et à promouvoir une société sécuritaire basée sur la peur, l’ennemi étant à l’intérieur.
La crise financière est reléguée au second plan, ce qui était hier impensable est devenu routine. En règle générale, les financiers reconnaissent pourtant qu’il faut s’attendre à un nouvel épisode de celle-ci, ajoutant qu’ils ne savent ni ce qui la déclenchera ni ce que sera son calendrier. Un aveu qui illustre à la fois comment leur monde est devenu opaque et complexe, et combien ils sont dépassés par les évènements. En réalité, il y a trop-plein de raisons possibles et de points faibles au sein d’un édifice financier qui ne cesse d’enfler, telle la mère des bulles dont le destin bien connu est d’éclater, avec des conséquences systémiques d’une ampleur inégalées.
Un dernier chapitre est déjà écrit : nos sociétés vivent au-dessus de leurs moyens. Non pas financiers, comme il est prétendu pour masquer leur mauvaise allocation, mais des ressources de notre planète. Or il n’y a pas d’échappatoire dans ce domaine, et la seule logique est, faute d’agir, d’en imposer le partage inégal. L’accès à l’eau en est déjà la préfiguration.
Jamais en retard quand il faut préconiser d’intervenir sans indiquer comment, Christine Lagarde met en garde contre l’inaction envers le changement climatique et les inégalités, afin de ne pas « être confrontés à un avenir sombre ». Circonscrit au climat, ce constat n’est que partiel. Mais quand le sujet des inégalités vient sur le tapis, les propos de la directrice générale du FMI ne soulèvent aucun écho. Et pour cause, car cela suppose pour y faire face de s’opposer à la logique du système financier, et de le démonter. Or il se révèle peu enclin à se réformer.
Une belle photographie du monde actuel.
En effet, je pense aussi que les États Unis sont en profond déclin et qu’ils seront remplacés au cours de ce siècle par la Chine. La question est de savoir si cette chute se fera en douceur. Il ne serait pas étonnant que le vieil ours se sentant menacé assène un dernier coup de patte et vu son arsenal militaire se serait fatal pour nous tous.
Quant à l’Europe, Merkel fait peut être le mandat de trop mais le problème principal n’est pas là. L’idéal Européen est en panne. Europe Fédérale? Version actuelle de l’Europe des nations ? Europe Confédérale à la Suisse? C’est dommage car la construction Européenne pourrait être un laboratoire à idée pour le monde entier.
J’ai beau lutter pour rester optimiste mais je n’arrive pas oublier ces nuages noirs qui pointent à l’horizon. Cela me fait penser à la dernière scène de Terminator 1 pour ceux qui s’en souvienne….sinon petit rattrapage: Viene la tormenta!
https://youtu.be/E2iLgiFIgq8
Il suffit d’intervenir sur quelques sujets (Europe) :
– les énergies renouvelables pour ne dépendre de personne
– le recyclage à 100% pour ne dépendre de personne
– le 100% bio, éthique, climatique pour ne dépendre de personne
– le 100% financièrement régulé pour ne plus dépendre des profits et des financiers
Je vais en parler à Christine !
Et le 100% vegan pour ne plus dépendre de l’élevage à grande échelle !
@ Pierre Hauptmann
Le véganisme, dans un monde qui n’a plus les moyens d’offrir de la viande à tous, c’est tenter de faire de nécessité vertu.
Et de nous faire renoncer à la première des promesses d’avancée sociale : une poule-au-pot chaque dimanche !
Nous vivons dans un mode très dégradé où les explosions sociales ne peuvent que se succéder avec toujours plus de violences. Le seul petit espoir avant de basculer dans la barbarie, c’est de rassembler les victimes du système, les excluEs, les exploitéEs et les oppriméEs contre leurs oppresseurs, les profiteurs, les exploiteurs de la terre et des êtres humains autour d’un nouvel espoir, d’un nouveau modèle et d’une solidarité internationale sans limite de nationalités, de genres, de culture ou de religion. Nous n’y sommes pas encore. Et la barbarie progresse…
La barbarie progresse ,l’écriture inclusive aussi.
Yep, les « profiteurs, oppresseurs, exploiteurs » sont exclus de l’injonction inclusiviste ; opportune dérogation.
J’imagine un dessin animé en noir et blanc (style Mickey Mouse) représentant la mappemonde en mouvement sous l’effet de ces transformations sociaux économiques, la Chine gonflant et repoussant ses murailles ou les exportant en Amérique qui elle se rétrécit peau de chagrin, l’Europe elle craquant à petits bruits, glouglou au niveau des pôles où fondent les glaçons. A ce spectacle, tous les pékins du monde courant en tout sens, affolés alors qu’en dessous la sorcière des banques se prend la tête à deux mains.
Studios Disney réveillez-vous !
Merci François !
L’évolution en Chine est intéressante, car son chef veut un parti encore plus puissant, ce qui signifie des voies décisionnelles encore plus courtes. Pour l’état, cela signifie contrôle et maîtrise totale à l’intérieur, expansion à l’extérieur. A Noter aussi les efforts considérables en matière intelligence artificielle; les plans ce concernant, vu de plus près, sont très ambitieux. Et ils sont capables de le réaliser!
J’ai l’impression que le monde occidental, et notamment L’Europe montre des signes de dissolution. Cela me fait penser à une oeuvre de l’artiste US-américaine Barbara Kruger, une affiche où l’on peut lire ceci:
« Right ist wrong
Truth ist fiction
Up is down
Ignorance is bliss
Anything goes ».
Comme toujours, les crises majeures arriveront de là où on ne les attend pas.
La crise en Catalogne pourrait en être le détonateur avec un retour à des méthodes que l’on croyait réservées à l’ex Urss.
La mise sous tutelle de sa police, son parlement, ses médias publics ne pourra rester sans réaction et je crains le pire dans ce pays avec un écœurement pour le reste des peuples européen, spectateurs de ce mauvais film.
Pour une fois, car j’apprécie les commentaires de l’actualité de F. Leclerc, je trouve cet article moins convaincant. Il est composé de bien des évaluations subjectives qui sont « de bon ton », convenues : « A. Merkel fait probablement un mandat de trop », « Ces trois grandes puissances sont confrontées à des destins tout tracés qu’elles ne peuvent contrarier », ‘la Chine a pris la place de (l’Union soviétique) », etc.
Et les commentaires ont tendance à amplifier ces travers.
Chaque dirigeant a des cartes à jouer sur la table internationale et des contraintes à gérer sur son opinion intérieure. Trump a promis beaucoup et doit sans doute constater que ses cartes sont mauvaises, mais il est dangereux comme joueur. Merkel profite d’une rente européenne, mais n’avance plus de jeu. La Chine joue prudemment et à long terme. Ce capitalisme dirigé profite a bien des chinois, même si la masse n’a que des miettes. Je m’étonne que la Russie ne soit pas citée, car Poutine a des cartes en main aussi. Lequel de ces deux pays est le plus surveillé et le plus arbitraire et le plus inégalitaire ?
Glisser un mot sur les migrations européennes n’a pas beaucoup de sens. C’est plutôt l’instabilité de nombreux états qui me frappe, et l’absence de « gendarme », plus que des « conflits régionaux » (l’écroulement du Yemen, de l’Irak, de la Lybie ont ouvert la porte aux guerres régionales).
Bref un propos trop général et laissant trop de questions ?
Je ne suis absolument pas satisfait du mode de fonctionnement de la zone euro, et de l’union européenne actuellement, mais il ne faut pas oublier que :
– l’europe est quasiment aussi riche que les US
– les inégalités en Europe sont infiniment plus faibles que ce qu’elles sont aux US, et en Chine (0.31 EU, 0.41 US, 0.46 Chine)
– L’Europe a des dépenses militaires faibles, et des budgets sociaux élevés comparés aux deux autres.
– On a une démocratique beaucoup plus vivante en Europe qu’en Chine (!) et qu’aux US (deux partis, et un système où le big money a une influence démesurée).
Bref, ne concluons pas trop vite « la situation est catastrophique partout ». Si vous me demandiez là maintenant, où je préférerais habiter entre les US, la Chine et l’Europe, je choisirais l’Europe immédiatement.
Ce qui ne veut pas dire que la situation n’est pas dramatique en Europe sous plusieurs aspects.
les chiffres sont ceux du coeff gini des revenus des zones concernées.
Globalement d’accord avec vous, et je ferais moi aussi le même choix, vivre en Europe plutôt qu’aux Etats-Unis ou en Chine – d’ailleurs c’est bien ce choix-là que je fais 🙂
Attention tout de même au coefficient de Gini des revenus : on obtient 0,31 en faisant la moyenne des coefficients pour chaque pays je suppose, mais on obtiendrait une valeur beaucoup plus grande si on le calculait à l’échelle de l’Europe ou même de la seule UE. C’est que dans cet ensemble se trouvent à la fois Pays-Bas ou Bavière, et les plus pauvres régions de Roumanie et de Bulgarie – donc les inégalités y sont plus fortes que dans chaque pays pris individuellement.
Sur la question démocratique encore, chaque pays pris individuellement est beaucoup plus démocratique que ne le sont les Etats-Unis, sans parler de la Chine. Mais considérant l’UE dans son ensemble, nous parlons d’une structure dont la politique est au moins autant bloquée que celle des Etats-Unis, chez eux c’est par l’influence prépondérante des lobbies économiques, chez nous c’est par le traité.
Reste encore un avantage à l’Europe comparée aux deux autres : la production économique y est beaucoup moins « intense » en énergie fossile qu’en Amérique du Nord, pour ne rien dire de la Chine. L’augmentation prévisible du prix, ou la diminution de la quantité des énergies fossiles à moyen terme sera donc moins catastrophique chez nous – tout en se rappelant quand même que dans « moins catastrophique », il y a « catastrophique ».
Et un avantage au moins par rapport à la Chine de se trouver dans une zone géopolitique moins risquée. Certes il y a des « tours de chauffe » avec la Russie, certes il y a des djihadistes, mais le premier problème pourrait être résolu avec un peu de modération et de temps, et le second aussi médiatique soit-il n’est que relativement petit : ces ennemis-là sont certes cruels, ils sont faibles aussi. Le tout vaut largement mieux que de trouver entouré de pays peu assurés de leur sécurité, qui ont peur de vous et qui dans l’espoir de se protéger se raccrochent à une superpuissance qui depuis qu’elle se croit unique n’est guère remarquée pour sa prudence et sa modération, et c’est pas en train de s’arranger.
A mon sens les deux ou trois décisions politiques les plus importantes de ces derniers jours sont d’ordre financière.
1- La décision du gouvernement chinois de mettre fin au monopole du dollar quant aux transactions pétrolières.
2- La décision du gouvernement US de financer un projet de baisses d’impôts pour les riches par une accentuation significative de la dette.
3- La décision du gouvernement allemand (BCE) de diminuer de moitié le programme de rachat des créances pourries européennes.
On dirait que chacun voyant midi à sa porte désormais, les impérialismes dominants dans le monde, décident de suivre leur chemin, sans trop se soucier de la gène occasionnée pour les petits copains d’à côté.
C’est la condition certaine pour les précipiter tous, rapidement et individuellement dans le mur.
Et c’est tant mieux, parce que, que la crise du capitalisme soit gérée collectivement comme depuis dix ans, ou individuellement comme cela semble se dessiner désormais, pour les travailleurs le dilemme est seulement de choisir entre la strangulation lente ou la pendaison immédiate.
Sous nos yeux la crise latente actuelle n’attend qu’un prétexte pour se transformer en cataclysme planétaire.
Que les chinois tendent à faire de leur monnaie une devise internationale, que les américains s’imaginent que leur monnaie est et restera éternellement une devise internationale recherchée, que les allemands retirent précipitamment le seul programme de soutien à la zone euro, la seule condition politique pour éviter que cette zone implose, certes tout cela précipite les événements, mais il faut bien comprendre une chose essentielle, c’est que de toute façon, dans le cadre du capitalisme, les carottes sont cuites depuis un sacré bout de temps.
Si Francois Leclerc dit une chose juste dans son billet, c’est bien que les dirigeants mondiaux, et pas seulement les financiers, ne savent plus à quel saint se vouer.
« … En règle générale, les financiers reconnaissent pourtant qu’il faut s’attendre à un nouvel épisode de celle-ci, ajoutant qu’ils ne savent ni ce qui la déclenchera ni ce que sera son calendrier. Un aveu qui illustre à la fois comment leur monde est devenu opaque et complexe, et combien ils sont dépassés par les évènements. … »
Raison de plus à saluer l’existence de ce blog, comme pionné des différentes structures nécessaire aux peuples travailleurs, pour qu’ils se mettent à discuter et analyser à fond, les conditions politiques, qui lui permettront de se choisir de nouveaux chefs post capitalistes.
Ce n’est pas parce que les choses sont complexes que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont complexes.
@ Eninel
« les impérialismes dominants dans le monde, décident de suivre leur chemin »
La Chine populaire, une puissance impérialiste ? Enfin, voyons ! Je rappelle qu’elle est dirigée par le Parti Communiste chinois, dont l’idéologie interdit qu’elle soit jamais une puissance impérialiste – bien au contraire, c’est une armée populaire de Libération.
Jugez-en en écoutant l’hymne de l’Armée Populaire de Libération dans cette version avec sous-titres anglais : https://www.youtube.com/watch?v=UlmEftCeFmY
« Sans peur, inébranlables, nous combattons avec bravoure
Jusqu’à exterminer tous les contre-révolutionnaires
Le drapeau de Mao Tsé Toung flotte haut ! »
Certes, la Russie a flanché, et son armée ne chante plus la gloire de Staline. Mais tranquillisez-vous, la Chine est debout, et tous les contre-révolutionnaires seront exterminés !
@ Jacquot.
Que reste-il de socialisme de la Chine populaire de Mao ?
Que recouvre le vocable « socialisme à la chinoise », resservit lors de leur dernier Congrès, ayant eu comme unique raison d’être d’adouber et sacrer un nouvel empereur ?
Des pans entiers de l’économie ont été privatisés, entraînant de fait la résurgence d’une nouvelle classe bourgeoise, même si elle tente de le cacher.
Depuis belle lurette les paysans en Chine sont propriétaires de leur lopin de terre. Comment on dit kolkhoze en chinois ?
Jamais les ouvriers en Chine n’ont eu la possibilité de contrôler leurs usines, ils n’ont de toute façon jamais eu le droit de s’organiser dans des syndicats libres.
Le capitalisme est rétablit en Chine, certes un capitalisme étatique, tenu d’une main de fer par un parti unique, qui dès la prise du pouvoir en 1949, était de nature bureaucratique et stalinienne (A la différence de la Russie, le socialisme en Chine a été immédiatement un Etat ouvrier bureaucratique).
Certes les capitalistes milliardaires en Chine ne peuvent jouir que d’une liberté toute relative, puisque l’Etat de droit chinois ne leur reconnait pas pleinement la disposition de leurs titres de propriété, puisque à tout moment le parti peut les traîner devant les tribunaux et les dépouiller de leurs biens, voir les éliminer physiquement.
Mais il n’en reste pas moins que cette caste politique, issue des sommets du parti communiste chinois, agit comme une classe bourgeoise classique, et vue sa puissance cherche de manière impérialiste à s’agrandir au dépend des autres impérialismes.
Ou est quand ces quarante dernières années les communistes chinois ont fait dans l’agitation internationaliste ouvrier ? Au contraire en 1989, sur la Place Tian anmen, cette caste contre révolutionnaire à démontrer définitivement que sa véritable nature était d’écraser les mouvements révolutionnaires, en aucune manière de les soutenir.
Le gouvernement chinois mène une politique impérialiste, ne serait ce parce que il n’y a pas de pétrole en Chine.
Le gouvernement chinois mène une politique impérialiste, ne serait ce parce que il est en possession d’une manne de capitaux impressionnant, et que pour que cette richesse soit capital, il faut la faire travailler.
La bureaucratie chinoise a deux gros soucis. Le premier est qu’elle a en propre une partie importante des bons d’état US, de ce fait comprend parfaitement le sens de la fanfaronnade disant que « le dollar est notre monnaie et votre problème « .
Le deuxième soucis est que les chinois ont beaucoup de retard quant à leur armement vis à vis de leur rival US. Manquant de force ils doivent s’armer de patience, lire Confucius plutôt que Marx, et ruser, ruser, gagner du temps.
C’est dans cette dynamique aussi lente que déterminée que l’impérialisme chinois tente d’anticiper cependant la faillite inéluctable du dollar. D’une part il diminue ses détentions de bon US, avec il achète de l’or et des terres aux quatre coins du monde. D’autre part il annonce son intention de déposer des contrats à terme sur le pétrole libellés en yuan.
Et ça Jacquot cela peut être la goutte huileuse qui peut faire exploser le derrick américain. En effet pourquoi détenir du dollar puisque l’on peut acheter de l’energie autrement.
OMG…
Imperialist China grabbing land all over the world !
Le trotsk de base pas à l’abri de la sottise et de la PR commune…
Rassure toi, ils ont ces derniers mois acheté beaucoup beaucoup beaucoup plus en Treasuries qu’en hectares de terres…
Écoute le monsieur p’tit trotsk :
https://m.huffpost.com/us/entry/10056780
@ Vigneron.
« …La Chine n’est plus le premier créditeur des Etats-Unis
Pour soutenir sa monnaie en baisse, Pékin vend ses réserves de dette américaine.
LE MONDE ECONOMIE | 19.12.2016 à 10h43 | Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correpondance)
La banque centrale chinoise ne cesse de vendre ses bons du Trésor américain pour soutenir le yuan.
A en croire les chiffres du Trésor américain, publiés jeudi 15 décembre, la Chine n’est plus le premier créditeur des Etats-Unis. Le Japon a regagné cette place qu’il avait perdue en 2008. Depuis deux ans, la baisse quasi continue du yuan a en effet poussé la banque centrale chinoise à vendre ses bons du Trésor américain pour soutenir sa propre monnaie.
Début 2015, la Chine avait déjà réduit ses réserves de bons américains et avait été brièvement dépassée par le Japon.
Cette fois-ci, la tendance est plus marquée, et les bons détenus par Pékin ont baissé presque sans interruption courant 2016 : – 41,3 milliards de dollars (– 39,5 milliards d’euros) en octobre, et – 127 milliards sur les six derniers mois.
Pékin dispose désormais de 1 115 milliards de dette américaine, un butin au plus bas depuis 2010, contre 1 130 milliards pour le Japon, dont les possessions sont quasi stables en 2016… »
Voilà mon camarade, que ce soit pour la Catalogne ou la Chine, il ne sert à rien de faire dans le déni.
Le gouvernement chinois, de manière déterminée et prudente, tente de se débarrasser de ses dollars.
Dans cette dynamique il peut y avoir des variations, à certains moments, comme un roseau, Pekin peut plier et reprendre des achats, mais cela ne change rien quant à la tendance historique.
A partir du moment où Washington tend a fermer son marché aux produits chinois, en toute légitimité Pékin le laisse en tête à tête avec sa monnaie de singe.
Il ne peut pas y avoir sur le long terme une entente durable entres impérialistes. C’est strictement impossible.
Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage.
1) Grabbing land : Olympic BS.
2) Treasuries : look at last data, old timer, 10 months is eternity you know.
C’est bizarre, on commence à sentire sérieusement arriver le virage si dur à négocier dont parlent Paul Jorion, Attali etc…
Accélération du réchauffement, nouvelle crise financière, guerre atomique larvée…Serait-ce pour 2020 ?
Si on veut faire de la prospective, on ne peut passer la Russie sous silence. En effet:
1) C’est un pays vaste et riche de ressources naturelles de plus en plus rares (eau, terres..).
2) Il est mieux placé face au réchauffement climatique (il pourrait en profiter).
3) Il n’est pas surpeuplé.
4) Il maitrise la technologie, notamment militaire.
5) Les Russes restent capables culturellement de se défendre, voire, d’attaquer.
Veuillez ne pas prendre ce commentaire comme favorable à la ploutocratie fascisante de Poutine, mais comme un simple constat.
Vite, faut donner à la Russie un ticket gagnant d’entrée dans l’UE…! 🙂
@ François Corre
Trop tard, elle n’en voudrait plus.
En revanche le Brexit devrait rendre moins difficile des accords commerciaux multiples entre la Russie et la zone Allemande. D’où le raidissement États-unien actuel.
Russian roulette ? 🙂
…Sous le contrôle du Parti-État, la Chine prépare de son côté l’avènement d’une société de surveillance mobilisant le dernier cri technologique…
Ah bah en Europe grande gardienne des traditions démocratiques la société de surveillance on y est depuis plus de 10 ans , et faut planer à 10.000 pour en pas voir que cela « empire » ( enfin , selon le point de vue ) chaque année .
M Leclerc , j’apprécie habituellement vos billets mais là ça fait un peu Paris Match années 70 .. le Déclin Américain ( ah bon , où ça ? ) et la Chine Qui Se Réveille et le Monde Tremble agaga gaga
Monsieur Leclerc,
C’est un grand plaisir de voir, enfin, un de vos billets ouvert aux commentaires. Et c’est l’occasion de vous dire combien j’apprécie le talent avec lequel vous tenez le rôle (qu’on aurait pu dire ingrat, sil n’était tenu par vous) d’enrichir le blog, les réflexions et les échappées de Paul Jorion par des apports factuels, toujours s’enrichissant d’une analyse plus vaste; bref, que j’apprécie vraiment ce que vous faites.
Cela dit, je ne suis pas toujours en accord avec vous.
Aujourd’hui par exemple, j’estime que la crise de notre tentative contemporaine de mondialisation (précédée par au moins celles d’Alexandre, de Gengis Khan et de Charles Quint) réside moins dans le passage de relais entre les USA et la RPC que dans la lutte entre les états nations et des grands groupes industriels et financiers, toujours moins nombreux, toujours plus puissants, qui souhaitent balayer tout ce qui s’oppose à leur hégémonie. Et que ces derniers, plus ou moins consciemment, voient dans les crises à venir -économique, écologique, démographique) le moyen de prendre l’ascendant.
C’est ma grille d’analyse actuelle que je conseille à chacun de tester. L’essayer, c’est l’adopter.
@ Renard.
« …lutte entre les états nations et des grands groupes industriels et financiers, toujours moins nombreux, toujours plus puissants, qui souhaitent balayer tout ce qui s’oppose à leur hégémonie… »
Allons, allons, ne versons pas dans la science-fiction !
Ces grands groupes industriels (???) et financiers n’existent pas en dehors du temps et de l’espace. Toutes ces multinationales ont des racines nationales, et toutes ont besoin de leur propres gouvernement pour les défendre.
Il n’y a dans le monde capitaliste aucune puissance transnationale. Impossible !
Dans un Etat bourgeois, un gouvernement est un conseil d’administration des affaires communes d’une bourgeoisie nationale. Ce gouvernement a comme seule fonction de défendre sa bourgeoisie contre les ennemis, intérieur comme extérieur. Il le fait à travers l’existence d’un Etat, un appareil juridique, policier et militaire, violent et partial.
Comment les grands groupes industriels et financiers pourraient-ils défendre leur bout de gras, indépendamment de leur Etat ?
Je sais que la théorie du grand complot, voulant que les multinationales en sous main sont entrain de dynamiter les Etats Nations (Espagne par exemple) court sur la toile, mais c’est justement dans ces moments où le charlatanisme est à chaque coin de rue, qu’il nous faut rester bien calé sur les données fondamentales du marxisme.
L’abandon fait le larron !
@Eninel
« Toutes ces multinationales ont des racines nationales, et toutes ont besoin de leur propres gouvernement pour les défendre. »
Ces multinationales, où sont leurs racines? Là où elles ont poussé (USA, UE,…) ou là où elles produisent (Chine, émergents,…)? Là où elles vendent (c’est à dire partout) ou là où elles sont imposées (c’est à dire nulle part)?
A mesure que la finance, le négoce et l’industrie s’intègrent, leur alliance séculaire avec les États protecteurs se défait. Car tout État doit payer pour conserver le contrôle de son peuple (partage des richesses ou simple répression). Même la dictature chinoise 2.0 doit acheter le mandat céleste qu’elle s’est attribué. Et même si tous les États terrestres tentent actuellement de limiter leurs coûts (ou, pour les USA, devraient le faire), ils sont encore trop chers pour des multinationales toujours plus avides. A quoi bon sous-traiter la protection de sa zone de chalandise alors qu’il est si rentable de vendre cette protection aux chalands?
Et pas besoin de leur imaginer un complot, juste des intérêts convergents.
Quand à Marx, s’il a construit d’utiles outils d’analyse économique, politique et sociale (mais dont il a déduit des prédictions en partie seulement pertinentes), il n’a pu décrire que le monde de son temps. Eut-il vécu au moyen âge, il en aurait décrit un autre, un autre encore s’il avait connu notre époque.
Pour une fois je te donne raison Eninel. Non pas que ta thèse marxiste soit absolument et invariablement juste mais au moins a-t-elle l’avantage sur son antithèse renarde simplississime d’être un chouïa plus étayée théoriquement et historiquement.
@ Eninel,
ne vous en faites pas, ce n’est pas parce que vigneron vous donne raison que vous avez forcément tort.
@ vigneron,
d’ailleurs vous avez raison. Un mouvement émergent n’est étayé ni historiquement (comment le pourrait-il, puisqu’il émerge ?) ni théoriquement (jusqu’à ce qu’un théoricien s’y intéresse et puisse se faire entendre).
Je me souviens simplement qu’il fut un temps sur ce blog où l’on débattait davantage de l’arrivée d’une singularité économique que d’une singularité informatique (notamment à partir d’une étude montrant la concentration sans cesse croissante du commerce mondial dans un nombre sans cesse décroissant d’entreprises).
De plus ma grille de lecture n’a rien d’extraordinaire. Elle se contente de constater qu’à mesure qu’elles croissent en taille, les entreprises donnent un sens toujours plus étendu à leur slogan datant des années 80 : « Le moins d’État possible ».
Entre arguments marxistes et raisonnement libéral on n’est pas rendu pour véritablement comprendre que le jeu est actuellement 100% perdant.
Pour ceux qui préfèrent de véritables info, à des simagrées sur des bons du Trésors ou autre déclin d’Empire, ou encore aux simulacres de luttes des classes, voilà quelques info à relayer largement :
http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/10/18/en-trente-ans-pres-de-80-des-insectes-auraient-disparu-en-europe_5202939_1652692.html
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/11/alerte-rouge-sur-l-extinction-des-especes_5158968_3232.html
Beaucoup préfèrent la parole des amuseurs publics et des chercheurs de compromis en tout genre dont l’objectif n’est de fait qu’un horizon fuyant que l’Histoire jugera sévèrement, si quelqu’un est encore là pour en parler.
J’adore les titres pas putaclics du tout du tout de Foucart dans Le Monde Pas net…
Mais comment qu’ça s’fait qu’il puisse y avoir « 80% d’insectes disparus en Europe » depuis 1989 mais guère moins d’oiseaux insectivores ?
ET d’où tiens tu qu il y a autant d oiseaux ? Pour d autres raisons rien que sur Paris par exemple la population de moineaux c’est effondrée.
ET au lieu de travailler dans l insunuation faussement naïve gratuite sers toi de Google et tu verras l hécatombe depuis 30 ans dans les populations d oiseaux, c est très bien documenté. Cantonne toi aux bons du trésor et à l invective libérale c est là où tu es bon.