Billet invité.
Les résultats de la nouvelle vague de stress tests de 51 banques européennes seront dévoilés demain jeudi, mais il n’est pas nécessaire d’attendre pour annoncer une nouvelle supercherie. Très politiques, les tests menés par l’Autorité bancaire européenne (EBA) ont en effet pour fonction de rassurer les marchés, et non pas de révéler les failles qui pourraient précipiter des crises latentes.
Cette édition devrait innover en pointant le doigt sur la plus malade d’entre elles, ne pouvant décemment ignorer la situation de la banque italienne Monte dei Paschi di Siena, mais évitant de traiter le problème à son véritable niveau : celui du système bancaire italien dans son ensemble, et non pas de telle ou telle banque prise isolément. Car c’est bien de cela dont il s’agit, qui fait obstacle aux plans échafaudés par le gouvernement italien afin d’éviter un bail-in politiquement coûteux. On sait déjà, en avant-première, que les six banques espagnoles concernées par les tests passeront par contre leur examen haut la main.
Au prétexte de ne pas « stigmatiser » une banque en la désignant à la vindicte des investisseurs, elles ne seront pas nommément identifiées par l’EBA cette fois-ci. Et cela va ouvrir le jeu aux supputations sur telle ou telle banque dont nul n’ignore les faiblesses, au risque de les fragiliser au lieu de les consolider. Cela sera particulièrement le cas des banques allemandes Deutsche Bank et de Commerzbank, pour ne pas les nommer.
Considérant que le déficit en fonds propres des banques liés à la crise financière a été en grande partie comblée, l’EBA prétend désormais mettre à jour les points faibles de leur modèle d’affaire. C’est une manière comme une autre de reconnaître que les banques sont éprouvées par de multiples raisons. Certaines continuent de dissimuler au fond de leur bilan des actifs structurés dont la valeur est douteuse voire incalculable, d’autres font face à des masses de prêts non performants. On trouve de tout dans les bilans bancaires…
Sans attendre la publication du résultat des tests, la BCE a affirmé la semaine dernière que le niveau de fonds propres des banques était satisfaisant et qu’un fort besoin additionnel de fonds propres ne devrait pas ressortir. Cette conviction de la BCE vise à rassurer les banques : dans le contexte actuel de chute du rendement des capitaux investis dans leurs fonds propres, le coût de toute recapitalisation augmente, diminuant encore ce rendement. Raison pour laquelle elles ont engagé avec le soutien des ministres des finances européens une bataille contre le Comité de Bâle qui voudrait alourdir l’addition.
Le scénario des tests reproduit un choc économique et financier durant trois années consécutives et incluant comme nouveauté le coût de litiges et d’amendes. L’EBA anticipe donc que les banques ne vont pas se racheter une conduite. Mais l’impact des taux d’intérêt négatif – phénomène majeur qui pèse sur les résultats des banques – n’est pas pris en considération. Pourtant, les résultats de BNP Paribas dans la banque de détail viennent d’illustrer leur forte incidence sur les marges bancaires.
Au prétexte d’améliorer la méthodologie des tests, le mystère s’épaissit. L’EBA s’appuie toujours sur un ratio de fonds propres rapportés aux actifs pondérés, mais il n’est pas dévoilé, ce qui relativise la portée de ce critère hier unique. On ne sait toutefois pas au profit de quoi. L’EBA est devenue une boite noire sur le mode des algos qui de plus en plus gouvernent le monde. Il faut dire qu’en rester à l’étape précédente aurait été intenable, alors qu’il a été clairement établi que cette pondération effectuée par les banques l’était à la tête du client.
Que reste-t-il de la crédibilité des stress tests et de ceux qui les mènent ou fond semblant d’y croire ?