Billet invité.
Jamais en retard quand un poste à pourvoir est à l’horizon, le commissaire européenne Pierre Moscovici vient de faire acte de candidature. L’Europe, découvre-t-il, connait « un déficit démocratique massif » et « ce n’est plus possible » tranche-t-il. La Grèce, qu’il donne en exemple, a été « proche d’un scandale démocratique », les décisions la concernant ayant été prises à huis clos et sans contrôle démocratique.
Ce faisant, il brûle la politesse à Jean-Claude Juncker qui prononcera le 13 septembre prochain son discours sur l’état de l’Union européenne en l’assortissant de propositions. Et, ne doutant de rien, il constate qu’Emmanuel Macron se situe sur une ligne « très proche de la sienne », et qu’un compromis qualifié « d’intelligent » pourrait être passé pour remédier à la carence qu’il dénonce avec le nouveau gouvernement allemand. Ce compromis inclurait-il par le plus grand des hasards sa nomination au poste de ministre des finances européens ?
A la recherche d’un énième symbole, Emmanuel Macron prononcera jeudi soir un discours sur un haut-lieu comme il les affectionne : la colline de Pnyx, où siégeait durant l’Antiquité l’assemblée des citoyens, l’Ecclésia. Proposer le renforcement du contrôle démocratique de la zone euro méritait bien un tel cadre !
En fait de démocratie, c’est dans les coulisses que les Allemands et les Français s’affrontent à ce propos. Les premiers veulent dessaisir la Commission de sa mission de contrôle budgétaire, et les seconds craignent – non sans raison – qu’il en résulte un renforcement des contraintes dans ce domaine très sensible. Si le gouvernement italien a profité de la compréhension de la Commission, il n’est pas question pour la partie allemande que cela se renouvelle, en faveur de l’Italie ou d’un autre pays. 0n en est là !
La taille du budget européen et la manière de l’abonder constituent un des gros morceaux des tractations en cours. Dans l’esprit de la partie française, il devrait représenter plusieurs centaines de milliards d’euro et être alimenté par le basculement progressif d’une part de la fiscalité nationale ainsi que par l’émission de titres européens… On peut toujours rêver.
Faute d’être en mesure de convaincre les autorités allemandes d’adopter son plan, Emmanuel Macron recherche les terrains sur lequel il va pouvoir briller, quitte à se contenter de marquer des points symboliques.