Billet invité.
« Je n’ai pas de lignes rouges, seulement des horizons » a proclamé hier Emmanuel Macron faisant fi de sa modestie. Se gardant de n’en franchir aucune, il prend toutefois le risque que ses horizons restent inatteignables. Tout à son entreprise de communication, il fait preuve de frénésie avec ses multiples annonces, cherchant à remplir ainsi la vacuité de sa stratégie sans rien régler.
Les chocs reçus ces dernières années ont laissé de profondes traces en Europe, les forces centrifuges ont pris la succession des centripètes, et le président français n’est pas en mesure d’aller au cœur des problèmes. Dans une presse allemande qui a placé son intervention au second plan, quinze économistes allemands et français ont d’ailleurs exhorté dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung les dirigeants de leurs deux pays à régler d’abord les questions qui n’ont pas été résolues.
Comment la stabilisation enregistrée, qui dépend de la politique monétaire de la BCE, pourrait-elle survivre à son arrêt ? Comment, s’agissant de la dette, le double héritage de la crise financière globale et de celle de l’eurozone va-t-il être réglé ? Quelle alternative peut-on substituer à des règles européennes qui ont largement démontré leur inefficacité ?
Emmanuel Macron n’en parle pas, mais il pourra toujours dire qu’il a tout tenté. Prêtant toutefois le flanc à l’accusation de ne pas ignorer que son échec est programmé. Mais demain sera un autre jour ! Les dysfonctionnements de la zone euro assortis de la réponse qui leur a été apportée ont entraîné des déséquilibres économiques qui minent désormais toute construction politique. Mais les indispensables transferts financiers qui débloqueraient la situation sont interdits.
Les intérêts des uns et des autres deviennent trop divergents, un frileux chacun pour soi l’emportant désormais. Le démantèlement de l’Europe qui a commencé a toutes les chances de se révéler irréversible, faute de toucher au cœur des problèmes qui ont été soulevés. La seule chance du président français est que tant que la BCE tiendra bon la rampe, l’édifice en fera autant, si tout du moins la crise ne rebondit pas.