Billet invité.
À la recherche d’un accord politique, Alexis Tsipras n’a pas apprécié l’intervention publique des deux dirigeants du FMI. Lier au nom de la clarté, comme ils l’ont fait, taux d’excédent budgétaire obligatoire et mesures d’austérité ne fait pas son affaire, car il s’efforce au contraire de les dissocier. Conscient qu’il n’obtiendra pas de diminution du taux de 3,5%, tout du moins dans une première période qui reste à ce stade des discussions indéfinie, il cherche à éviter que d’autres mesures ne lui soient imposées.
Tant pis si, choisissant comme cible le FMI, il s’aliène un allié dans les négociations futures, celui-ci venant de réaffirmer sa préférence pour un taux minoré de 1,5% ! Alexis Tsipras a beaucoup appris en peu de temps et les arcanes de la politique européenne n’en sont plus pour lui, quitte à son tour à s’y perdre. Sans doute a-t-il été trop loin dans les compromis pour crier halte au feu aujourd’hui, il n’y aurait pourtant pas de déshonneur à cela.
À peine Alexis Tsipras avait-il fait savoir qu’il verrait bien le FMI relégué à un rôle subalterne de consultant, afin de garder le champ libre, qu’une réaction sans équivoque venue d’Allemagne l’a rappelé au sens des réalités. Pas question d’accepter le versement d’un 13ème versement annuel aux retraités et de dispenser de l’augmentation de la TVA les îles accueillant des réfugiés, comme il en avait pris l’initiative sans prévenir ! Le petit toilettage de la dette grecque qui avait été consenti par le Quartet des institutions est en conséquence suspendu, dans l’attente qu’il soit évalué si ces mesures sont « compatibles avec les engagements liés au programme »…
Les rapports de force étant ce qu’ils sont, la déclaration de Pierre Moscovici selon laquelle « les conditions de l’accord de l’Eurogroupe ne sont pas changées par les mesures décidées par le gouvernement de M. Tsipras », n’ont pas pesé bien lourd…
Dans cette affaire dont plus personne ne sait comment se dépêtrer, tout le monde fait de la politique, mais ce n’est pas la même !