WOLFGANG SCHÄUBLE ISOLÉ, par François Leclerc

Billet invité.

Même si elle est fort tardive, comment ne pas relever la réaction de Pierre Moscovici dans le Financial Times ? « La Grèce ne peut pas être éternellement condamnée à l’austérité » est titré son article qui, pour la première fois, ne se contente pas de prendre ses distances avec la position du gouvernement allemand mais s’y oppose clairement.

Réaffirmant la perspective de la conclusion de la seconde revue de détail du plan de sauvetage en cours, qui suppose que le FMI reste dans le dispositif, le commissaire déplore que « cela ne peut intervenir tant que les positions adoptées relèvent de dogmes ou de jeux politiques tactiques à court terme ne prenant pas en considération les effets sociaux des mesures ». Auparavant, il avait démonté les arguments de ceux qui font valoir le niveau élevé des pensions de retraite, relevant qu’elles sont souvent le seul revenu de familles entières.

Sur un mode que l’on ne lui connaissait pas, François Hollande avait hier réagi en déclarant : « Il ne peut pas être question de demander encore des efforts supplémentaires à la Grèce ou de l’empêcher de prendre un certain nombre de décisions souveraines. » Hier, dans la soirée, la Commission, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES) publiaient un communiqué commun, une formule inaccoutumée. Ils convenaient que l’impact des mesures sociales décidées par Alexis Tsipras était « limité », et qu’elles « ne devraient pas changer de façon significative les objectifs budgétaires en 2017 et 2018 ». En d’autres termes que la suspension de l’allégement cosmétique de la dette, qui est décidément porteur d’une forte charge symbolique, pouvait être levée.

Reste à enregistrer les réactions de Wolfgang Schäuble et d’Angela Merkel devant cette révolte inaccoutumée. Car ce n’est pas le seul cas de la Grèce qui est sur la balance : ceux de l’Espagne et de l’Italie le sont également, et cela n’a rien à voir avec la couleur du gouvernement.

Les marchés financiers ne sont pas les seuls à s’inquiéter du risque politique grandissant et de la multiplication des surprises électorales. L’instabilité était financière, elle est aussi devenue politique… Inutile de jeter de l’huile sur le feu, comme François Fillon a cru bon de le faire en France…