Billet invité.
« Nous ferons tout, non seulement pour aider la France, mais aussi pour façonner le projet européen avec la France », a déclaré samedi Angela Merkel, en prélude à sa réception d’Emmanuel Macron à Berlin de lundi. Celui-ci, qui voudrait bien pousser son avantage, a annoncé à peine arrivé à l’Élysée que « l’Europe sera refondée et relancée ». Nous entrons dans l’ère des faux-semblants et des effets d’annonce.
Le nouveau président se donne trois objectifs : la sécurité, l’investissement et la protection sociale. Quelle concrétisation vont-elles être trouvées ? Vu d’Allemagne, la cause est entendue : on n’entend en rien céder sur le socle de la politique d’austérité, mais être prêt à tout faire pour que le nouveau président puisse sauver la face. Le message des élections a été entendu : le nécessaire sera fait pour donner de la vraisemblance au pari de dupes au terme duquel les Français doivent restaurer la confiance pour obtenir une hypothétique évolution de la politique européenne. La ficelle étant trop grosse, la nouveauté va être que les deux étapes vont être confondues. Tout va être dans l’affichage de mesures à forte charge symbolique mais ne changeant rien à l’essentiel. Et le renforcement de l’Europe concernera en priorité la défense, comme déjà annoncé par François Hollande.
Wolfgang Schäuble adresse dans Der Spiegel un cadeau de bienvenue à Emmanuel Macron en laissant à la Commission la responsabilité de statuer sur le dépassement à venir du déficit français. Une liberté à double tranchant pour celle-ci. Se joignant à l’opération de communication engagée, il se dit favorable aux transferts financiers au sein de la zone euro, semblant opérer une volte-face, mais ceux-ci se résument à bien le lire aux plans de sauvetage de triste mémoire ainsi qu’à un budget européen dont il faudra voir ses moyens effectifs. On a déjà connu le plan Juncker !