Billet invité.
Alexis Tsipras va-t-il pouvoir échapper au piège dans lequel il se débat ? Faute d’un accord entre deux de ses créanciers – le FMI et le Mécanisme européen de stabilité (MES) – il risque de vite devoir se résoudre à déclencher des élections anticipées, qu’il perdra, pour ne pas avoir à assumer la suite des évènements. Ce sera la fin d’un parcours qu’il aurait pu s’éviter, l’échec de ce qu’il aura jusqu’au bout tenté.
Dès a présent, il a deux fers au feu, cherchant un accord politique avec Angela Merkel en s’appuyant sur François Hollande, ou accordant aux retraités une prime tout en dispensant de l’augmentation de la TVA les îles de la mer Égée qui reçoivent des réfugiés, ce qui peut faire penser à de premiers cadeaux électoraux.
Signe qu’un dénouement est proche, Maurice Obstfeld et Poul Thomsen, économiste en chef et directeur pour l’Europe du FMI, ont publié un billet afin d’évacuer sa responsabilité dans la suite des évènements. Destiné à réagir à la « mésinformation », leur texte a pour but d’établir leur position. Considérant que la dette grecque est insoutenable et que la Grèce « n’a pas besoin de plus d’austérité », les deux responsables confirment que le FMI se refuse à trancher dans le débat qui porte sur le taux d’excédent budgétaire obligatoire que le gouvernement grec devra dégager au-delà de 2018, tout en marquant leur préférence pour un taux ramené à 1,5%. Mais ils font remarquer que si le taux de 3,5% devait être retenu, de nouvelles mesures contraignantes seraient nécessaires pour être cohérent.
Le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Tzanakopoulos n’est pas à la recherche d’une telle clarification. Il prend acte du refus allemand de diminuer ce taux de 3,5% selon un calendrier pré-établi, mais refuse de se voir imposer de nouvelles mesures d’austérité. Son objectif est de trouver dans l’immédiat un accord sur le court terme pour reporter les négociations sur le long terme dans un contexte plus favorable, dans l’espoir de jours meilleurs.
Une phrase du billet des responsables du FMI éclaire la voie qui est recherchée : « il est donc possible qu’un excédent primaire supérieur pendant un certain temps fasse partie d’un compromis entre la Grèce et ses partenaires européens, mais cela ne serait pas notre préférence. » A ceci près que le document de travail en discussion parle de prolonger le taux de 3,5% « au-delà du moyen terme », amenant les rédacteurs du FMI à remarquer qu’une telle échéance imprécise n’est « tout simplement pas crédible ».
Joue en faveur du gouvernement Syriza que personne ne souhaite un rebondissement de la crise grecque dans les temps à venir. Mais le refus du FMI d’accepter un faux-semblant associé à la rigidité du gouvernement allemand ne permettent pas d’exclure qu’Alexis Tsipras, dans l’impasse, finisse par choisir de jeter l’éponge, à moins qu’il ne tente par une dernière manœuvre d’élargir son assise parlementaire afin de durer encore.
En tout état de cause, le sort de la Grèce sera à porter au débit des dirigeants européens qui auront collectivement fait la démonstration de leur talent. Rien que pour cela, sans parler du reste, ils sont déconsidérés.