UN G20 QUI RÉSONNE DANS LE VIDE, par François Leclerc

Billet invité.

Réunis en formation G20 ce week-end dernier à Hangzhou, en Chine, les dirigeants de la planète ont exprimé leur inquiétude devant les mauvais vents « populistes » qui soufflent dans l’opinion publique occidentale. Ils craignent qu’un coup d’arrêt soit apporté à la mondialisation, constatant la chute du rythme de progression du commerce mondial, qui est passé sous la barre des 3% contre plus de 7% lors des deux décennies précédentes.

Le moteur de la croissance économique est donc atteint, nécessitant des « actions percutantes » a souligné Christine Lagarde, car sinon « le monde pourrait souffrir d’une croissance décevante pendant longtemps ». Elle a déploré que cette faible croissance globale, ajoutée aux montées des inégalités, « nourrit un climat politique où les réformes se gèlent et où les pays ont recours à des mesures de repli sur soi ».

La chancelière Angela Merkel a abondé dans ce même sens, appelant à « lier durablement croissance et justice sociale », après avoir reconnu que « la mondialisation n’a pas qu’une connotation positive, elle entraîne aussi des inégalités accrues entre différentes populations ». Enfin, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a constaté que « les classes moyennes travaillent plus dur que jamais et ont l’impression de ne pas s’en sortir », plaidant également pour une meilleure répartition des fruits de la mondialisation. Que demander de plus ?

On n’a pas été avare de découvertes et de discours à Hangzhou, mais ils n’ont pas été assortis de mesures correctives concrètes, pour s’en tenir à une posture défensive que Christine Lagarde a clairement exprimée : « il est facile de blâmer le commerce pour tous les maux qui affligent un pays, mais limiter le libre-échange risque de faire caler un moteur qui pendant des décennies a permis de réaliser des gains de bien-être sans précédent ». Somme toute, il suffirait de relancer le moteur, mais comment ? Il faudra attendre le prochain G20.

Sur des dossiers aussi brûlants que celui des réfugiés ou de la surproduction d’acier, dont la Chine est à l’origine, les dirigeants planétaires parlent également pour ne rien dire. Il est fait état du « partage du fardeau entre les pays », ainsi qu’une « augmentation des contributions de la communauté internationale », mais il s’agit de ce que les diplomates dans leur finesse qualifient d’engagement non-contraignant. Enfin, sans en indiquer l’origine, le sommet a identifié la nécessité de supprimer les surcapacités industrielles, mais il en a confié l’étude à un Forum, à charge pour lui d’en déterminer le processus…

Il est question ces derniers temps de civiliser le capitalisme, les dirigeants de la planète enregistrant des phénomènes de rejet qui perturbent le fonctionnement biaisé et bien huilé de la démocratie politique. Mais leurs discours ne sont pas suffisants pour produire les effets qu’ils souhaiteraient et résonnent dans le vide. Désormais, ils ne sont plus crus sur parole, restant démunis devant cette dimension nouvelle de la crise.