BAS LES MASQUES ! par François Leclerc

Billet invité.

La question n’est pas nouvelle, mais elle n’a jamais été autant d’actualité. Comment faire évoluer la politique européenne du gouvernement allemand qui s’est imposée ? Une fois encore, une stratégie d’accompagnement est privilégiée, au nom de la confiance à instaurer sans laquelle rien ne se fait, dans l’espoir d’en retirer l’inflexion recherchée. Avec quelle chance d’aboutir ?

Wolfgang Schäuble vient de couper court à ces espérances, jugeant « pas tenable » la politique monétaire menée par la BCE, qu’il qualifie « d’inhabituelle », tout en déclarant respecter son indépendance et en lui accordant sa confiance, « par principe ». Le cheval sent l’écurie et le moment venu de réclamer son picotin.

La cible est donc la BCE, et l’objectif de lui faire adopter, sans attendre la succession de Mario Draghi, une politique conforme aux intérêts bien compris des banques et des rentiers allemands. Aux autres de se débrouiller avec. La vanité des négociations engagées se perçoit déjà, à peine celles-ci entamées. Et il se confirme que seule une stratégie d’affrontement est possible si l’on veut jouer la relance. Faute d’avoir pour partenaire l’Allemagne, il ne reste plus à qu’à s’engager sans elle. Sous la forme d’une coopération renforcée avec ceux qui le veulent, peut-être !

Tant qu’un espoir d’assouplissement était possible, une ligne commune pouvait être poursuivie, la diminution du coût du travail n’y faisant pas obstacle, tout au contraire. Mais il va falloir se rendre à l’évidence et se contenter des douteuses vertus libératoires des « réformes structurelles ». Le mal est fait, une deuxième saison du feuilleton européen a commencé sur le mode de la première, sans plus d’espoir de résultat.

Chacun va dorénavant jouer sa partie, gérant au mieux dans son contexte national la crise politique qui se poursuit dans toute l’Europe. Le démantèlement de celle-ci se poursuit dans les têtes, sa politique migratoire illustrant ce dont elle est capable. Ce n’est pas un discours magnifiant la démocratie sur fond d’Acropole et faisant référence à Hegel qui y remédiera.