Billet invité.
Les ingénieurs japonais de Toshiba et de l’International Research Institute for Nuclear Decommissioning (IRID) rivalisent de prouesses dans la conception de robots, avec comme objectif immédiat de localiser et d’observer les trois coriums tapis au fond des réacteurs dévastés de la centrale de Fukushima. Ces robots doivent en effet être capables de résister au très haut niveau de radioactivité régnant dans les enceintes de confinement et de pouvoir se déplacer dans leur chaos interne.
Une nouvelle tentative est en cours dans le réacteur n°3 avec le concours d’un robot sous-marin de 30 centimètres de long commandé par câble. Précédemment, l’exploration des réacteurs n°1 et 2, où la radioactivité est moins forte et où les humains ne peuvent pas davantage pénétrer, avait été tentée avec différents robots, mais sans succès. Ce qui explique le choix du réacteur n°3, où l’inconvénient d’un niveau plus élevé de radioactivité est compensé par la présence de 6 mètres d’eau dans laquelle un robot sous-marin peut se déplacer plus aisément et inspecter son fond.
Contrairement à ses prédécesseurs, ce nouveau robot remplira-t-il sa mission ? Celle-ci est destinée à alimenter une réflexion approfondie sur les moyens permettant d’extraire les coriums qu’il va falloir intégralement inventer. Faute de parvenir à réaliser cette opération, la perspective du démantèlement des réacteurs devrait être abandonnée. Une première exploration est déjà intervenue, qui n’a pas permis d’apercevoir le corium, une seconde plus en profondeur a permis aujourd’hui de détecter une masse qui pourrait être du combustible fondu.
Tepco, l’opérateur de la centrale, est confronté à un problème immédiat. Va-t-il ou non rejeter à la mer les quelques 770.000 tonnes d’eau contaminées au tritium qui sont pour l’instant stockées dans un millier de réservoirs ? Tout en faisant état d’une décision en ce sens du groupe d’intervention gouvernemental, qui n’a pas été rendue publique, le président Takashi Kawamura se garde de passer à l’acte. Personne ne veut avoir à assumer cette décision qui est pourtant présentée comme ne comportant aucun danger. La résonance au sein de l’opinion publique japonaise de la protestation des pêcheurs de la région n’y est pas étrangère.
À l’innocuité du tritium aux doses où il est mesuré dans l’eau contaminée ainsi qu’à l’assurance de sa dilution rapide dans l’océan qui leur est opposé, les organisations de pêcheurs rétorquent que plus personne ne voudra du produit des pêches au Japon lorsque l’eau contaminée aura été déversée et qu’ils seront ruinés.
Le geste pourrait par ailleurs contrecarrer les efforts du gouvernement qui multiplie les pressions pour inciter les 150.000 Japonais qui ont été évacués des zones contaminées après la catastrophe à revenir s’installer chez eux après qu’une décontamination sommaire soit intervenue. Y compris en arrêtant le versement des subsides distribués aux réfugiés. Seuls 13% d’entre eux seraient seulement revenus.