Billet invité.
Quel prix va devoir être payé pour, à l’automne prochain, préserver la coalition gouvernementale allemande de la poussée électorale du nouveau parti d’extrême droite AfD ? Aux élections hollandaise et française qui vont se dérouler auparavant s’ajoute désormais la perspective d’une consultation italienne, mais celles-ci sont loin d’avoir le même impact sur la conduite de la politique européenne. Les Italiens et les Grecs en font dans l’immédiat les frais.
L’Eurogroupe qui s’est tenu hier en témoigne. « Les ministres des Finances de la zone euro ne se sont pas entendus, lors de leur réunion, sur l’objectif de la Commission », a déclaré Jeroen Dijsselbloem lors de sa conférence de presse. Celle-ci, reprenant au bond les préconisations du FMI et de l’OCDE, avait invité les membres de la zone euro ayant une marge de manœuvre budgétaire à « investir plus pour eux-mêmes et pour les autres », visant l’Allemagne, la Hollande et le Luxembourg. Le communiqué final de la réunion s’en tient à reconnaitre que ces pays « pouvaient utiliser leur situation budgétaire favorable pour renforcer davantage leur demande intérieure et leur potentiel de croissance, selon la situation de chacun et dans le respect des règles et de leurs obligations nationales ». C’est un enterrement de première classe.
Aucune mansuétude ne pouvait être dans ces conditions attendue pour la Grèce et pour l’Italie. Matteo Renzi, qui entend rebondir – une fois sa démission acquise et un gouvernement « technique » mis en place – va chercher à se défausser sur celui-ci pour faire le sale boulot. L’Eurogroupe réclame en effet un réajustement de son projet de budget afin qu’il soit en phase avec les objectifs de réduction du déficit. L’ère de la flexibilité réclamée par Matteo Renzi et accordée par la Commission semble révolue.
Le sort réservé à la Grèce ne fait pas non plus preuve d’une grande largesse d’esprit. Certes, les mesures de reprofilage à court terme de la dette proposées par le Mécanisme européen de stabilité (MES) ont été adoptées, mais elles sont d’un faible impact et ont été assorties d’un nouveau train de réformes du marché du travail difficiles à vendre pour le gouvernement Syriza. La participation du FMI au plan de sauvetage reste suspendue en l’air. Clé du dispositif de contrainte, l’excédent primaire de 3,5% du PIB reste obligatoire à moyen terme, avec cette précision qu’il faut entendre par là les trois ou les dix prochaines années, car cela n’a pas été tranché… Les Grecs continuent d’être le jouet de moutards qui cassent tout.
Les marchés financiers avaient anticipé la victoire du Non au référendum italien, expliquant leur réaction modérée. Mais le risque s’est déplacé, les incertitudes étant désormais plus politiques que financières. Placé en première ligne, Mario Draghi n’a de cesse de le répéter, sans produire plus d’effet. Les dirigeants européens qui se sont exprimés minimisent au contraire la crise ouverte en Italie, faisant preuve de leur clairvoyance coutumière.