LE MIRACLE DE LA GESTION DIGITALE DU RISQUE, par François Leclerc

Billet invité. C’est reparti, à un rythme moins soutenu ! Un grand merci à toutes celles et ceux qui se sont manifestés.

Pour un peu, on donnerait le Bon Dieu sans confession  à Frank Walter, managing director d’Optimind Winter (*), qui jargonne avec conviction dans les colonnes de l’AGEFI, « l’hebdo des métiers de la finance ».

Frank propose de « digitaliser la fonction de risque pour créer de la valeur » (gagner des sous) en s’attelant à la promotion des ventes d’un nouveau concept dont sa société est porteuse, « le data risk management 3.0 ». S’adressant à ses prospects, Il n’y va pas par quatre chemins : l’agrément est la dernière barrière qui les protège de l’« ubérisation » et de l’introduction de la technologie Blockchain. La menace est d’autant plus à prendre au sérieux que les prétendants – notamment les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) – ont une maitrise dans le domaine stratégique de la « connaissance client » que leurs proies ne possèdent pas. Rien d’autre à faire, dans ces conditions, que de prendre les devants afin d’anticiper l’inévitable rupture de cette barrière, et de s’engager sans tarder dans la digitalisation de la gestion du risque.

L’argumentaire annonce la réduction du coût de la fonction risque de 20 à 30%, reposant sur la mise en place de « modèles prospectifs moins fondés sur le passé et la statistique que sur l’avenir probabilisé ». Ce miracle résulte d’un élixir dont les ingrédients sont dévoilés  : « intelligence artificielle, machine learning, deep learning, robotisation, big data et data science ». Fermez le ban  !

En clair, Frank nous promet la lune sous la forme d’une maîtrise accrue et à moindre coût du « cœur des activités financières » – la gestion du risque – grâce à l’automatisation des processus qui « nécessitaient jusqu’à maintenant une présence humaine, aussi bien au niveau opérationnel qu’au niveau décisionnel ».

Cerise sur le gâteau, l’utilisation de tels moyens justifierait une diminution du coût de la réglementation – en clair, son allégement.

Au secours, ils sont devenus fous  !

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(*) Selon Christophe Eberlé, son président, la société de conseil est « leader en actuariat conseil et gestion des risques en France, interlocuteur de référence pour les organismes assureurs, banques et grandes entreprises. »