Billet invité.
Le Blitz de Podemos et de ses alliés a échoué, mais aucune solution gouvernementale n’est en vue ; le Mouvement des 5 étoiles a lors des élections municipales déstabilisé un Matteo Renzi qui connait une fronde au sein du parti démocrate. Des formations sorties de terre, qui ont placé au centre de leur campagne la lutte contre la corruption et au sein de leur pratique la rénovation de la politique, continuent dans ces deux pays de donner le « la », non sans inévitables aléas.
Le socialiste Bernie Sanders n’a pas remporté les primaires démocrates aux États-Unis, mais le formidable élan qu’il a suscité ne va pas être sans lendemain. Lui aussi a engagé une rénovation qui a pris à contre-pied les caciques du Parti démocrate. La suite dira la recomposition qui peut en être attendue.
Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn fait face à un coup d’état mené sur sa droite par l’establishment du parti travailliste, mais il peut s’appuyer sur une vague d’adhésion d’une centaine de milliers de Britanniques venus le conforter depuis le referendum et dispose du soutien des plus importants syndicats. L’éclatement du parti pourra-t-il être évité ?
En Italie, tout sera fait pour éviter la sortie de Matteo Renzi et l’arrivée au pouvoir du Mouvement des 5 étoiles. En Espagne, le PSOE parvient à tenir son rôle de rempart contre Podemos, mais c’est au prix du refus de tout accord avec le Parti populaire de Mariano Rajoy, rendant ardue la constitution d’un gouvernement de droite dont la vie ne tiendra qu’à un fil.
Certes, tout n’est pas rose si l’on observe la montée de la xénophobie ainsi que le soutien populaire accordé à des formations d’extrême-droite. Dans les périodes de crise, l’histoire nous a accoutumés à rencontrer de tels phénomènes reflétant le désarroi de ceux qui en sont à l’origine, à la recherche d’un hypothétique sauveur. Mais si le mouvement est général en Europe, nous n’assistons pas à un retour du fascisme ancienne norme. Au Royaume-Uni, la débandade au lendemain du referendum de Boris Johnson et de Nigel Farage a même montré leur peu de consistance.
Syriza avait ouvert le bal en Grèce, mais il est venu au pouvoir dans le cadre d’un rapport de force européen défavorable et n’a pas trouvé d’alliés. Celui-ci s’est depuis amélioré, mais pas au point de permettre une nouvelle ouverture. Si un débouché induisant un changement n’est pas trouvé en Europe, la crise politique empirera et le pire pourra survenir comme la crise des réfugiés l’a clairement montré. Les plus hautes autorités seraient bien inspirées d’y réfléchir à temps, mais elles n’en sont pas capables. Le démantèlement de la zone euro leur pend désormais au bout du nez.
Un relais n’a pas encore pu être trouvé dans un pays, sur lequel la perspective d’une autre Europe pourrait prendre appui. C’est pourtant à cette échelle européenne qu’il est possible de construire une alternative. À cet égard, la responsabilité des partis se revendiquant de la social-démocratie mais inscrivant leur action dans le cadre du social-libéralisme n’est plus à établir, le Portugal faisant exception. Ils en payent le juste prix.
La crise du pouvoir politique n’est qu’au début de ses méandres.